"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

lundi 25 mai 2015

Michel Sapin apporte le soutien de la France au ministre espagnol de l’Économie, un financier de droite ultra-libérale, pour prendre la présidence de l’Eurogroupe


Le « Socialiste » Michel Sapin apporte le soutien de la France au ministre espagnol de l’Économie, un financier de droite ultra-libérale, pour prendre la présidence de l’Eurogroupe

Le ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, était, ce 22 mai 2015, en visite officielle à Madrid. Il y a rencontré le ministre espagnol de l’Économie et de la Compétitivité, Luis de Guindos : http://www.abc.es/economia/20150522/abci-guindos-sapin-madrid-201505221916.html
Au siège du ministère, ils ont participé à une réunion commune puis à une conférence de presse au cours de laquelle Michel Sapin a défendu l’idée que l’Espagne devrait avoir un poste à haute responsabilité au sein des instances européennes.
Il a donc soutenu à mots couverts la candidature de Luis de Guindos à la présidence de l’Eurogroupe, poste exercé par Jeroen Dijsselbloem, homme politique néerlandais, depuis le 21 janvier 2013.
Bien que ce dernier ait déjà déclaré qu’il serait candidat à sa propre succession (le mandat d’un président de l’Eurogroupe durant deux ans et demi), le nom de Luis de Guindos circule en effet depuis longtemps.
Sa candidature bénéficie évidemment du soutien de son gouvernement, présidé par Mariano Rajoy, mais aussi d’autres pays, dont la France semble-t-il, et plus important encore de l’Allemagne.
Angela Merkel, sans trop se mouiller, a déjà fait comprendre qu’elle donnerait son aval à une nomination de Luis de Guindos à ce poste, notamment lors de son dernier déplacement officiel en Espagne, l’année dernière :  

 

L’ami de l’ancien directeur espagnol du FMI inculpé pour corruption…

Il est utile d’expliquer au public français qui est ce Luis de Guindos auquel Michel Sapin vient ainsi d’apporter le soutien implicite de la France, alors que le gouvernement français est censé être opposé politiquement au gouvernement espagnol…
Né en 1960 à Madrid, Luis de Guindos est économiste de formation et il appartient à l’un des grands corps de fonctionnaires en Espagne, le Corps supérieur des Techniciens commerciaux et des Économistes de l’État.
C’est un habitué du passage du public au privé puisqu’il a occupé divers postes au service de l’État au cours des deux gouvernements Aznar (1996-2004). Il a notamment été secrétaire d’État à l’Économie de 2002 à 2004.
Il s’est lié d’amitié avec Rodrigo Rato, ancien vice-président du gouvernement et ministre de l’Économie, également connu pour avoir laissé de très mauvais résultats lorsqu’il était à la tête du Fonds monétaire international, de 2004 à 2007. (Notons au passage que Rodrigo Rato est actuellement inculpé dans deux affaires de corruption en Espagne, et qu’il vient de faire l’objet, voici un mois, d’une nouvelle enquête fiscale pour soupçon de blanchiment d’argent… http://www.romandie.com/news/Espagne-nouvelle-enquete-du-fisc-sur-l039exdirecteur-du/584988.rom)

 

L’ancien directeur pour l’Espagne de la banque américaine Lehman Brothers tombée en faillite…

Directeur de l’Institut de l’Entreprise depuis 2010, Luis de Guindos a rejoint le monde de l’entreprise en 2004, après la défaite du Parti populaire aux élections générales. Il est en effet devenu membre du conseil d’administration d’Endesa, entreprise espagnole spécialisée dans la production et l’approvisionnement d’électricité et de gaz naturel.
Surtout, le plus savoureux est qu’il a été directeur pour l’Espagne et le Portugal de la banque Lehman Brothers, disparue en 2008 dans le tourbillon de la crise financière.
C’est sans doute pour saluer ce parcours que le nouveau premier ministre espagnol Mariano Rajoy a nommé Luis de Guindos ministre de l’Économie et de la Compétitivité le 22 novembre 2011, lors du retour de la droite au pouvoir à Madrid.
Luis de Guindos y a immédiatement mis en place un plan d’austérité très important et, si ses résultats macro-économiques (retour à la croissance, réduction du chômage, réduction du déficit public) sont relativement satisfaisants aujourd’hui, ils ont été obtenus au prix de coupes sombres et d’une cure d’une sévérité inouïe pour l’Espagne.
Ces résultats ne sont d’ailleurs pas mirobolants puisque, si le nombre de chômeurs a poursuivi son repli en mars, reculant de 60 214 sur un mois, il reste quand même au niveau extrêmement élevé de 4,45 millions. Et s’il est vrai que l’Espagne a renoué avec la croissance après cinq années de récession ou de stagnation, cette croissance du Produit intérieur brut (PIB) n’a jamais atteint que +1,4% en 2014, ce qui n’a rien de flamboyant.

 

Un banquier ultra-libéral fanatique…

Quoi qu’il en soit, il est intéressant de noter que Luis de Guindos est l’une des rares vraies survivances intellectuelles et idéologiques de l’ère Aznar au sein de la droite espagnole. Mais quelle survivance !
Il n’a jamais caché son admiration pour l’école autrichienne, qui est quand même l’un des courants économiques les plus libéraux de la période contemporaine. Il se revendique, entre autres, de Ludwig von Mises et de Friedrich Hayek : http://blogs.elconfidencial.com/economia/monetae-mutatione/2011-12-28/un-ministro-de-economia-austriaco_437699
L’on pourrait synthétiser ainsi sa pensée économique : les crises viennent de l’intervention de l’État, qui doit désormais toucher le moins possible à la monnaie et aux taux d’intérêt afin d’éviter tout nouveau problème.
L’objectif de Luis de Guindos était clair en début de législature : opérer des réformes économiques majeures et douloureuses destinées à juguler l’inflation et à favoriser la « liberté économique ». En décembre 2011, lors de la prise de pouvoir de la nouvelle majorité, certains se demandaient s’il pourrait avoir assez d’influence auprès de Mariano Rajoy (modéré et indécis de manière générale) pour imposer ses vues.
L’on sait aujourd’hui que c’est clairement le cas et que c’est bien sa ligne qui a prévalu. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant puisque cette ligne est en parfaite conformité avec les directives européennes…
Au-delà, c’est la ligne de Rodrigo Rato (qui était celle du premier mandat de José María Aznar et qui consistait à appliquer au champ économique le néoconservatisme en vogue dans le Parti populaire à ce moment-là) qui l’a emporté dans la conduite des affaires économiques.

 

Conclusion : « mon amie, c’est la finance »

Voilà donc qui est ce Luis de Guindos soutenu par Michel Sapin, socialiste autoproclamé : un pur produit des élites euro-atlantistes et de la finance internationale.
Après la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, il est désormais clair que, pour les socialistes français, « leur amie, c’est la finance ».

Nicolas KLEIN
Spécialiste de l’Espagne et du monde hispanophone
Responsable National de l’UPR en charge du pôle de traduction en langues étrangères

http://www.upr.fr/actualite/michel-sapin-apporte-le-soutien-de-la-france-au-ministre-espagnol-de-leconomie-un-financier-de-droite-ultra-liberale-pour-prendre-la-presidence-de-leurogroupe


vendredi 22 mai 2015

Les Français vont-ils laisser détruire l’agriculture française ?

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Les agriculteurs français – mais aussi les pêcheurs – sont entrés dans une phase critique de leur histoire. C’est désormais leur existence même, en tant qu’exploitants individuels, qui est menacée de disparition pure et simple, comme cela n’a jamais été le cas au cours des deux millénaires qui les ont précédés.
L’extrême gravité de leur situation résulte de la « prise en tenailles » entre deux contraintes structurelles, qui sont en train de les broyer comme deux mâchoires.

 

La première mâchoire : l’Union Européenne


Comme l’actualité le démontre chaque jour, la production agricole française souffre énormément de la concurrence étrangère dans la plupart de ses filières comme la viande, les légumes, le vin, les fruits et le lait. Cette concurrence est imposée par les Traités de l’Union Européenne (*1). On peut d’ailleurs dire que la concurrence est l’essence même de la plupart des articles des traités et des directives européennes.
À titre d’illustration, on mentionnera par exemple, dans le Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE), les articles 26 (alinéa 2), 28 (alinéa 1 et 3), 30, 34 et 119 (alinéa 2). Sans que l’écrasante majorité des Français n’en aient conscience le moins du monde, ces articles imposent une ouverture totale du marché agricole et, dans le même temps, interdisent de protéger les productions locales et nationales du dumping social, salarial, sanitaire et environnemental que subissent nos agriculteurs depuis les 22 ans et demi qu’est entré en vigueur le Traité de Maastricht. Les textes européens traquent tout ce qui peut s’apparenter de près ou de loin à des quotas, des taxes, des aides publiques, une dépréciation compétitive de la monnaie, ou l’interdiction d’importation d’un produit.
La conséquence de cette chasse frénétique, obsessionnelle, à la moindre mesure de protection sectorielle est aussi simple qu’inéluctable : puisque les salaires agricoles sont plus élevés et que les réglementations sont plus sévères en France que dans le reste de l’UE – a fortiori que dans le reste du monde -, les charges d’exploitation y sont aussi nettement plus élevées. La mise en concurrence sans protection contraint donc les agriculteurs français, encore plus que les agriculteurs des autres pays de l’UE, à lutter pour leur survie en accroissant sans cesse leur productivité.
L’alternative dans laquelle ils sont placés ne souffre aucune discussion : soit ils parviennent à obtenir toujours plus de rendement, soit ils mettent la clé sous la porte.
Pendant de nombreuses années, cette course au rendement et à la survie s’est traduite par un agrandissement constant des surfaces d’exploitation, une intensification des cultures, la traque des pertes de production et un recours croissant aux engrais et pesticides.
Mais ces solutions palliatives n’ont qu’un temps. Après plusieurs décennies de mise en œuvre, ces remèdes sont en train d’épuiser leurs effets. La production agricole française, déjà très efficace, a atteint ses limites dans le cadre réglementaire et social qui est le nôtre. Elle en a même parfois déjà trop fait, en intensification et en recours aux engrais par exemple.
L’agriculture française est donc confrontée à un nouveau et implacable défi : faute d’obtenir la moindre mesure de protection, et faute de pouvoir accroître encore massivement sa compétitivité, elle est désormais dans l’impossibilité de s’aligner sur les autres pays du monde. Sauf si nous consentons à briser notre modèle social et réglementaire pour les harmoniser au niveau des autres.
Très concrètement, cela signifie que l’agriculture et la pêche artisanales françaises doivent, sous peine d’anéantissement, procéder désormais : 

  • à la baisse des salaires. Il faut savoir que la charge salariale représente 75% des coûts de production dans les filières légumes, vins et fruits par exemple, ce qui représente un impact déterminant dans la course à la compétitivité.
  • à l’abaissement des normes d’hygiène et sanitaires nationales : elles sont nettement plus élevées en France, dans les filières viandes et lait notamment, mais aussi dans la pêche.
  • à la dégradation des normes environnementales : en règle générale, elles sont plus élevées en France, et dans toutes les filières, que dans les autres pays de l’UE et du monde.
  • à la poursuite effrénée de l’intensification, en augmentant encore et encore l’utilisation de produits chimiques en agriculture.

Production industrielle de poulets aux États-Unis




 La ferme-usine des 1000 vaches a été construite sur le territoire des communes de Buigny-Saint-Maclou et de Drucat, près de l’aérodrome d’Abbeville, dans la Somme. Elle est conçue pour gérer de façon industrielle environ 1 000 vaches laitières (à l’origine de son surnom) et une unité de méthanisation de 1,3 mégawatts.


On voit désormais clairement la perspective ainsi tracée par les contraintes européennes – que le projet de grand marché transatlantique TAFTA ne va faire qu’aggraver :
  • une industrialisation forcenée de l’agriculture et de la pêche, devenues de simples filiales de production des multinationales de l’agro-alimentaire et de la distribution,
  • la fin des terroirs (sauf dans les rares sanctuaires bénéficiant de « l’Appellation d’Origine Protégée » : AOP),
  • et la disparition à terme des agriculteurs et des pêcheurs artisanaux, dont les derniers spécimens seront ravalés au rang d’attractions touristiques, comme des Amérindiens parqués dans des réserves.


En bref, il s’agit de la destruction de l’identité bimillénaire de la France agricole.
Cette monstrueuse perspective est, bien entendu, rejetée sans hésitation par l’UPR. Ce rejet constitue d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous appelons les Français à se rassembler en urgence pour faire sortir la France des traités européens.


Jean-Pierre, 43 ans, habite à Riom-ès-Montagnes (Cantal). Éleveur célibataire, il vit seul avec sa mère dans l’exploitation familiale. « Les agriculteurs, on nous voit riches avec nos terres…. C’est peut-être « Le bonheur est dans le pré », mais les gens ne voient pas que derrière, il y a les banques, les emprunts… » confie Jean-Pierre, dont les dernières vacances ont été un séjour à l’hôpital. Source : article du Figaro du 29/11/2013 « Les oubliés de nos campagnes »

Le suicide des agriculteurs qui n’arrivent plus à gagner suffisamment d’argent pour rembourser leurs emprunts a pris de telles proportions que les pouvoirs publics ont lancé une ligne téléphonique spéciale pour tenter de sauver les agriculteurs en détresse.

Le mythe de « l’harmonisation vers le haut »


Mais la gravité de la menace qui pèse sur l’agriculture française est cachée à la grande masse des Français. Les responsables des autres partis politiques et des syndicats professionnels préfèrent botter en touche et tenir les habituels propos ambigus et trompeurs du type : « il faut une harmonisation européenne »…
Ce qu’ils ne disent jamais, c’est que si les traités européens ont en effet pour conséquence de forcer à l’harmonisation, cette harmonisation n’a aucune chance de se faire « vers le haut » (c’est à dire vers le niveau français) puisque la sacro-sainte philosophie de la concurrence des euro-atlantistes ne cesse de pousser à l’alignement vers le bas, comme le prouvent à l’envi les décennies écoulées.
Le caractère inéluctable de cette harmonisation « vers le bas » découle de deux logiques concomitantes qui se renforcent l’une l’autre :
  • d’une part, les multinationales de la distribution et de l’agro-alimentaire, dont les lobbyistes sont omniprésents dans les couloirs de Bruxelles, ne sont pas précisément des sociétés philanthropiques. Ce sont des grands groupes qui doivent dégager des profits trimestriels colossaux pour satisfaire aux exigences de leur actionnariat et qui, de ce fait, exercent une pression constante à la baisse sur les prix payés aux producteurs à travers le monde.
  • d’autre part, les pays de l’Union européenne qui ont les conditions salariales et les normes sanitaires les moins contraignantes en matière agricole bénéficient d’un avantage compétitif considérable. C’est cet avantage qui leur a déjà permis de s’emparer de grosses parts de marché, aussi bien en France que dans le reste du monde. Leurs dirigeants n’accepteront jamais une « harmonisation vers le haut » qui ruinerait cet atout décisif, par exemple en alignant leurs salaires sur les nôtres. Rappelons ici que la France ne peut en aucun cas forcer ces pays à modifier les règles européennes à notre avantage et à leur détriment, puisque tout changement des traités européens ne peut se faire qu’à l’unanimité des États-membres (article 48 du traité sur l’Union européenne – TUE).

Les politiciens et les syndicalistes ayant table ouverte dans les grands médias peuvent bien réclamer une « harmonisation vers le haut », toutes leurs déclarations ne peuvent donc rester qu’au stade du vœu pieux et de l’incantation. C’est d’ailleurs exactement ce que l’on constate depuis des années.
La solution au problème est évidemment ailleurs : dans la sortie de ce système européen absurde qui entraîne notre agriculture à la ruine. Comme le dit le proverbe: « Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ».

Murielle, 54 ans, habite à Signy-L’Abbaye (Ardennes). Son mari était agriculteur. Il s’est suicidé 3 mois avant cette photo. Un autre suicide d’agriculteur a eu lieu quelques jours avant, à 12 km.  Source : article du Figaro du 29/11/2013 « Les oubliés de nos campagnes »


Loin, très loin du problème des agriculteurs français…. L’actuel Commissaire européen à l’Agriculture et au développement rural est l’Irlandais Phil Hogan, depuis le 1er novembre 2014. Auparavant ministre de l’Environnement, du Patrimoine et des gouvernements locaux de la République d’Irlande, il y a laissé une traînée de scandales : dépenses somptuaires et inutiles, grossièretés sexistes, etc.Parmi ses derniers scandales, l’Irish Times a dénoncé le voyage d’agrément, tous frais payés par le contribuable, avec sa maîtresse – son attachée de presse – à Doha, capitale du Qatar. À l’évidence, cet homme préfère la vie luxueuse de l’émirat du Qatar à la vie précaire des agriculteurs français qu’il conduit à la ruine.

La deuxième mâchoire : la guerre des prix dans la grande distribution.

Le 4e Rapport au Parlement de l’Observatoire National de la Formation des Prix et des Marges (*2) qui vient d’être publié en avril 2015 a fait ressortir une baisse des prix à la production, en 2014, sur l’ensemble de la chaine agroalimentaire, de -5% par rapport à 2013.
Cette chute de -5% en un an est considérable. Elle a une conséquence catastrophique sur notre agriculture, car environ 70% des produits agricoles français sont vendus en grande distribution, les autres 30% étant écoulés par la vente directe et l’exportation. Toutes les filières sont concernées, à l’exception du blé dur qui est un produit de base, consommé dans les pays du monde en forte croissance démographique, donc avec une demande toujours croissante et des prix en hausse.
Certains observateurs tentent de se rassurer en montant ce dernier point en épingle et en affirmant que le marché du blé dur est porteur pour les producteurs français. Ce n’est certes pas faux. Mais se porter sur ce créneau impliquerait une spécialisation du métier vers le blé, ce qui est tout bonnement impossible pour environ la moitié de nos exploitations, à cause de facteurs naturels, en plaine ou en montagne. Cela poserait aussi le problème de l’abandon de notre autonomie alimentaire nationale, laquelle ne peut être assurée que par la diversification.
Ce même rapport montre que, dans la plupart des cas et en moyenne, les grandes surfaces de distribution ont récupéré de la valeur ajoutée en 2014 (point également souligné par la revue L’Information Agricole du Rhône, n°2326, page 9).
En d’autres termes, les entreprises de grande distribution profitent de la concurrence étrangère pour faire baisser les prix payés aux agriculteurs français, mais elles ne répercutent ces baisses, selon les produits, que très peu, voire pas du tout, dans le prix de vente aux consommateurs. Les marges de la distribution augmentent donc encore.
On constate ainsi, encore une fois, que les seuls vrais bénéficiaires de la Politique Agricole Commune sont désormais les grandes entreprises de distribution et leurs actionnaires.
Il faut insister sur le fait que cette guerre des prix est AUSSI une conséquence indirecte des traités européens. Car ce sont ces traités qui sont principalement responsables de la baisse du pouvoir d’achat des Français, laquelle résulte du chômage dû aux délocalisations tous azimuts autorisées par l’Union Européenne (article 68 du TFUE).
Les grandes enseignes cherchent à s’adapter à cette baisse globale du pouvoir d’achat en pesant sur les prix payés aux producteurs.

Conclusion

D’un coté les agriculteurs français ne peuvent pas diminuer leurs coûts de production, sauf dans le cadre d’un abaissement drastique des salaires et des normes sanitaires et environnementales.
De l’autre côté, leurs prix de vente sont orientés à la baisse, ce qui engendre une baisse de leurs revenus à court et moyen terme dans le cas général, à long terme dans le meilleur des cas.
L’avenir de l’agriculture française est donc très sérieusement mis en danger par cet effet de ciseaux, qui découle directement des contraintes européennes. Il en résulte que, si notre pays reste dans l’Union européenne, et quelles que soient les divagations sur une « harmonisation vers le haut » à la Saint-Glinglin :
  • le nombre d’agriculteurs et de pêcheurs en France va continuer à diminuer rapidement jusqu’à leur quasi-disparition, au profit d’une agriculture et d’une pêche industrielles de qualité médiocre, destructrice de l’environnement, de l’identité de nos terroirs et de la civilisation agricole de notre pays ;
  • les quelques dizaines de milliers d’agriculteurs français subsistants seront ceux qui ont la chance matérielle de se situer dans des marchés de niche (grâce aux AOP notamment), lesquels sont limités par le pouvoir d’achat des consommateurs.

Précisons que ces marchés de niche sont réservés aux plus riches et ont un impact environnemental très important, car ils contraignent les agriculteurs qui s’y livrent à devoir exporter leurs productions aux quatre coins du monde. Dans le même temps, vu que le pouvoir d’achat des Français baisse, nous devrons aussi importer de plus en plus des produits agricoles « bon marché » de moindre qualité.
Dans tous les cas, le résultat complémentaire de ces évolutions sera une augmentation en flèche de « l’empreinte carbone », du fait d’un recours massif aux exportations et aux importations de produits agricoles. Soit dit en passant, ce résultat nocif est totalement contradictoire avec les « objectifs carbone » proclamés par la Commission européenne en février 2014, qui s’est « engagée » à une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030… (*3)

Il est fondamental que les Français aient une conscience claire de ces sombres perspectives.
Si nous laissons faire, – c’est-à-dire si nous restons dans l’UE -, le pays que nous transmettrons à nos enfants et petits-enfants aura perdu ses agriculteurs, ses pêcheurs, ses paysages, sa douceur de vivre et son âme.

Christophe BLANC
Agriculteur
Responsable national de l’UPR chargé de l’agriculture.



NOTES













samedi 9 mai 2015

Les États-Unis vainqueurs militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Europe ? Vous le croyez vraiment ?

Combattante de l'Armée Rouge à Berlin, 1945

Les États-Unis vainqueurs militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Europe ?

 Cette question peut être abordée sous trois angles:

- celui de la contribution militaire aux pertes (critère imparfait certes).
- celui de la chronologie des opérations.
- celui du poids respectif des fronts.

Nous citons Omer Bartov, historien dont la notoriété et la qualité des travaux sont incontestables.

1- Contribution militaire aux pertes.

S'agissant du niveau de ces pertes, une évaluation étasunienne donne 400.000 pour les pertes de l'US Army dont sans doute 230.000 en Europe et Afrique du Nord. Les pertes de la Wehrmacht ont été revues à la hausse ces dernières années (de 4.000.000 initialement à 5.533.000 aujourd'hui). Les pertes soviétiques ont été recalculées à trois reprises entre 1945 et 1991. Les tués au combat de l'Armée rouge représentent près de 5.000 morts par jour, soit des pertes journalières quatre fois plus élevées que celles subies par l’armée impériale russe sur ce même front de 1914 à 1917.
La commission d'historiens constituée en 1987 en Fédération de Russie évalua le bilan des pertes à 26,6 millions dont près de 10 millions de tués pour l'Armée rouge, 10 millions pour les pertes civiles directes et 7 millions pour les pertes civiles indirectes (surmortalité). Les chiffres donnés pour l'extermination de civils concernent des civils abattus individuellement ou collectivement par le Reich dans les territoires soviétiques conquis et occupés en 1941, 1942 et jusqu'en 1943.

Tués de l’Armée rouge. 9.450.000.
dont tués directs. 6.400.000
dont prisonniers de guerre soviétiques exterminés. 2.500.000.
dont morts d’accidents et fusillés par le NKVD. 550.000.

Le total des pertes militaires et civiles de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 75% du total des pertes humaines subies en Europe (87% avec la Pologne, en quatrième vient la Yougoslavie avec 2,1%).

Si l'on ne considère que les pertes militaires, tous camps confondus, les tués de l’Armée rouge constituent 53% du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de la Wehrmacht 31% et ceux de l’armée nord-américaine 1,3% (Royaume-Uni 1,8%, France 1,4%). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent donc 84% du total de toutes les pertes militaires subies en Europe.

Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 88% du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3% - France 2,3% - Etats-Unis 2,2%).

De 1941 à 1945, 80% des pertes de la Wehrmacht sont subies sur le front russe. "Fin mars 1945, la totalité des pertes de l’Ostheer (la Wehrmacht sur le front russe) s’élevait à 6.172.373 hommes, soit prés du double de ses effectifs initiaux, au 22 juin 1941. Ce chiffre représentait 80% des pertes subies par la Wehrmacht sur tous les fronts depuis le déclenchement de l’invasion de l’Union soviétique. En termes relatifs, les unités combattantes sur le front russe avaient subi des pertes encore plus importantes". O. Bartov.

Les pertes militaires du conflit germano-russe au sens strict (les seules opérations militaires impliquant une confrontation entre l'Armée rouge et la Wehrmacht) sont de 13.876.400 soit 78% du total des pertes militaires subies en Europe. Si l'on rajoute les forces de l'Axe qui combattirent en Russie (Hongrie, Roumanie, Italie qui eut jusqu'à 200.000 hommes sur ee front) le rapport est encore plus élevé.

2- La chronologie des opérations.

Début 1944, l’Armée rouge met en ligne deux fois plus de chars, quatre fois plus d’avions d’assaut que le Reich. Engagée dans une guerre totale contre la Russie, l’industrie de guerre allemande « tourne » pourtant au maximum de ses capacités et ne cesse de se développer jusqu’au début de 1945 (ses dépenses militaires passent de 35% du PNB en 1940 à 65% en 1944). Dés la fin de 1943, la poussée des armées soviétiques vers l’Allemagne, parsemée de batailles dont l’ampleur et la férocité sont sans équivalent à l’Ouest, apparaît irrésistible. Même si en 1943 la Wehrmacht peut encore aligner 258 divisions en Union soviétique (5 millions d’hommes sur le papier, en fait probablement moins de 3 millions, soit prés de 80% des effectifs totaux de l’armée allemande qui compte en tout 320 divisions fin 1943) il s’agit d’une armée saignée à blanc, qui a perdu ses capacités d’initiative et ses meilleures troupes.

Les armées soviétiques attaquent sans interruption depuis août 1943, sur un front continu de plus de 2.000 km. La Wehrmacht subi défaite sur défaite. Les Russes ont adopté les techniques de la guerre-éclair, et font des centaines de milliers de prisonniers (en mai 1945 on dénombre plus de 3 millions de prisonniers allemands détenus en URSS). Le 5 août 1943 une salve d’honneur fête la libération d’Orel. Le 5 août 1943 est ainsi le début du temps des « Salves de la Victoire ». Minsk est libérée en juillet 1943, Smolensk en septembre.

Le 8 avril 1944, alors que les alliés n’en sont qu’aux préparatifs de leur débarquement en France, une salve de 324 canons marque, à Moscou, l’arrivée de l’Armée rouge en Roumanie et en Tchécoslovaquie. Fin avril 1944, les Russes sont aux portes de la Prusse orientale. En juin 1944, avec 124 divisions et prés de 6.000 chars d’assaut, ils infligent sur un front de 600 km une défaite totale aux divisions allemandes qui combattent en Biélorussie. L'"opération Bagration" aboutit à la destruction complète du groupe d'armées Centre, et constitue la plus grande défaite de la Wehrmacht de la Seconde Guerre Mondiale (380.000 tués et 150.000 prisonniers, 25 divisions anéanties). En juillet 1944, les fantassins soviétiques sont sur la frontière polonaise. Le 28 août ils pénètrent en Hongrie (conquise fin décembre après de très durs combats), en septembre les pays baltes sont libérés, les divisions russes entrent en Finlande. En octobre, les Russes sont en Yougoslavie. Pour la seule année 1944, les armées russes anéantissent 136 divisions allemandes et 50 des pays satellites.
La Russie lance l’offensive finale sur l’Allemagne en plein hiver, sur un front s’étendant de la Baltique à l’Adriatique, avec 6,7 millions de combattants, prés de 8.000 chasseurs et bombardiers, 5.000 pièces d’artillerie autotractées, 7.000 chars contre 3.500, 50.000 canons. Varsovie est libérée le 17 janvier 1945. Le 19 janvier 1945, les premières unités pénètrent en Allemagne. Les chef militaires soviétiques ont la possibilité de foncer sur Berlin dés février (le 30 janvier 1945 les armées de Joukov sont sur l’Oder, à 70 km de la Chancellerie du Reich) mais ils préfèrent d’abord liquider le corps d’armées de la Wehrmacht en Prusse-Orientale puis le réduit de Poméranie, qui menacent leur flanc nord, et nettoyer le flanc sud (Europe centrale). 60 divisions allemandes ont été anéanties lors de ce premier assaut. Pour ralentir la poussée furieuse des Russes, le commandement allemand transfère encore 29 divisions du front ouest vers l’Est, dégarnissant encore un front ouest qui, pourtant, mobilisait déjà moins de 25% des forces du Reich depuis juin 1944.

Le 13 janvier 1945, l’Armée rouge se lance à l’attaque de la Prusse Orientale avec 1,6 million de soldats. La Wehrmacht attend l’assaut avec 45 divisions, soit 580.000 soldats. Au terme de combats d’une incroyable férocité les poches de résistance de l’armée allemande sont liquidées les unes après les autres. Le désastre est total pour l’armée allemande. Il ne reste pratiquement plus rien de son corps d’armées de Prusse-Orientale après seulement trois mois d’offensive russe. Toute l’Allemagne s’ouvre alors à l’Armée rouge.

Les Nord-Américains ne parviennent à traverser le Rhin que le 7 mars 1945 (le 31 mars pour la 1ère Armée française). Le 13 avril 1945 les Russes ont déjà conquis Vienne. Le 16 avril, la Stavka lance à l’assaut de Berlin (3,3 millions d’habitants) une armée de 2,3 millions de combattants équipée de 41.600 canon, épaulés de 6.200 chars et canons autopropulsés, 7.200 avions (quatre armées aériennes). Le 9 mai, l’Allemagne, représentée par Keitel, signe à Berlin (Karlshorst), devant son vainqueur représenté par Joukov, sa capitulation sans conditions.

3- L'importance respective des fronts.

« C’est en Union soviétique que la Wehrmacht eut les reins brisés, bien avant le débarquement des Alliés en France; même après juin 1944, c’est à l’Est que les Allemands continuèrent à engager et à perdre la majorité de leurs hommes. Pour l’écrasante majorité des soldats allemands, l’expérience de la guerre fut celle du front russe ». O. Bartov.

De juin 1941 à juin 1944, le front de la Seconde Guerre Mondiale, en Europe, est le front russo-allemand. Jusqu'en mars 1945, la Wehrmacht y consacre l’essentiel de ses ressources en hommes et en matériels. 34 millions de Soviétiques sont mobilisés dans les rangs de l’Armée rouge de 1941 à 1945, tandis que quelques 20 millions d’Allemands portent, à un moment ou à un autre, l’uniforme de la Wehrmacht sur le front russe.

En juillet 1943, lors de la gigantesque bataille de Koursk, à peine sept divisions et deux brigades (2,7% des forces allemandes) sont engagées face aux Américains et aux Britanniques. Le reste (91 divisions et 3 brigades) se trouve cantonné dans les territoires de l’Europe occupée. Les alliés ont certes pris pied en Afrique du Nord en novembre 1942 (débarquement de 70.000 hommes à Alger et Oran), en Sicile en juillet 1943 (160.000 hommes), en Italie à Salerne (sud de Naples) en septembre 1943 et à Anzio en janvier 1944, mais les moyens engagés pèsent encore de peu de poids (la Wehrmacht n'a que 23 divisions en Italie début 1944) comparés à la démesure des effectifs et des matériels présents depuis 1941 sur le front russe.

La comparaison est difficile entre la guerre sur le front russe, depuis 1941, et celle menée sur le front ouest, essentiellement à partir de juin 1944. Sur le premier, on assiste à une « Guerre de Titans » démesurée et totale. La « guerre industrielle » y atteint un paroxysme jamais égalé depuis, parsemée de gigantesques batailles d’anéantissement. Sur le front ouest, on voit des combats d’arrière-garde, sans influence sur l’issue d’une guerre que l’état-major allemand sait avoir perdu face à l'Union soviétique dés 1943.

La part du front russe dans les opérations de la Wehrmacht est écrasante, y compris jusqu’en mai 1945. La comparaison des pertes subies par la Wehrmacht sur les deux fronts à partir de juin 1944 montre bien, encore une fois, la part presque exclusive du front russe même après le débarquement des alliés. Du 1er juillet au 31 décembre 1944, pendant cinq mois, lors de la grande offensive soviétique contre le groupe d’armées du Centre, les Allemands perdent chaque mois en moyenne 200.000 soldats. A l’Ouest, au cours de la même période, c’est-à-dire après le débarquement allié en Europe, la moyenne des pertes allemandes s’élève seulement à 8.000 hommes par mois (soit un rapport de 1 à 25).

Quand les alliés débarquent le 6 juin 1944, l'essentiel de la capacité militaire allemande a déjà été anéantie par l'Union soviétique. Elle ne peut plus guère opposer aux troupes alliées qui viennent d’être débarquées en Normandie (150.000 hommes) que 30 divisions, réparties dans un rayon de 250 km autour de la zone de débarquement. Il s’agit de divisions dont la valeur opérationnelle n’a plus grand chose à voir avec celle des 200 divisions qui attaquèrent la Russie en juin 1941, d’unités ramenées à 25% de leurs effectifs de combat, avec peu de matériels, et composées de rescapés du front russe et d’adolescents n’ayant pas connu le feu. En juillet 1944, plus d’un million d’hommes auront été débarqués en France (60 divisions nord-américaines, 18 anglaises, 10 françaises). La seule vraie réaction d’envergure de l’Allemagne sera la contre-offensive des Ardennes de décembre 1944 où elle ne parviendra pourtant qu’a engager... 21 divisions, qui suffiront cependant à stopper la progression américaine, alors que depuis octobre 1944 l’Armée rouge se trouve déjà à 70 km de Rastenburg, QG de Hitler en Prusse Orientale.

Le front ouvert en juin 1944 aura donc eu, militairement, environ neuf mois d’existence contre 47 mois pour le front russe où, là, les combats resteront acharnés jusqu’au tout dernier jour.
L’ouverture d’un second front obligera le Reich à dégarnir le front russe. Mais le front ouest (France, Italie) ne mobilisera jamais plus de 75 divisions allemandes, dont une minorité de divisions combattantes, à comparer aux 220 divisions de la Wehrmacht début 1944, qui subissent les assauts des armées russes. Au plus fort de leur engagement en Europe, à la fin de 1944, c’est-à-dire à la fin d’une guerre déjà gagnée, les Etats-Unis mettront en ligne 90 divisions, à comparer aux 360 divisions de l’Armée rouge qui combattent l’Allemagne nazie depuis 1941.

L’étonnante facilité de la progression des armées nord-américaines en Europe à partir de septembre 1944 ("la chevauchée de Patton"…), le faible niveau des pertes en vies humaines de ces forces, font simplement pendant à la défaite qui a emporté la Wehrmacht sur le front russe. A partir de 1945, l’état-major de la Wehrmacht décide d’opposer une résistance de faible intensité à l’avance des troupes alliées en Allemagne tout en poursuivant une guerre féroce et acharnée contre l’Armée rouge (600.000 soldats soviétiques tués pour la libération de la Pologne, 700.000 autres tués dans les combats pour les pays baltes). Les forces britanniques de Montgomery (20 divisions et 1.500 chars) traversent le Rhin en Hollande à partir du 23 mars 1945 sans rencontrer de résistance sérieuse. On mesure le peu d’opposition rencontrée si on observe que la 9ième armée américaine, qui fournissait la moitié de l’infanterie d’assaut, a eu alors moins de 40 tués.

Ainsi que le souligne P. Miquel, les opérations de l’année 1944 ressortent avant tout d’une volonté de « conquêtes territoriales » (avec des implications majeures concernant le partage politique de l’Europe continentale après le conflit) : la question qui se pose en juin 1944 n’est plus celle de la victoire sur l’Allemagne. Le débarquement allié de juin 1944 n’eut ainsi aucune importance sur l’issue militaire du conflit en Europe (politiquement et économiquement c'est évidemment une autre question).

4- Conclusion

La Seconde Guerre Mondiale en Europe a été, pour l’essentiel, une guerre germano-russe (à 80% si l'on veut). C'est le constat d'un rapport de proportion et non celui d'une valeur donnée à tel ou tel camp.

L’intervention des Etats-Unis en Europe, bien trop tardive pour vraiment peser militairement, a essentiellement une motivation politique et économique. Elle a pour objectif d'empêcher Staline d'occuper toute l’Europe de l’Ouest (si tant est qu'il en ait eu l'intention) : en mai 1945 l’Armée rouge occupe l’Autriche et campe aux portes de l’Italie et de la Suisse.

La contribution militaire étasunienne est négligeable (moins de 3% des pertes alliées en Europe). Elle n'est pas décisive militairement car elle n'a pas pesé dans un résultat final déjà acquis, même si cette contribution a accéléré de quelques mois une victoire de toute façon déjà remportée par l'Union soviétique.

La reconstruction, à partir des années 50 (guerre froide aidant) d'une réalité devenue fantasmée ("les Etats-Unis vainqueurs du Second conflit mondial") et la victoire contre le Japon n'enlèvent rien à ce fait. Pour les Français, s'il faut rendre un hommage, c'est donc d'abord aux soldats soviétiques qu'il faut le rendre puisque c'est leur sacrifice qui a permis le débarquement allié de juin 1944 qui les a "libéré".

En Europe, et comme en 1917, en misant peu, les Etats-Unis ont beaucoup récolté: une gloire usurpée (puissance des représentations), une Europe de l'ouest peu ou prou sous tutelle (la leur), la préservation de leurs débouchés économiques en Europe, l'éviction et le remplacement des positions commerciales mondiales occupées par l'Europe en 1940, et l'imposition du dollar. Enfin, en livrant essentiellement une "guerre de matériels", les Etats-Unis ont réussi à s'extirper de leur grande crise des années 30.

http://gaideclin.blogspot.fr/2015/05/les-etats-unis-vainqueurs-militaires-de.html

vendredi 8 mai 2015

Des généraux allemands disent « stop » à la russophobie

Près d'une centaine de généraux et d'officiers supérieurs de l'ex-RDA ont signé une lettre ouverte intitulée "Soldats pour la paix", dans laquelle ils condamnent la politique de l'Occident vis-à-vis de la Russie.

Selon les militaires, le remaniement du monde sous l'égide des USA et de leurs alliés a conduit à de nombreuses guerres. Pourtant, l'histoire montre qu'il est préférable d'être ami avec les Russes plutôt que l'inverse. Cette lettre sera envoyée au Bundestag et aux ambassades des pays de l'Otan.

Les représentants du commandement militaire de l'ex-RDA appellent les pays de l'Otan à stopper l'hystérie militaire et la russophobie. La lettre "Soldats pour la paix" a été publiée sur le site du quotidien allemand Junge Welt.

"Nous savons bien ce qu'est la guerre, et nous prônons la paix", indique le message signé par les ex-ministres de la Défense de l'ex-RDA Heinz Kessler et Theodor Hoffmann, trois généraux de corps d'armée, 19 généraux de division, 61 généraux de brigade, dont le cosmonaute Sigmund Jähn, plusieurs amiraux, ainsi que des colonels et des capitaines.

70 ans après la fin du conflit qui a coûté la vie à 27 millions de Soviétiques, la guerre redevient un compagnon de l'humanité, note la lettre. "Le remaniement du monde sous l'égide des USA et de leurs alliés a conduit aux guerres en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, au Yémen, au Soudan, en Libye et en Somalie", souligne la lettre.

Les militaires allemands indiquent que la stratégie américaine vise à éliminer la Russie en tant que concurrent et à affaiblir l'Union européenne. Et la tentative de faire de l'Ukraine un membre de l'UE et de l'Otan, selon eux, est une aspiration à créer un "cordon sanitaire" de la région balte jusqu'à la mer Noire pour isoler la Russie du reste de l'Europe, ce qui rend impossible l'union entre la Russie et l'Allemagne.

Les signataires de cette lettre remarquent également une campagne sans précédent des médias, une atmosphère d'hystérie militaire et de russophobie. D'après eux, cette tendance va à l'encontre du rôle diplomatique que pourrait jouer l'Allemagne au regard de sa situation géopolitique, de son expérience historique et des intérêts objectifs du peuple.

"Nous n'avons pas besoin d'une campagne militaire contre la Russie, mais d'une entente mutuelle et d'une coexistence pacifique. Nous n'avons pas besoin d'une dépendance militaire des USA, mais de notre propre responsabilité pour la paix", écrivent les militaires.

"En tant que militaires, nous savons bien que la guerre ne doit pas être un outil de la politique. En s'appuyant sur notre expérience, nous pouvons évaluer les conséquences pour toute l'Europe", a déclaré dans une conférence de presse l'ex-ministre de la Défense de la RDA l'amiral Theodor Hoffmann. Selon ce dernier, plusieurs signataires de cette lettre ont été témoins de la Seconde Guerre mondiale. Il a souligné également que les problèmes clés de notre époque ne pouvaient être réglés qu'en coopération avec la Russie.

"L'expérience montre qu'il vaut mieux être ami qu'ennemi avec les Russes", conclut Hoffmann.

http://fr.sputniknews.com/presse/20150506/1015966495.html#ixzz3ZMilp3dN