L’alerte que vient de lancer la BRI la semaine passée dans un rapport signé de son chef  Jaime Caruana est rouge cramoisi. Une vague immense, un véritable mur de dette, en train de se ruer sur nous. Un véritable crash cyclonique à nos portes.
Et ce n’est pas le recul mortifié de Ben Bernanke, patron de la Fed américaine, renonçant mercredi à limiter comme promis l’injection massive de 85 milliards de dollars chaque mois pour soutenir l’économie défaillante de son pays, qui va arranger quelque chose.
Célébrée par toutes les places boursières en état hallucinatoire avancé, cette annonce n’a pourtant rien de reluisant : elle reconnaît l’impuissance de l’ex-puissance américaine à redresser sa situation économique compromise sans injections permanentes de stimulants artificiels. Parallèlement, et malgré ces injections massives de liquidités, la Fed revoit une nouvelle fois à la baisse saprévision de croissance pour 2013.
Le compteur affolé
William White, ancien économiste en chef de la BRI, confirme les prévisions sinistres de Caruana. Nous sommes retournés à une situation pire que celle qui prévalait à la veille de l’effondrement de Lehman Brothers en 2008, affirme-t-il.
« Toutes les déséquilibres antérieurs sont toujours là. Les niveaux d’endettement public et privé ont augmenté de 30 % par rapport à ce qu’ils étaient alors. »
Au final, selon le compteur affolé de The Economist, la dette mondiale court à grand pas vers le chiffre totalement extravagant de 52 mille milliards de dollars :
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Dette publique mondiale au 21 septembre 2013 (source : The Economist)
C’est dire le poids des chaînes qui nous lient à nos prêteurs. C’est dire encore plus l’hécatombe qui menace ces derniers quand déferlera sur eux le tsunami impitoyable de cette dette infernale.
Fuite en avant éperdue
En plein débat mouvementé sur un plafond de la dette une nouvelle fois pulvérisée (au 15 octobre, c’est pliée, selon leurs propres spécialistes), le Congrès US va probablement voter un nouveau déplafonnement de dernière minute. Que peut-il faire d’autre, sinon exploser instantanément ? Pas grave, même si, aux dires de William White, cette politique de folie scie les pieds aux pays émergents :
« Nous avons ajouté un tout nouveau problème avec des bulles sur les marchés émergents qui ponctuent un cycle d’expansion-récession. »
Le Japon va poursuivre son hara-kirienne fuite en avant. Endetté à 211 % de son PIB, il doit consacrer plus de la moitié de ses rentrées fiscales à rembourser les seuls intérêts de sa dette actuelle. Et 46 % de son budget 2013 ne peut être financé que par de la dette supplémentaire. Mais pas grave tant que les médias fermeront les yeux sur le seul résultat probant de cette politique : une augmentation conséquente du déficit commercial.
En Chine, les dettes privées sont passées de 8 à 23 milliards de dollars depuis 2008. Mais pas grave, tant que les ex-apparatchiks communistes pourront nous refourguer des chiffres de croissance que plus personne n’est en mesure de valider.
En Europe, le ratio d’endettement a augmenté en un an de 88,2 à 92,2 %. Mais pas grave tant que chanteront les sirènes ridicules de quelque président français claironnant que la crise est derrière nous.
Menace sur les comptes des particuliers
Bref, devant nos pieds, des gouffres en pagaille sont en train de s’ouvrir. Les acteurs sont tétanisés, dépassés depuis belle lurette. Que vont-ils faire ? Rien. Rien d’autre que d’assister impuissants au passage du cyclone dévastateur en tentant juste de reculer en catastrophe l’inéluctable trépas de leur système.
Rien d’autre que de se donner le droit, comme vient de le proposer une directive de l’Union européenne dans le plus assourdissant des silences médiatiques, de saisir d’autorité les comptes bancaires des particuliers pour combler, en vain, ses trous béants (la garantie des 100 000 euros a bon dos).
On serait presque tenté de rire de leurs déconvenues. Mais le petit plaisir secret de voir tous ces pignoufs prendre le gadin ne peut hélas faire oublier les dégâts sociaux collatéraux qu’entraîneront leurs pitoyables manigances.
Car la chute est inéluctable, entendue. Désormais, l’issue fatale n’est plus seulement annoncée par quelques observateurs esseulés, mais par les plus hauts responsables au cœur même de l’empire condamné.