"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

lundi 25 mai 2015

Michel Sapin apporte le soutien de la France au ministre espagnol de l’Économie, un financier de droite ultra-libérale, pour prendre la présidence de l’Eurogroupe


Le « Socialiste » Michel Sapin apporte le soutien de la France au ministre espagnol de l’Économie, un financier de droite ultra-libérale, pour prendre la présidence de l’Eurogroupe

Le ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, était, ce 22 mai 2015, en visite officielle à Madrid. Il y a rencontré le ministre espagnol de l’Économie et de la Compétitivité, Luis de Guindos : http://www.abc.es/economia/20150522/abci-guindos-sapin-madrid-201505221916.html
Au siège du ministère, ils ont participé à une réunion commune puis à une conférence de presse au cours de laquelle Michel Sapin a défendu l’idée que l’Espagne devrait avoir un poste à haute responsabilité au sein des instances européennes.
Il a donc soutenu à mots couverts la candidature de Luis de Guindos à la présidence de l’Eurogroupe, poste exercé par Jeroen Dijsselbloem, homme politique néerlandais, depuis le 21 janvier 2013.
Bien que ce dernier ait déjà déclaré qu’il serait candidat à sa propre succession (le mandat d’un président de l’Eurogroupe durant deux ans et demi), le nom de Luis de Guindos circule en effet depuis longtemps.
Sa candidature bénéficie évidemment du soutien de son gouvernement, présidé par Mariano Rajoy, mais aussi d’autres pays, dont la France semble-t-il, et plus important encore de l’Allemagne.
Angela Merkel, sans trop se mouiller, a déjà fait comprendre qu’elle donnerait son aval à une nomination de Luis de Guindos à ce poste, notamment lors de son dernier déplacement officiel en Espagne, l’année dernière :  

 

L’ami de l’ancien directeur espagnol du FMI inculpé pour corruption…

Il est utile d’expliquer au public français qui est ce Luis de Guindos auquel Michel Sapin vient ainsi d’apporter le soutien implicite de la France, alors que le gouvernement français est censé être opposé politiquement au gouvernement espagnol…
Né en 1960 à Madrid, Luis de Guindos est économiste de formation et il appartient à l’un des grands corps de fonctionnaires en Espagne, le Corps supérieur des Techniciens commerciaux et des Économistes de l’État.
C’est un habitué du passage du public au privé puisqu’il a occupé divers postes au service de l’État au cours des deux gouvernements Aznar (1996-2004). Il a notamment été secrétaire d’État à l’Économie de 2002 à 2004.
Il s’est lié d’amitié avec Rodrigo Rato, ancien vice-président du gouvernement et ministre de l’Économie, également connu pour avoir laissé de très mauvais résultats lorsqu’il était à la tête du Fonds monétaire international, de 2004 à 2007. (Notons au passage que Rodrigo Rato est actuellement inculpé dans deux affaires de corruption en Espagne, et qu’il vient de faire l’objet, voici un mois, d’une nouvelle enquête fiscale pour soupçon de blanchiment d’argent… http://www.romandie.com/news/Espagne-nouvelle-enquete-du-fisc-sur-l039exdirecteur-du/584988.rom)

 

L’ancien directeur pour l’Espagne de la banque américaine Lehman Brothers tombée en faillite…

Directeur de l’Institut de l’Entreprise depuis 2010, Luis de Guindos a rejoint le monde de l’entreprise en 2004, après la défaite du Parti populaire aux élections générales. Il est en effet devenu membre du conseil d’administration d’Endesa, entreprise espagnole spécialisée dans la production et l’approvisionnement d’électricité et de gaz naturel.
Surtout, le plus savoureux est qu’il a été directeur pour l’Espagne et le Portugal de la banque Lehman Brothers, disparue en 2008 dans le tourbillon de la crise financière.
C’est sans doute pour saluer ce parcours que le nouveau premier ministre espagnol Mariano Rajoy a nommé Luis de Guindos ministre de l’Économie et de la Compétitivité le 22 novembre 2011, lors du retour de la droite au pouvoir à Madrid.
Luis de Guindos y a immédiatement mis en place un plan d’austérité très important et, si ses résultats macro-économiques (retour à la croissance, réduction du chômage, réduction du déficit public) sont relativement satisfaisants aujourd’hui, ils ont été obtenus au prix de coupes sombres et d’une cure d’une sévérité inouïe pour l’Espagne.
Ces résultats ne sont d’ailleurs pas mirobolants puisque, si le nombre de chômeurs a poursuivi son repli en mars, reculant de 60 214 sur un mois, il reste quand même au niveau extrêmement élevé de 4,45 millions. Et s’il est vrai que l’Espagne a renoué avec la croissance après cinq années de récession ou de stagnation, cette croissance du Produit intérieur brut (PIB) n’a jamais atteint que +1,4% en 2014, ce qui n’a rien de flamboyant.

 

Un banquier ultra-libéral fanatique…

Quoi qu’il en soit, il est intéressant de noter que Luis de Guindos est l’une des rares vraies survivances intellectuelles et idéologiques de l’ère Aznar au sein de la droite espagnole. Mais quelle survivance !
Il n’a jamais caché son admiration pour l’école autrichienne, qui est quand même l’un des courants économiques les plus libéraux de la période contemporaine. Il se revendique, entre autres, de Ludwig von Mises et de Friedrich Hayek : http://blogs.elconfidencial.com/economia/monetae-mutatione/2011-12-28/un-ministro-de-economia-austriaco_437699
L’on pourrait synthétiser ainsi sa pensée économique : les crises viennent de l’intervention de l’État, qui doit désormais toucher le moins possible à la monnaie et aux taux d’intérêt afin d’éviter tout nouveau problème.
L’objectif de Luis de Guindos était clair en début de législature : opérer des réformes économiques majeures et douloureuses destinées à juguler l’inflation et à favoriser la « liberté économique ». En décembre 2011, lors de la prise de pouvoir de la nouvelle majorité, certains se demandaient s’il pourrait avoir assez d’influence auprès de Mariano Rajoy (modéré et indécis de manière générale) pour imposer ses vues.
L’on sait aujourd’hui que c’est clairement le cas et que c’est bien sa ligne qui a prévalu. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant puisque cette ligne est en parfaite conformité avec les directives européennes…
Au-delà, c’est la ligne de Rodrigo Rato (qui était celle du premier mandat de José María Aznar et qui consistait à appliquer au champ économique le néoconservatisme en vogue dans le Parti populaire à ce moment-là) qui l’a emporté dans la conduite des affaires économiques.

 

Conclusion : « mon amie, c’est la finance »

Voilà donc qui est ce Luis de Guindos soutenu par Michel Sapin, socialiste autoproclamé : un pur produit des élites euro-atlantistes et de la finance internationale.
Après la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, il est désormais clair que, pour les socialistes français, « leur amie, c’est la finance ».

Nicolas KLEIN
Spécialiste de l’Espagne et du monde hispanophone
Responsable National de l’UPR en charge du pôle de traduction en langues étrangères

http://www.upr.fr/actualite/michel-sapin-apporte-le-soutien-de-la-france-au-ministre-espagnol-de-leconomie-un-financier-de-droite-ultra-liberale-pour-prendre-la-presidence-de-leurogroupe


vendredi 22 mai 2015

Les Français vont-ils laisser détruire l’agriculture française ?

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Les agriculteurs français – mais aussi les pêcheurs – sont entrés dans une phase critique de leur histoire. C’est désormais leur existence même, en tant qu’exploitants individuels, qui est menacée de disparition pure et simple, comme cela n’a jamais été le cas au cours des deux millénaires qui les ont précédés.
L’extrême gravité de leur situation résulte de la « prise en tenailles » entre deux contraintes structurelles, qui sont en train de les broyer comme deux mâchoires.

 

La première mâchoire : l’Union Européenne


Comme l’actualité le démontre chaque jour, la production agricole française souffre énormément de la concurrence étrangère dans la plupart de ses filières comme la viande, les légumes, le vin, les fruits et le lait. Cette concurrence est imposée par les Traités de l’Union Européenne (*1). On peut d’ailleurs dire que la concurrence est l’essence même de la plupart des articles des traités et des directives européennes.
À titre d’illustration, on mentionnera par exemple, dans le Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE), les articles 26 (alinéa 2), 28 (alinéa 1 et 3), 30, 34 et 119 (alinéa 2). Sans que l’écrasante majorité des Français n’en aient conscience le moins du monde, ces articles imposent une ouverture totale du marché agricole et, dans le même temps, interdisent de protéger les productions locales et nationales du dumping social, salarial, sanitaire et environnemental que subissent nos agriculteurs depuis les 22 ans et demi qu’est entré en vigueur le Traité de Maastricht. Les textes européens traquent tout ce qui peut s’apparenter de près ou de loin à des quotas, des taxes, des aides publiques, une dépréciation compétitive de la monnaie, ou l’interdiction d’importation d’un produit.
La conséquence de cette chasse frénétique, obsessionnelle, à la moindre mesure de protection sectorielle est aussi simple qu’inéluctable : puisque les salaires agricoles sont plus élevés et que les réglementations sont plus sévères en France que dans le reste de l’UE – a fortiori que dans le reste du monde -, les charges d’exploitation y sont aussi nettement plus élevées. La mise en concurrence sans protection contraint donc les agriculteurs français, encore plus que les agriculteurs des autres pays de l’UE, à lutter pour leur survie en accroissant sans cesse leur productivité.
L’alternative dans laquelle ils sont placés ne souffre aucune discussion : soit ils parviennent à obtenir toujours plus de rendement, soit ils mettent la clé sous la porte.
Pendant de nombreuses années, cette course au rendement et à la survie s’est traduite par un agrandissement constant des surfaces d’exploitation, une intensification des cultures, la traque des pertes de production et un recours croissant aux engrais et pesticides.
Mais ces solutions palliatives n’ont qu’un temps. Après plusieurs décennies de mise en œuvre, ces remèdes sont en train d’épuiser leurs effets. La production agricole française, déjà très efficace, a atteint ses limites dans le cadre réglementaire et social qui est le nôtre. Elle en a même parfois déjà trop fait, en intensification et en recours aux engrais par exemple.
L’agriculture française est donc confrontée à un nouveau et implacable défi : faute d’obtenir la moindre mesure de protection, et faute de pouvoir accroître encore massivement sa compétitivité, elle est désormais dans l’impossibilité de s’aligner sur les autres pays du monde. Sauf si nous consentons à briser notre modèle social et réglementaire pour les harmoniser au niveau des autres.
Très concrètement, cela signifie que l’agriculture et la pêche artisanales françaises doivent, sous peine d’anéantissement, procéder désormais : 

  • à la baisse des salaires. Il faut savoir que la charge salariale représente 75% des coûts de production dans les filières légumes, vins et fruits par exemple, ce qui représente un impact déterminant dans la course à la compétitivité.
  • à l’abaissement des normes d’hygiène et sanitaires nationales : elles sont nettement plus élevées en France, dans les filières viandes et lait notamment, mais aussi dans la pêche.
  • à la dégradation des normes environnementales : en règle générale, elles sont plus élevées en France, et dans toutes les filières, que dans les autres pays de l’UE et du monde.
  • à la poursuite effrénée de l’intensification, en augmentant encore et encore l’utilisation de produits chimiques en agriculture.

Production industrielle de poulets aux États-Unis




 La ferme-usine des 1000 vaches a été construite sur le territoire des communes de Buigny-Saint-Maclou et de Drucat, près de l’aérodrome d’Abbeville, dans la Somme. Elle est conçue pour gérer de façon industrielle environ 1 000 vaches laitières (à l’origine de son surnom) et une unité de méthanisation de 1,3 mégawatts.


On voit désormais clairement la perspective ainsi tracée par les contraintes européennes – que le projet de grand marché transatlantique TAFTA ne va faire qu’aggraver :
  • une industrialisation forcenée de l’agriculture et de la pêche, devenues de simples filiales de production des multinationales de l’agro-alimentaire et de la distribution,
  • la fin des terroirs (sauf dans les rares sanctuaires bénéficiant de « l’Appellation d’Origine Protégée » : AOP),
  • et la disparition à terme des agriculteurs et des pêcheurs artisanaux, dont les derniers spécimens seront ravalés au rang d’attractions touristiques, comme des Amérindiens parqués dans des réserves.


En bref, il s’agit de la destruction de l’identité bimillénaire de la France agricole.
Cette monstrueuse perspective est, bien entendu, rejetée sans hésitation par l’UPR. Ce rejet constitue d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous appelons les Français à se rassembler en urgence pour faire sortir la France des traités européens.


Jean-Pierre, 43 ans, habite à Riom-ès-Montagnes (Cantal). Éleveur célibataire, il vit seul avec sa mère dans l’exploitation familiale. « Les agriculteurs, on nous voit riches avec nos terres…. C’est peut-être « Le bonheur est dans le pré », mais les gens ne voient pas que derrière, il y a les banques, les emprunts… » confie Jean-Pierre, dont les dernières vacances ont été un séjour à l’hôpital. Source : article du Figaro du 29/11/2013 « Les oubliés de nos campagnes »

Le suicide des agriculteurs qui n’arrivent plus à gagner suffisamment d’argent pour rembourser leurs emprunts a pris de telles proportions que les pouvoirs publics ont lancé une ligne téléphonique spéciale pour tenter de sauver les agriculteurs en détresse.

Le mythe de « l’harmonisation vers le haut »


Mais la gravité de la menace qui pèse sur l’agriculture française est cachée à la grande masse des Français. Les responsables des autres partis politiques et des syndicats professionnels préfèrent botter en touche et tenir les habituels propos ambigus et trompeurs du type : « il faut une harmonisation européenne »…
Ce qu’ils ne disent jamais, c’est que si les traités européens ont en effet pour conséquence de forcer à l’harmonisation, cette harmonisation n’a aucune chance de se faire « vers le haut » (c’est à dire vers le niveau français) puisque la sacro-sainte philosophie de la concurrence des euro-atlantistes ne cesse de pousser à l’alignement vers le bas, comme le prouvent à l’envi les décennies écoulées.
Le caractère inéluctable de cette harmonisation « vers le bas » découle de deux logiques concomitantes qui se renforcent l’une l’autre :
  • d’une part, les multinationales de la distribution et de l’agro-alimentaire, dont les lobbyistes sont omniprésents dans les couloirs de Bruxelles, ne sont pas précisément des sociétés philanthropiques. Ce sont des grands groupes qui doivent dégager des profits trimestriels colossaux pour satisfaire aux exigences de leur actionnariat et qui, de ce fait, exercent une pression constante à la baisse sur les prix payés aux producteurs à travers le monde.
  • d’autre part, les pays de l’Union européenne qui ont les conditions salariales et les normes sanitaires les moins contraignantes en matière agricole bénéficient d’un avantage compétitif considérable. C’est cet avantage qui leur a déjà permis de s’emparer de grosses parts de marché, aussi bien en France que dans le reste du monde. Leurs dirigeants n’accepteront jamais une « harmonisation vers le haut » qui ruinerait cet atout décisif, par exemple en alignant leurs salaires sur les nôtres. Rappelons ici que la France ne peut en aucun cas forcer ces pays à modifier les règles européennes à notre avantage et à leur détriment, puisque tout changement des traités européens ne peut se faire qu’à l’unanimité des États-membres (article 48 du traité sur l’Union européenne – TUE).

Les politiciens et les syndicalistes ayant table ouverte dans les grands médias peuvent bien réclamer une « harmonisation vers le haut », toutes leurs déclarations ne peuvent donc rester qu’au stade du vœu pieux et de l’incantation. C’est d’ailleurs exactement ce que l’on constate depuis des années.
La solution au problème est évidemment ailleurs : dans la sortie de ce système européen absurde qui entraîne notre agriculture à la ruine. Comme le dit le proverbe: « Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ».

Murielle, 54 ans, habite à Signy-L’Abbaye (Ardennes). Son mari était agriculteur. Il s’est suicidé 3 mois avant cette photo. Un autre suicide d’agriculteur a eu lieu quelques jours avant, à 12 km.  Source : article du Figaro du 29/11/2013 « Les oubliés de nos campagnes »


Loin, très loin du problème des agriculteurs français…. L’actuel Commissaire européen à l’Agriculture et au développement rural est l’Irlandais Phil Hogan, depuis le 1er novembre 2014. Auparavant ministre de l’Environnement, du Patrimoine et des gouvernements locaux de la République d’Irlande, il y a laissé une traînée de scandales : dépenses somptuaires et inutiles, grossièretés sexistes, etc.Parmi ses derniers scandales, l’Irish Times a dénoncé le voyage d’agrément, tous frais payés par le contribuable, avec sa maîtresse – son attachée de presse – à Doha, capitale du Qatar. À l’évidence, cet homme préfère la vie luxueuse de l’émirat du Qatar à la vie précaire des agriculteurs français qu’il conduit à la ruine.

La deuxième mâchoire : la guerre des prix dans la grande distribution.

Le 4e Rapport au Parlement de l’Observatoire National de la Formation des Prix et des Marges (*2) qui vient d’être publié en avril 2015 a fait ressortir une baisse des prix à la production, en 2014, sur l’ensemble de la chaine agroalimentaire, de -5% par rapport à 2013.
Cette chute de -5% en un an est considérable. Elle a une conséquence catastrophique sur notre agriculture, car environ 70% des produits agricoles français sont vendus en grande distribution, les autres 30% étant écoulés par la vente directe et l’exportation. Toutes les filières sont concernées, à l’exception du blé dur qui est un produit de base, consommé dans les pays du monde en forte croissance démographique, donc avec une demande toujours croissante et des prix en hausse.
Certains observateurs tentent de se rassurer en montant ce dernier point en épingle et en affirmant que le marché du blé dur est porteur pour les producteurs français. Ce n’est certes pas faux. Mais se porter sur ce créneau impliquerait une spécialisation du métier vers le blé, ce qui est tout bonnement impossible pour environ la moitié de nos exploitations, à cause de facteurs naturels, en plaine ou en montagne. Cela poserait aussi le problème de l’abandon de notre autonomie alimentaire nationale, laquelle ne peut être assurée que par la diversification.
Ce même rapport montre que, dans la plupart des cas et en moyenne, les grandes surfaces de distribution ont récupéré de la valeur ajoutée en 2014 (point également souligné par la revue L’Information Agricole du Rhône, n°2326, page 9).
En d’autres termes, les entreprises de grande distribution profitent de la concurrence étrangère pour faire baisser les prix payés aux agriculteurs français, mais elles ne répercutent ces baisses, selon les produits, que très peu, voire pas du tout, dans le prix de vente aux consommateurs. Les marges de la distribution augmentent donc encore.
On constate ainsi, encore une fois, que les seuls vrais bénéficiaires de la Politique Agricole Commune sont désormais les grandes entreprises de distribution et leurs actionnaires.
Il faut insister sur le fait que cette guerre des prix est AUSSI une conséquence indirecte des traités européens. Car ce sont ces traités qui sont principalement responsables de la baisse du pouvoir d’achat des Français, laquelle résulte du chômage dû aux délocalisations tous azimuts autorisées par l’Union Européenne (article 68 du TFUE).
Les grandes enseignes cherchent à s’adapter à cette baisse globale du pouvoir d’achat en pesant sur les prix payés aux producteurs.

Conclusion

D’un coté les agriculteurs français ne peuvent pas diminuer leurs coûts de production, sauf dans le cadre d’un abaissement drastique des salaires et des normes sanitaires et environnementales.
De l’autre côté, leurs prix de vente sont orientés à la baisse, ce qui engendre une baisse de leurs revenus à court et moyen terme dans le cas général, à long terme dans le meilleur des cas.
L’avenir de l’agriculture française est donc très sérieusement mis en danger par cet effet de ciseaux, qui découle directement des contraintes européennes. Il en résulte que, si notre pays reste dans l’Union européenne, et quelles que soient les divagations sur une « harmonisation vers le haut » à la Saint-Glinglin :
  • le nombre d’agriculteurs et de pêcheurs en France va continuer à diminuer rapidement jusqu’à leur quasi-disparition, au profit d’une agriculture et d’une pêche industrielles de qualité médiocre, destructrice de l’environnement, de l’identité de nos terroirs et de la civilisation agricole de notre pays ;
  • les quelques dizaines de milliers d’agriculteurs français subsistants seront ceux qui ont la chance matérielle de se situer dans des marchés de niche (grâce aux AOP notamment), lesquels sont limités par le pouvoir d’achat des consommateurs.

Précisons que ces marchés de niche sont réservés aux plus riches et ont un impact environnemental très important, car ils contraignent les agriculteurs qui s’y livrent à devoir exporter leurs productions aux quatre coins du monde. Dans le même temps, vu que le pouvoir d’achat des Français baisse, nous devrons aussi importer de plus en plus des produits agricoles « bon marché » de moindre qualité.
Dans tous les cas, le résultat complémentaire de ces évolutions sera une augmentation en flèche de « l’empreinte carbone », du fait d’un recours massif aux exportations et aux importations de produits agricoles. Soit dit en passant, ce résultat nocif est totalement contradictoire avec les « objectifs carbone » proclamés par la Commission européenne en février 2014, qui s’est « engagée » à une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030… (*3)

Il est fondamental que les Français aient une conscience claire de ces sombres perspectives.
Si nous laissons faire, – c’est-à-dire si nous restons dans l’UE -, le pays que nous transmettrons à nos enfants et petits-enfants aura perdu ses agriculteurs, ses pêcheurs, ses paysages, sa douceur de vivre et son âme.

Christophe BLANC
Agriculteur
Responsable national de l’UPR chargé de l’agriculture.



NOTES













samedi 9 mai 2015

Les États-Unis vainqueurs militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Europe ? Vous le croyez vraiment ?

Combattante de l'Armée Rouge à Berlin, 1945

Les États-Unis vainqueurs militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Europe ?

 Cette question peut être abordée sous trois angles:

- celui de la contribution militaire aux pertes (critère imparfait certes).
- celui de la chronologie des opérations.
- celui du poids respectif des fronts.

Nous citons Omer Bartov, historien dont la notoriété et la qualité des travaux sont incontestables.

1- Contribution militaire aux pertes.

S'agissant du niveau de ces pertes, une évaluation étasunienne donne 400.000 pour les pertes de l'US Army dont sans doute 230.000 en Europe et Afrique du Nord. Les pertes de la Wehrmacht ont été revues à la hausse ces dernières années (de 4.000.000 initialement à 5.533.000 aujourd'hui). Les pertes soviétiques ont été recalculées à trois reprises entre 1945 et 1991. Les tués au combat de l'Armée rouge représentent près de 5.000 morts par jour, soit des pertes journalières quatre fois plus élevées que celles subies par l’armée impériale russe sur ce même front de 1914 à 1917.
La commission d'historiens constituée en 1987 en Fédération de Russie évalua le bilan des pertes à 26,6 millions dont près de 10 millions de tués pour l'Armée rouge, 10 millions pour les pertes civiles directes et 7 millions pour les pertes civiles indirectes (surmortalité). Les chiffres donnés pour l'extermination de civils concernent des civils abattus individuellement ou collectivement par le Reich dans les territoires soviétiques conquis et occupés en 1941, 1942 et jusqu'en 1943.

Tués de l’Armée rouge. 9.450.000.
dont tués directs. 6.400.000
dont prisonniers de guerre soviétiques exterminés. 2.500.000.
dont morts d’accidents et fusillés par le NKVD. 550.000.

Le total des pertes militaires et civiles de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 75% du total des pertes humaines subies en Europe (87% avec la Pologne, en quatrième vient la Yougoslavie avec 2,1%).

Si l'on ne considère que les pertes militaires, tous camps confondus, les tués de l’Armée rouge constituent 53% du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de la Wehrmacht 31% et ceux de l’armée nord-américaine 1,3% (Royaume-Uni 1,8%, France 1,4%). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent donc 84% du total de toutes les pertes militaires subies en Europe.

Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 88% du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3% - France 2,3% - Etats-Unis 2,2%).

De 1941 à 1945, 80% des pertes de la Wehrmacht sont subies sur le front russe. "Fin mars 1945, la totalité des pertes de l’Ostheer (la Wehrmacht sur le front russe) s’élevait à 6.172.373 hommes, soit prés du double de ses effectifs initiaux, au 22 juin 1941. Ce chiffre représentait 80% des pertes subies par la Wehrmacht sur tous les fronts depuis le déclenchement de l’invasion de l’Union soviétique. En termes relatifs, les unités combattantes sur le front russe avaient subi des pertes encore plus importantes". O. Bartov.

Les pertes militaires du conflit germano-russe au sens strict (les seules opérations militaires impliquant une confrontation entre l'Armée rouge et la Wehrmacht) sont de 13.876.400 soit 78% du total des pertes militaires subies en Europe. Si l'on rajoute les forces de l'Axe qui combattirent en Russie (Hongrie, Roumanie, Italie qui eut jusqu'à 200.000 hommes sur ee front) le rapport est encore plus élevé.

2- La chronologie des opérations.

Début 1944, l’Armée rouge met en ligne deux fois plus de chars, quatre fois plus d’avions d’assaut que le Reich. Engagée dans une guerre totale contre la Russie, l’industrie de guerre allemande « tourne » pourtant au maximum de ses capacités et ne cesse de se développer jusqu’au début de 1945 (ses dépenses militaires passent de 35% du PNB en 1940 à 65% en 1944). Dés la fin de 1943, la poussée des armées soviétiques vers l’Allemagne, parsemée de batailles dont l’ampleur et la férocité sont sans équivalent à l’Ouest, apparaît irrésistible. Même si en 1943 la Wehrmacht peut encore aligner 258 divisions en Union soviétique (5 millions d’hommes sur le papier, en fait probablement moins de 3 millions, soit prés de 80% des effectifs totaux de l’armée allemande qui compte en tout 320 divisions fin 1943) il s’agit d’une armée saignée à blanc, qui a perdu ses capacités d’initiative et ses meilleures troupes.

Les armées soviétiques attaquent sans interruption depuis août 1943, sur un front continu de plus de 2.000 km. La Wehrmacht subi défaite sur défaite. Les Russes ont adopté les techniques de la guerre-éclair, et font des centaines de milliers de prisonniers (en mai 1945 on dénombre plus de 3 millions de prisonniers allemands détenus en URSS). Le 5 août 1943 une salve d’honneur fête la libération d’Orel. Le 5 août 1943 est ainsi le début du temps des « Salves de la Victoire ». Minsk est libérée en juillet 1943, Smolensk en septembre.

Le 8 avril 1944, alors que les alliés n’en sont qu’aux préparatifs de leur débarquement en France, une salve de 324 canons marque, à Moscou, l’arrivée de l’Armée rouge en Roumanie et en Tchécoslovaquie. Fin avril 1944, les Russes sont aux portes de la Prusse orientale. En juin 1944, avec 124 divisions et prés de 6.000 chars d’assaut, ils infligent sur un front de 600 km une défaite totale aux divisions allemandes qui combattent en Biélorussie. L'"opération Bagration" aboutit à la destruction complète du groupe d'armées Centre, et constitue la plus grande défaite de la Wehrmacht de la Seconde Guerre Mondiale (380.000 tués et 150.000 prisonniers, 25 divisions anéanties). En juillet 1944, les fantassins soviétiques sont sur la frontière polonaise. Le 28 août ils pénètrent en Hongrie (conquise fin décembre après de très durs combats), en septembre les pays baltes sont libérés, les divisions russes entrent en Finlande. En octobre, les Russes sont en Yougoslavie. Pour la seule année 1944, les armées russes anéantissent 136 divisions allemandes et 50 des pays satellites.
La Russie lance l’offensive finale sur l’Allemagne en plein hiver, sur un front s’étendant de la Baltique à l’Adriatique, avec 6,7 millions de combattants, prés de 8.000 chasseurs et bombardiers, 5.000 pièces d’artillerie autotractées, 7.000 chars contre 3.500, 50.000 canons. Varsovie est libérée le 17 janvier 1945. Le 19 janvier 1945, les premières unités pénètrent en Allemagne. Les chef militaires soviétiques ont la possibilité de foncer sur Berlin dés février (le 30 janvier 1945 les armées de Joukov sont sur l’Oder, à 70 km de la Chancellerie du Reich) mais ils préfèrent d’abord liquider le corps d’armées de la Wehrmacht en Prusse-Orientale puis le réduit de Poméranie, qui menacent leur flanc nord, et nettoyer le flanc sud (Europe centrale). 60 divisions allemandes ont été anéanties lors de ce premier assaut. Pour ralentir la poussée furieuse des Russes, le commandement allemand transfère encore 29 divisions du front ouest vers l’Est, dégarnissant encore un front ouest qui, pourtant, mobilisait déjà moins de 25% des forces du Reich depuis juin 1944.

Le 13 janvier 1945, l’Armée rouge se lance à l’attaque de la Prusse Orientale avec 1,6 million de soldats. La Wehrmacht attend l’assaut avec 45 divisions, soit 580.000 soldats. Au terme de combats d’une incroyable férocité les poches de résistance de l’armée allemande sont liquidées les unes après les autres. Le désastre est total pour l’armée allemande. Il ne reste pratiquement plus rien de son corps d’armées de Prusse-Orientale après seulement trois mois d’offensive russe. Toute l’Allemagne s’ouvre alors à l’Armée rouge.

Les Nord-Américains ne parviennent à traverser le Rhin que le 7 mars 1945 (le 31 mars pour la 1ère Armée française). Le 13 avril 1945 les Russes ont déjà conquis Vienne. Le 16 avril, la Stavka lance à l’assaut de Berlin (3,3 millions d’habitants) une armée de 2,3 millions de combattants équipée de 41.600 canon, épaulés de 6.200 chars et canons autopropulsés, 7.200 avions (quatre armées aériennes). Le 9 mai, l’Allemagne, représentée par Keitel, signe à Berlin (Karlshorst), devant son vainqueur représenté par Joukov, sa capitulation sans conditions.

3- L'importance respective des fronts.

« C’est en Union soviétique que la Wehrmacht eut les reins brisés, bien avant le débarquement des Alliés en France; même après juin 1944, c’est à l’Est que les Allemands continuèrent à engager et à perdre la majorité de leurs hommes. Pour l’écrasante majorité des soldats allemands, l’expérience de la guerre fut celle du front russe ». O. Bartov.

De juin 1941 à juin 1944, le front de la Seconde Guerre Mondiale, en Europe, est le front russo-allemand. Jusqu'en mars 1945, la Wehrmacht y consacre l’essentiel de ses ressources en hommes et en matériels. 34 millions de Soviétiques sont mobilisés dans les rangs de l’Armée rouge de 1941 à 1945, tandis que quelques 20 millions d’Allemands portent, à un moment ou à un autre, l’uniforme de la Wehrmacht sur le front russe.

En juillet 1943, lors de la gigantesque bataille de Koursk, à peine sept divisions et deux brigades (2,7% des forces allemandes) sont engagées face aux Américains et aux Britanniques. Le reste (91 divisions et 3 brigades) se trouve cantonné dans les territoires de l’Europe occupée. Les alliés ont certes pris pied en Afrique du Nord en novembre 1942 (débarquement de 70.000 hommes à Alger et Oran), en Sicile en juillet 1943 (160.000 hommes), en Italie à Salerne (sud de Naples) en septembre 1943 et à Anzio en janvier 1944, mais les moyens engagés pèsent encore de peu de poids (la Wehrmacht n'a que 23 divisions en Italie début 1944) comparés à la démesure des effectifs et des matériels présents depuis 1941 sur le front russe.

La comparaison est difficile entre la guerre sur le front russe, depuis 1941, et celle menée sur le front ouest, essentiellement à partir de juin 1944. Sur le premier, on assiste à une « Guerre de Titans » démesurée et totale. La « guerre industrielle » y atteint un paroxysme jamais égalé depuis, parsemée de gigantesques batailles d’anéantissement. Sur le front ouest, on voit des combats d’arrière-garde, sans influence sur l’issue d’une guerre que l’état-major allemand sait avoir perdu face à l'Union soviétique dés 1943.

La part du front russe dans les opérations de la Wehrmacht est écrasante, y compris jusqu’en mai 1945. La comparaison des pertes subies par la Wehrmacht sur les deux fronts à partir de juin 1944 montre bien, encore une fois, la part presque exclusive du front russe même après le débarquement des alliés. Du 1er juillet au 31 décembre 1944, pendant cinq mois, lors de la grande offensive soviétique contre le groupe d’armées du Centre, les Allemands perdent chaque mois en moyenne 200.000 soldats. A l’Ouest, au cours de la même période, c’est-à-dire après le débarquement allié en Europe, la moyenne des pertes allemandes s’élève seulement à 8.000 hommes par mois (soit un rapport de 1 à 25).

Quand les alliés débarquent le 6 juin 1944, l'essentiel de la capacité militaire allemande a déjà été anéantie par l'Union soviétique. Elle ne peut plus guère opposer aux troupes alliées qui viennent d’être débarquées en Normandie (150.000 hommes) que 30 divisions, réparties dans un rayon de 250 km autour de la zone de débarquement. Il s’agit de divisions dont la valeur opérationnelle n’a plus grand chose à voir avec celle des 200 divisions qui attaquèrent la Russie en juin 1941, d’unités ramenées à 25% de leurs effectifs de combat, avec peu de matériels, et composées de rescapés du front russe et d’adolescents n’ayant pas connu le feu. En juillet 1944, plus d’un million d’hommes auront été débarqués en France (60 divisions nord-américaines, 18 anglaises, 10 françaises). La seule vraie réaction d’envergure de l’Allemagne sera la contre-offensive des Ardennes de décembre 1944 où elle ne parviendra pourtant qu’a engager... 21 divisions, qui suffiront cependant à stopper la progression américaine, alors que depuis octobre 1944 l’Armée rouge se trouve déjà à 70 km de Rastenburg, QG de Hitler en Prusse Orientale.

Le front ouvert en juin 1944 aura donc eu, militairement, environ neuf mois d’existence contre 47 mois pour le front russe où, là, les combats resteront acharnés jusqu’au tout dernier jour.
L’ouverture d’un second front obligera le Reich à dégarnir le front russe. Mais le front ouest (France, Italie) ne mobilisera jamais plus de 75 divisions allemandes, dont une minorité de divisions combattantes, à comparer aux 220 divisions de la Wehrmacht début 1944, qui subissent les assauts des armées russes. Au plus fort de leur engagement en Europe, à la fin de 1944, c’est-à-dire à la fin d’une guerre déjà gagnée, les Etats-Unis mettront en ligne 90 divisions, à comparer aux 360 divisions de l’Armée rouge qui combattent l’Allemagne nazie depuis 1941.

L’étonnante facilité de la progression des armées nord-américaines en Europe à partir de septembre 1944 ("la chevauchée de Patton"…), le faible niveau des pertes en vies humaines de ces forces, font simplement pendant à la défaite qui a emporté la Wehrmacht sur le front russe. A partir de 1945, l’état-major de la Wehrmacht décide d’opposer une résistance de faible intensité à l’avance des troupes alliées en Allemagne tout en poursuivant une guerre féroce et acharnée contre l’Armée rouge (600.000 soldats soviétiques tués pour la libération de la Pologne, 700.000 autres tués dans les combats pour les pays baltes). Les forces britanniques de Montgomery (20 divisions et 1.500 chars) traversent le Rhin en Hollande à partir du 23 mars 1945 sans rencontrer de résistance sérieuse. On mesure le peu d’opposition rencontrée si on observe que la 9ième armée américaine, qui fournissait la moitié de l’infanterie d’assaut, a eu alors moins de 40 tués.

Ainsi que le souligne P. Miquel, les opérations de l’année 1944 ressortent avant tout d’une volonté de « conquêtes territoriales » (avec des implications majeures concernant le partage politique de l’Europe continentale après le conflit) : la question qui se pose en juin 1944 n’est plus celle de la victoire sur l’Allemagne. Le débarquement allié de juin 1944 n’eut ainsi aucune importance sur l’issue militaire du conflit en Europe (politiquement et économiquement c'est évidemment une autre question).

4- Conclusion

La Seconde Guerre Mondiale en Europe a été, pour l’essentiel, une guerre germano-russe (à 80% si l'on veut). C'est le constat d'un rapport de proportion et non celui d'une valeur donnée à tel ou tel camp.

L’intervention des Etats-Unis en Europe, bien trop tardive pour vraiment peser militairement, a essentiellement une motivation politique et économique. Elle a pour objectif d'empêcher Staline d'occuper toute l’Europe de l’Ouest (si tant est qu'il en ait eu l'intention) : en mai 1945 l’Armée rouge occupe l’Autriche et campe aux portes de l’Italie et de la Suisse.

La contribution militaire étasunienne est négligeable (moins de 3% des pertes alliées en Europe). Elle n'est pas décisive militairement car elle n'a pas pesé dans un résultat final déjà acquis, même si cette contribution a accéléré de quelques mois une victoire de toute façon déjà remportée par l'Union soviétique.

La reconstruction, à partir des années 50 (guerre froide aidant) d'une réalité devenue fantasmée ("les Etats-Unis vainqueurs du Second conflit mondial") et la victoire contre le Japon n'enlèvent rien à ce fait. Pour les Français, s'il faut rendre un hommage, c'est donc d'abord aux soldats soviétiques qu'il faut le rendre puisque c'est leur sacrifice qui a permis le débarquement allié de juin 1944 qui les a "libéré".

En Europe, et comme en 1917, en misant peu, les Etats-Unis ont beaucoup récolté: une gloire usurpée (puissance des représentations), une Europe de l'ouest peu ou prou sous tutelle (la leur), la préservation de leurs débouchés économiques en Europe, l'éviction et le remplacement des positions commerciales mondiales occupées par l'Europe en 1940, et l'imposition du dollar. Enfin, en livrant essentiellement une "guerre de matériels", les Etats-Unis ont réussi à s'extirper de leur grande crise des années 30.

http://gaideclin.blogspot.fr/2015/05/les-etats-unis-vainqueurs-militaires-de.html

vendredi 8 mai 2015

Des généraux allemands disent « stop » à la russophobie

Près d'une centaine de généraux et d'officiers supérieurs de l'ex-RDA ont signé une lettre ouverte intitulée "Soldats pour la paix", dans laquelle ils condamnent la politique de l'Occident vis-à-vis de la Russie.

Selon les militaires, le remaniement du monde sous l'égide des USA et de leurs alliés a conduit à de nombreuses guerres. Pourtant, l'histoire montre qu'il est préférable d'être ami avec les Russes plutôt que l'inverse. Cette lettre sera envoyée au Bundestag et aux ambassades des pays de l'Otan.

Les représentants du commandement militaire de l'ex-RDA appellent les pays de l'Otan à stopper l'hystérie militaire et la russophobie. La lettre "Soldats pour la paix" a été publiée sur le site du quotidien allemand Junge Welt.

"Nous savons bien ce qu'est la guerre, et nous prônons la paix", indique le message signé par les ex-ministres de la Défense de l'ex-RDA Heinz Kessler et Theodor Hoffmann, trois généraux de corps d'armée, 19 généraux de division, 61 généraux de brigade, dont le cosmonaute Sigmund Jähn, plusieurs amiraux, ainsi que des colonels et des capitaines.

70 ans après la fin du conflit qui a coûté la vie à 27 millions de Soviétiques, la guerre redevient un compagnon de l'humanité, note la lettre. "Le remaniement du monde sous l'égide des USA et de leurs alliés a conduit aux guerres en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, au Yémen, au Soudan, en Libye et en Somalie", souligne la lettre.

Les militaires allemands indiquent que la stratégie américaine vise à éliminer la Russie en tant que concurrent et à affaiblir l'Union européenne. Et la tentative de faire de l'Ukraine un membre de l'UE et de l'Otan, selon eux, est une aspiration à créer un "cordon sanitaire" de la région balte jusqu'à la mer Noire pour isoler la Russie du reste de l'Europe, ce qui rend impossible l'union entre la Russie et l'Allemagne.

Les signataires de cette lettre remarquent également une campagne sans précédent des médias, une atmosphère d'hystérie militaire et de russophobie. D'après eux, cette tendance va à l'encontre du rôle diplomatique que pourrait jouer l'Allemagne au regard de sa situation géopolitique, de son expérience historique et des intérêts objectifs du peuple.

"Nous n'avons pas besoin d'une campagne militaire contre la Russie, mais d'une entente mutuelle et d'une coexistence pacifique. Nous n'avons pas besoin d'une dépendance militaire des USA, mais de notre propre responsabilité pour la paix", écrivent les militaires.

"En tant que militaires, nous savons bien que la guerre ne doit pas être un outil de la politique. En s'appuyant sur notre expérience, nous pouvons évaluer les conséquences pour toute l'Europe", a déclaré dans une conférence de presse l'ex-ministre de la Défense de la RDA l'amiral Theodor Hoffmann. Selon ce dernier, plusieurs signataires de cette lettre ont été témoins de la Seconde Guerre mondiale. Il a souligné également que les problèmes clés de notre époque ne pouvaient être réglés qu'en coopération avec la Russie.

"L'expérience montre qu'il vaut mieux être ami qu'ennemi avec les Russes", conclut Hoffmann.

http://fr.sputniknews.com/presse/20150506/1015966495.html#ixzz3ZMilp3dN

jeudi 30 avril 2015

Washington espionnait Bruxelles et Paris grâce à Berlin ?

Le scandale ne cesse de s’amplifier en Allemagne.
Au centre de la tempête : le service d’espionnage fédéral, le BND. Depuis quelques jours, les révélations se multiplient sur la très étroite collaboration de celui-ci avec ses homologues américains. La question qui hante désormais la classe politico-médiatique est de savoir jusqu’à quel degré la chancellerie – et la chancelière allemande elle-même – était au courant de ces agissements, et de leur portée. Tout indique que celle-ci pouvait difficilement être tenue dans l’ignorance des basses œuvres des « services ».

Il est établi qu’au début des années 2000, les autorités américaines avaient passé un accord avec le BND : l’exploitation du très puissant et très sophistiqué centre d’écoute situé à Bad Ailing (Bavière) a été transférée de la NSA au BND en 2004 (Washington avait établi ce centre d’espionnage en 1947, dans le contexte de la guerre froide). En échange, les services allemands s’engageaient à fournir toutes les informations – des millions de données issues des écoutes diverses – à leurs collègues d’outre-Atlantique.

Les citoyens et les entreprises de RFA n’ont nullement été épargnés, en infraction totale avec la loi allemande. Parmi les données qui intéressaient particulièrement Washington : les secrets du consortium franco-allemand Airbus, de même que de la société Eurocopter.

Or le quotidien Bild révélait il y a quelques jours que le BND avait bel et bien tenu au courant la chancellerie des ces pratiques illégales. Illégales et paradoxales : car des informations portant sur des intérêts jugés essentiels pour le pays ont bien été demandées et obtenues par Washington.

C’est ce qu’a établi une commission d’enquête parlementaire, créée à la suite du scandale Snowden : l’ex-prestataire de la NSA – aujourd’hui traqué par la justice américaine, et réfugié en Russie pour échapper à la vengeance de Washington – avait multiplié les révélations, y compris celle concernant l’écoute par les services américains du… propre portable d’Angela Merkel.

Celle-ci se retrouve donc dans une situation pour le moins délicate, puisqu’elle est susceptible d’avoir couvert des activités mettant en cause les intérêts de son propre pays, au profit de l’allié atlantique.

Cerise sur le gâteau, l’édition datée de ce jour (30 avril) du quotidien Süddeutsche Zeitung apporte de nouvelles informations : le BND aurait également espionné l’Elysée, le ministère français des Affaires étrangères, de même que la Commission européenne…

On peine à imaginer ce qui serait advenu si l’on avait appris que ce n’était pas Washington, mais Moscou, qui organisait la fuite et la récupération des petits et grands secrets de Bruxelles ou Paris. Ce n’est même plus de « sanctions » qu’il aurait été question, mais de représailles… Qui sait si l’on n’eût pas frôlé une troisième guerre mondiale.

Par chance, toutes ces petites perfidies sont restées entre amis…


jeudi 23 avril 2015

Des dirigeants du PPE : contre la Russie, armons-nous et partons !

Le groupe parlementaire du Parti populaire européen (PPE, droite), s’est réuni le 21 avril, avec notamment à son ordre du jour les rapports avec la Russie. La séance était présidée par un eurodéputé estonien, Tunne Kelam, ce qui était déjà une manière de donner le ton. Le site spécialisé Euractiv s’est fait l’écho de cette rencontre.

M. Kelam a d’emblée affirmé sa conviction : la Russie est désormais l’adversaire de l’UE, et a bien l’intention de s’en prendre aux Pays baltes. Son collègue roumain Cristian Dan Preda a enchéri : selon lui, le président russe poursuivra sa marche à travers l’Ukraine et ne manquera pas d’annexer la Transnistrie (Priednestrovie, région russophone de Moldavie qui a proclamé son indépendance).

Mais cet avenir botté prédit par les honorables europarlementaires n’était qu’un hors d’œuvre. Spécialiste des relations internationales, l’Allemand Roland Freudenstein s’est chargé de pimenter l’ambiance. Ancien chercheur auprès du gouvernement fédéral, puis auprès des institutions communautaires, M. Freudenstein est désormais directeur de recherches au Centre d’études européennes, à Bruxelles, qui dépend du PPE. Fort de son expertise, il a d’emblée asséné que l’objectif de Vladimir Poutine était de détruire l’UE et l’OTAN, au moins moralement et politiquement. Pour l’anéantissement militaire, le chercheur n’a pas encore de certitude.

Il a logiquement enchaîné en s’interrogeant : « sommes-nous prêts à entrer en guerre ? », et regretté que cette question n’ait jusqu’à présent pas été sérieusement examinée. « Nous devons montrer clairement que oui, nous sommes prêts à entrer en guerre pour sauvegarder les principes existentiels à l’avenir de l’Europe », a-t-il clamé devant l’auditoire, dont une partie était tout de même un peu médusée. Il a cependant concédé que cette perspective était difficile à aborder publiquement.

Tentant sans doute de détendre quelque peu l’atmosphère, l’orateur a alors mimé l’ambassadeur russe auprès de l’UE pour moquer la diplomatie de Moscou, et n’a pas manqué de mettre ainsi les rieurs de son côté. Redevenant sérieux, il a cité un de ses ouvrages, publié par le Centre de recherche Martens (lié au PPE), intitulé La Renaissance de l’Occident – un titre déjà évocateur. Bref, sa conviction est faite, et il n’hésite pas à la proclamer : le conflit entre Vladimir Poutine et l’Occident ne se terminera que quand le dirigeant russe « quittera le Kremlin, de quelque manière que ce soit ».

De quelque manière que ce soit – autrement dit, pas forcément à la fin de son mandat. L’analyse devrait être rappelée aux dirigeants européens qui feignent régulièrement de s’indigner quand le Kremlin les soupçonne de rêver ou d’encourager une « révolution de couleur » à Moscou. Sur le modèle, par exemple, du Maïdan ukrainien.

Et comme pour dissiper tout malentendu d’interprétation, le vice-président du groupe PPE, Jacek Saryusz-Wolski, a pour sa part tranquillement rappelé : « si nous gagnons avec l’Ukraine, nous gagnerons un jour avec la Russie. Si nous échouons avec l’Ukraine, Poutine gagnera ».

L’aveu est de taille : le Polonais reconnaît le rôle de premier plan de l’UE dans le renversement de l’ex-président ukrainien, Viktor Ianoukovitch ; et lève le voile sur les visées ultimes que nourrissent certains ensuite.

Bref, a poursuivi l’influent eurodéputé, concernant la Russie, « le temps des négociations et de la persuasion est terminé ». On imagine presque entendre, en fond musical : « marchons, marchons… ». Ultime menace, plus diplomatique que militaire cette fois : « la partie sud de l’UE ne parviendra pas à obtenir l’engagement des pays de l’est de l’UE sur le sujet de l’immigration, qui est le thème du sommet extraordinaire, si elle continue à ne pas comprendre, ou à ignorer, les menaces existentielles auxquelles les pays de l’est font face ».

Traduction à l’attention de l’Italie ou de la Grèce : acceptez de vous armer et de nous suivre dans la confrontation avec la Russie, et on s’intéressera alors aux réfugiés qui échouent sur vos côtes.

Il est dommage que les dirigeants européens ne fassent que rarement preuve d’une telle franchise. Il est à noter que des personnalités importantes participaient à la réunion, comme l’influent président de la Commission des Affaires étrangères de l’europarlement, l’Allemand Elmar Brok.

Or le PPE est la formation qui regroupe ce que l’eurovocabulaire nomme le « centre-droit », c’est-à-dire notamment la CDU d’Angela Merkel ou l’UMP de Nicolas Sarkozy.

On attend avec intérêt les réactions de ces deux là.


mardi 21 avril 2015

Ukraine : trois journalistes tués en un jour, rien dans les médias !

Trois journalistes ont été tués en Ukraine en un jour !

Quatre assassinats politiques sur deux journées !

Où sont les activistes des droits de l'homme ?

Où sont les allocutions de Merkel, Obama, Cameron, etc ?

Où est le tumulte des médias occidentaux ? 

 

 

KIEV 15 Avril

Oleg Kalashnikov, l’ancien député parlementaire du Parti des Régions, a été tué a Kiev, comme le service de presse du Ministère de L’Interieur Ukrainien l’a confirmé ce mercredi.

Il avait appelé à de larges commémorations du 70ème anniversaire de la victoire dans la Grande Guerre Patriotique. Kalashnikov était connu pour ses positions anti-Maidan. Il organisait également des rassemblements contre les autorités en Ukraine.

 

KIEV 16 Avril

Un journaliste Ukrainien bien connu, Sergey Sukhobok, a été tué a Kiev. Sukhobok, un natif du Donbass, en Ukraine de L’Est, région en guerre, avait travaillé comme journaliste depuis 1998. Il était auparavant un analyste de l’hebdomadaire Delovoy Donbass (Finance Donbass). Il avait récemment travaillé en tant que journaliste freelance. L’Ukrainskiye Novosti (Nouvelles Ukrainiennes), révèle que Kalashnikov avait reçu des menaces de mort peu de temps avant d’être tué.

 

KIEV 16 Avril

Olga Moroz, la rédactrice en chef du journal local, a été tuée en Ukraine. Son corps a été trouve avec des traces d’une mort violente.

 

KIEV 16 Avril

Un journaliste renommée, Oles Buzina, a été tué ce jeudi a Kiev, la capitale du pays. Dans sa dernière interview accordé à Radio Vesti, il avait accusé les autorités nationales d’avoir abandonné de façon inconditionnelle les intérêts de L’Ukraine.

“Les formations politiques qui ont pris le pouvoir en Ukraine comme la conséquence d’un coup d’État ont choisi une voie strictement pro-Occidentale", avait affirmé Buzina.

’Naturellement, tous nos liens de coopération avec la Russie dans la construction navale, l’aviation et la construction industrielle, furent instantanément démantelés. Aujourd’hui le pays est en proie au chômage et beaucoup de gens n’ont plus d’argent. Toutes les promesses de Maidan se sont avérées être de la pure fiction. Cette partie de l’élite ukrainienne qui s’appelle pro-occidentale abandonne tout simplement les intérêts nationaux de L’Ukraine”.

Buzina, un journaliste reconnu, écrivain et présentateur TV, a été tué par balle près de sa maison a Kiev depuis une Ford Focus bleu foncé avec des plaques d’immatriculation étrangères. Il était l’auteur de deux ouvrages, incluant “Taras Shevchenko le Vampire” et “L’union de la Charrue et du Trident”. Buzina était le rédacteur en chef du journal Segodnya mais avait quitté son poste au mois de mars dernier en raison de la censure.


source : http://www.michelcollon.info/Ukraine-une-liberte-d-expression-a.html

LES ANALYSES DU PRÉSIDENT DE STRATFOR, L'UNE DES PRINCIPALES SOCIÉTÉS AMÉRICAINES PRIVÉES DE RENSEIGNEMENT ET D'ANALYSE GÉOPOLITIQUE,

...CONFIRMENT UNE NOUVELLE FOIS LE BIEN-FONDÉ DES ANALYSES ET L'URGENCE DU PROGRAMME DE L'UPR.

cette brève vidéo est extraite d'une conférence de George Friedman prononcée à Chicago le 4 février dernier, devant le Chicago Council on Global Affairs


Dans cet extrait de 11 minutes sous-titré en français, ce spécialiste américain du renseignement, réputé très proche de la CIA, livre une vision du monde qui conforte à 200% les analyses de l'UPR, pour ce qui concerne notamment l'empire euro-atlantiste piloté depuis Washington, la soumission des pays européens à cet empire, la volonté de Washington de "diviser pour régner", les manœuvres constantes de déstabilisation des dirigeants américains pour dominer la planète entière.

Comme l'a dit Charles Sannat sur son blog "le contrarien", les Etats-Unis sont "un empire qui n’est pas sympathique, pas parce qu’il est méchant en soi, mais parce qu’il ne regarde que ses propres intérêts.
Or leurs intérêts et les nôtres, souvent similaires, peuvent aussi être divergents. Ces divergences et les conséquences de ces divergences font peser sur notre pays, la France, des risques considérables, que vous pouvez voir par exemple dans l’affaire des navires Mistral devant être vendus à la Russie, ou de façon plus générale des tensions avec la Russie qui n’est en aucun cas notre ennemi mais le rival des Américains.

Les conséquences de ces divergences sont également économiques avec la crise de l’euro, le système financier, boursier et monétaire avant tout dominé par l’Empire qui s’en sert comme d’une arme de soumission des peuples et des nations, non pas pour votre bien… mais pour son propre profit.

C’est exactement cela qu’explique George Friedman. Il n’y a pas à lui en vouloir pour la simple raison qu’il agit en tant qu’américain pour favoriser les intérêts américains, et maintenir la domination américaine.

Le problème n’est pas tant les Américains que nous-mêmes. À nous d’agir en tant que Français pour sauvegarder les intérêts français.

Il n’y a, dans mes propos, pas plus de racisme que d’anti-américanisme primaire, il n’y a que du bon sens et une idée aussi vieille que celle de Machiavel dans Le Prince… la raison d’État et l’idée que l’on se fait des intérêts supérieurs de notre nation et de l’Europe qui nous entoure". [ source : lecontrarien.com ]

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CONCLUSION
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C'est en visionnant cette conférence, donnée par l'un des meilleurs connaisseurs américains qui soient, que le public français peut réaliser que l'UPR est seule sur la scène politique française à regarder la menace en face, à l'expliquer aux Français et à proposer à nos compatriotes d'en tirer les conséquences.

Face à cet impérialisme tyrannique et criminel de Washington, que disent, qu'analysent, que proposent aux Français le FN, DLF, l'UMP, le MoDem, le PS, EELV, le PG, le PCF, le NPA ?

C'est bien simple : ils ne disent, ils n'analysent, ils ne proposent RIEN. Or, comme le dit l'adage, « QUI NE DIT MOT CONSENT ».

C'est pour cela que les Français doivent rejoindre en masse l'UPR. Nous devons nous rassembler au plus vite, au-delà du cliavge droite-centre-gauche,pour faire sortir la France de l'UE, de l'euro et de l'OTAN, afin d'échapper au piège mortel dans laquelle Washington nous a enfermés.

FA
20 avril 2015

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Qui est George Friedman ?

 Diplômé de l’Université de New York et titulaire d'un doctorat de l'Université Cornell, George Friedman est aujourd'hui le président de Stratfor, une société qu'il a fondée en 1996 et qui est maintenant l’un des chefs de file dans le domaine de « l'intelligence » globale, c'est-à-dire du renseignement et de l’action géopolitique. La rumeur publique affirme qu’il est très proche de la CIA et des services de renseignement et d’influence américains.

Stratfor publie un rapport quotidien de renseignement depuis sa fondation en 1996. Elle est devenue connue des médias lorsqu'elle a publié son "Kosovo Crisis Center" lors des frappes aériennes de l'OTAN en 1999 contre le Kosovo, ce qui lui a valu des articles dans le magazine Time, le Texas Monthly et d'autres publications de la presse écrite.

Dans les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, Stratfor a commencé à publier gratuitement des breaking news (« dernières nouvelles »), tout comme des analyses qui prédisaient les actions de Al-Qaida et de l'administration de George W. Bush.

Le magazine Barron's a alors qualifié Stratfor de « CIA de l'ombre » tandis que George Friedman était constamment citéé par les grands médias, tels CNN, Bloomberg, Associated Press, Reuters, The New York Times et BBC, comme un expert dans le renseignement pour les questions stratégique et tactique.

Son dernier ouvrage s’intitule « La crise émergente en Europe ». Il est l'auteur d’un best-seller publié par le New York Times, intitulé « La prochaine décennie », qui tente de prévoir les grands événements et les défis qui mettront à l'épreuve l'Amérique et ses présidents au cours de la prochaine décennie. Son livre précédent, intitulé « Les 100 prochaines années », a également été un best-seller du New York Times et a été publié dans plus de 20 langues.

George Friedman est souvent sollicité pour présenter des conférences ou pour participer à des colloques spécifiques à l'industrie ou pour les grandes entreprises financières telles que JP Morgan, Citibank, Ernst & Young etc.

Il a participé comme formateur à des séances de formation du commandement des armées australiennes, de l'US Marine Corps, et de nombreuses autres organisations militaires et gouvernementales. Il est fréquemment invité dans des colloques internationaux, y compris en Turquie, Allemagne, Pologne, Azerbaïdjan, Australie, Nouvelle-Zélande, etc.

En bref, cet homme est une sorte d'analyste et de porte-parole officieux de la "communauté du renseignement" aux États-Unis, CIA en tête.


source : http://www.upr.fr/actualite/les-analyses-du-president-de-stratfor-confirment-une-nouvelle-fois-le-bien-fonde-des-analyses-de-l-upr

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Le "cordon sanitaire" composé des pays russophobes que les USA sont en train de mettre en place pour séparer la Russie et l'Allemagne et de ce fait isoler le Russie de l'Europe

 PNAC : http://www.informationclearinghouse.info/article1665.htm


lundi 20 avril 2015

Le mur meurtrier de la Méditerranée : L’assassinat institutionnel de masse de l’Union européenne

3419 migrants sont morts en 2014 en tentant de traverser la Méditerranée selon l’agence de Nations-Unies pour les réfugiés(1). Ce chiffre macabre fait de la Méditerranée la frontière la plus meurtrière, le nombre total de décès pour le monde entier étant de 4272. Sur une durée plus longue ce sont plus de 20 000 migrants qui ont perdu la vie depuis l’an 2000. La tendance est de surcroît à une hausse permanente, l’année 2014 ayant battu tous les records en laissant loin derrière le précédent pic qui était de 1500 décès en 2011. Les discours politiques et médiatiques construisent chaque nouveau drame comme des catastrophes imprévisibles sur lesquelles les gouvernements européens n’auraient aucune prise et aucune responsabilité. Le discours de la catastrophe cache un processus d’assassinat de masse de l’Union Européenne.

 

Les angles morts sur les causes structurelles

Le premier angle mort des discours politiques et médiatiques est celui des causes économiques poussant des dizaines de milliers d’Africains à risquer leurs vies dans des traversées qu’ils savent meurtrières. Depuis les indépendances politiques de la décennie 60, d’autres mécanismes que l’occupation militaire directe sont venus prendre le relais pour assurer la reproduction du « pacte colonial » c’est-à-dire la construction des économies africaines selon les besoins de l’Europe et non selon les besoins des peuples africains. Sans être exhaustif rappelons quelques-uns de ces mécanismes.

Les accords de coopération économique, financière et monétaire que les différents pays européens imposent aux pays africains impliquent une vente des matières premières à des coûts inférieurs à celui du marché mondial et interdisent la taxation des produits importés d’Europe. Prenons l’exemple du dernier accord signé entre l’Union Européenne et les 15 États de l’Afrique de l’Ouest dit « Accord de partenariat économique » (APE). Cet accord interdit la taxation des 11, 9 milliards d’euros de produits importés par l’Union Européenne en 2013. Il met ainsi l’agriculture vivrière locale en concurrence avec l’agriculture industrielle européenne poussant à la misère des centaines de milliers de paysans. Les conséquences coulent de source :

« Cet Accord renforcera une migration massive de populations privées d’avenir dans leur pays, dans une situation où la population d’Afrique de l’ouest fera plus que doubler d’ici 2050, atteignant 807 millions d’habitants (contre 526 millions pour l’UE à la même date), et dans un contexte de réchauffement climatique particulièrement accentué dans cette région.(2) »

Le caractère exploiteur de ces accords est tel que le professeur Chukwuma Charles Soludo, déclare le 19 mars 2012 que l’APE d’Afrique de l’Ouest constitue un (AO) "second esclavage(3). Mais l’APE n’est que la systématisation à grande échelle de logiques de mises en dépendance antérieures comme « l’aide liée » imposant le recours aux entreprises françaises en échange d’un financement de projets d’aménagement, les Plans d’Ajustement Structurel imposant des réformes libérales en échange d’un crédit ou d’un report de remboursement d’une dette, ou pire encore l’institution du Franc CFA qui permet le contrôle des politiques monétaires de la zone franc. Ces causes directes de la paupérisation africaine et de la pression migratoire sont tues par le discours politique et médiatique dominant. Elles démentent l’idée d’une catastrophe imprévisible sur laquelle l’homme n’aurait aucune prise.

Le discours médiatique de la catastrophe n’est qu’un processus de masquage des causes économiques structurelles.

Bien sûr de tels mécanismes ne sont possibles que par le recours direct ou indirect à la force allant de l’assassinat des opposants à ces politiques en passant par les coups d’Etats ou les guerres ouvertes. C’est la raison de la fréquence des interventions militaires européennes directes ou indirectes en Afrique. Si la France est la plus présente dans ces aventures guerrières en Afrique c’est sur la base d’une délégation européenne. Face à la montée des puissances émergentes, face à la concurrence économique états-unienne et chinoise, l’Europe mandate ainsi la France pour la défense des intérêts de l’ « Eurafrique » c’est-à-dire pour la consolidation d’un néocolonialisme socialisé à l’échelle de l’Union Européenne. Cette « Eurafrique » économique et militaire est un vieux projet de certaines fractions du capital financier européen. Elle a été freinée par les concurrences entre les différents pays européens qui tendent à être mises au second plan du fait de l’exacerbation de la concurrence liée à la mondialisation capitaliste. Voici comment Aimé Césaire alertait déjà en janvier 1954 sur l’Eurafrique en se trompant uniquement sur la nationalité du soldat :

« Je le répète : le colonialisme n’est point mort. Il excelle, pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d’Association ou d’Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d’intégration, celle qui se donne pour but la constitution de l’Eurafrique. Mais de quelque masque que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernière trouvaille, l’Eurafrique, il est clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d’un nouveau colonialisme plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le gendarme vigilant(4). »

Ces guerres directes ou indirectes(5) sont la seconde cause de la pression migratoire. Ce n’est pas seulement pour survivre économiquement que des milliers d’africains risquent leurs vies en méditerranée mais pour fuir les guerres européennes et leurs conséquences en termes d’installation de régimes dictatoriaux ou pire encore le chaos comme en Lybie ou au Congo avec l’installation de « seigneurs de guerres » avec lesquels le commerce peut continuer. Le discours médiatique de la catastrophe masque également la responsabilité européenne vis-à-vis de cette cause des migrations contemporaines.




Frontex ou la création des conditions d’un assassinat de masse

 

Si les causes évoquées ci-dessus suffisent pour comprendre la hausse de la pression migratoire, elles ne suffisent pas à expliquer l’augmentation du nombre de décès au cours de la migration. Pour cela il faut orienter le regard vers les réponses de l’Union Européenne à cette pression migratoire. Ces réponses se concrétisent depuis 2005 par l’action de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (FRONTEX). Le statut d’agence offre une autonomie importante qui a été encore renforcée le 10 octobre 2011 en l’autorisant à posséder désormais son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011(6).

Concrètement l’agence organise des patrouilles militaires afin de refouler les migrants vers des pays voisins d’une part et signe des accords avec des États tiers pour qu’ils fassent barrage en amont sur les candidats à la migration d’autre part. Pour mener à bien sa première mission, l’agence dispose de moyens militaires en constante augmentation mis à disposition par les États membres ou en possession propre : plus d’une quarantaine d’hélicoptères et d’avions, d’une centaine de bateaux et environ 400 unités d’équipement tels que des radars, des sondes, des caméras, etc(7). Nous sommes bien en présence d’une logique de guerre contre les migrants. De tels moyens militaires permettent à l’agence d’assurer en particulier des patrouilles fréquentes dans les eaux territoriales des États membres mais également dans les eaux internationales. La Ligue belge des droits de l’homme décrit à juste titre l’agence comme une « véritable armée au service de la politique migratoire d’une Europe forteresse, menant à armes inégales une guerre aux migrants qui n’ont rien de soldats(8) ». Cette logique de guerre conduit les candidats à la migration à des prises de risques de plus en plus importantes pour échapper à la surveillance des patrouilles de FRONTEX. La hausse du nombre de décès n’est pas le fait d’une catastrophe imprévisible mais le résultat de décisions prises en toute conscience des conséquences meurtrières.

La seconde mission de FRONTEX consistant en la signature d’accords avec les pays africains riverains de la méditerranée n’est rien d’autre qu’une externalisation du « sale boulot » pour reprendre une expression de la juriste Claire Rodier(9). Les conséquences de cette externalisation sont logiques :

« Cette externalisation qui consiste, pour les Etats européens, à sous-traiter la gestion de l’immigration irrégulière aux pays limitrophes (Maghreb, Europe de l’Est) a plusieurs avantages : d’une part, elle opère un transfert du « sale boulot » (déportations de masse, détentions arbitraires, tortures) dans des pays dont les standards sont moins élevés qu’en Europe, en permettant de s’affranchir des obligations que les lois européennes imposent en matière de respect des droits de l’homme ; d’autre part, elle participe du rapport de dépendance que l’UE entretient avec son voisinage proche. Car, aux pays concernés, on promet, en échange de leur collaboration, le financement d’actions de coopération ou des contreparties de nature politique ou diplomatique(10). »

Aux morts de la méditerranée, il convient donc d’ajouter les sévices, les brutalités et les morts de la sous-traitance. Ce rôle d’installation des conditions de l’assassinat institutionnel de masse est, bien entendu, absent des reportages que nos médias diffusent à chaque naufrage meurtrier. 




Le discours médiatiques sur les passeurs

Ayant occulté les causes structurelles de la hausse de la pression migratoire et les causes de sa traduction en décès dans la méditerranée, il ne reste au discours médiatiques qu’à ne se centrer que sur les passeurs. Ceux-ci seraient les seuls responsables de la situation et la lutte contre les réseaux de passeurs est présentée comme la solution. Le centrage des discours politiques et médiatiques sur les seuls passeurs contribue une nouvelle fois à occulter les véritables raisons des drames réguliers de la méditerranée.

Nous n’avons, bien entendu, aucune sympathie pour ces passeurs. Nous devons néanmoins rappeler que tant qu’il y a une demande de migrants, il y aura une offre de passages clandestins. C’est le propre des politiques qui ne veulent pas s’attaquer aux causes d’un problème social que de n’aborder que l’offre et d’occulter la demande. S’attaquer aux seuls dealers sans s‘interroger sur la demande de « paradis artificiels » d’un nombre grandissant de citoyens, adopter une politique prohibitionniste en matière d’alcool sans s’attaquer aux causes de l’alcoolisation, etc. Les exemples sont nombreux de ces politiques hypocrites prétendant agir sur les conséquences alors que les causes restent occultées.

Confrontés à une hausse des risques de contrôle, les passeurs sont incités à se débarrasser de leurs cargaisons encombrantes le plus tôt possible et par n’importe quel moyen. « De nouveaux éléments recueillis, mardi 16 septembre, par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont venus confirmer la thèse selon laquelle ce sont bien les passeurs qui ont volontairement embouti le bateau de centaines de migrants avant que celui-ci ne coule » souligne Elise Vincent dans l’édition du Monde du 16 septembre 2014. Si ces criminels doivent être poursuivis et jugés, il n’en demeure pas moins que de telles pratiques ne sont possibles que parce que la politique européenne en crée les conditions.

Ces mêmes orientations politiques créent une occasion de profit en or pour la mafia par l’exploitation de ceux qui ont pu échapper à la mort. Le journaliste de l’agence Reuter décrit comme suit cette nouvelle « poule aux œufs d’or » de la mafia à Lampedusa :

« Ici, à huit heures de bateau de la Sicile, la mafia fait déjà ses affaires en accueillant des migrants dans des centres exploités par des sociétés privées sur délégation de l’Etat. C’est toujours les mêmes qui gagnent les appels d’offre depuis des années. Un migrant rapporte en subvention une trentaine d’euros par jour. Avec ces dizaines de milliers de migrants, c’est un business en or, plus rentable même que le trafic de drogue, de l’aveu d’un gangster, piégé par des écoutes téléphoniques lors d’une enquête sur la corruption à Rome. Ce qui est vrai dans la capitale sera vrai partout en Italie. Une illustration de cette organisation, c’est le scenario, toujours le même, qui précède les secours. A bord des rafiots pourris partis de Libye, il n’y a rien à manger ou à boire, pas d’essence, mais un téléphone satellitaire pour appeler au secours. Un équipement bien trop coûteux pour les passeurs. A terre, les migrants fournissent une main d’œuvre à bon marché. Dans l’agriculture pour les hommes, dans la prostitution pour les femmes. Un véritable trafic d’esclaves, et les esclavagistes sont Africains et Italiens(11). »

Les travaux de recherche sur les discriminations considèrent qu’une des formes de celles-ci est la discrimination systémique c’est-à-dire étant la conséquence d’un système et non d’une décision volontaire de discriminer. Nous pouvons emprunter le même concept en ce qui concerne les morts de la méditerranée. Certes l’assassinat de ces migrants n’est pas direct. Il est en revanche le résultat inéluctable des politiques de l’Union Européenne tant dans sa politique africaine que dans sa politique migratoire, tant dans la hausse de la pression migratoire que dans sa traduction en décès à grande échelle.


source : http://www.michelcollon.info/Le-mur-meurtrier-de-la.html?hc_location=ufi