"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

samedi 14 juillet 2012

NON-ASSISTANCE À PEUPLE FRANÇAIS EN DANGER partie 2



LA DESTRUCTION DE NOTRE INDUSTRIE EST LE RÉSULTAT DIRECT DU TRAITÉ DE MAASTRICHT (articles 32 et 63 du TFUE, taux de change de l'euro, pacte budgétaire).

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En photo : Usine PSA-DONGFENG à Wuhan 武汉, dans la province du Hubei (Chine). Le groupe PSA, qui vient de décider de fermer son usine d'Aulnay-sous-bois en 2014, a également décidé en avril dernier de doubler sa production en Chine, en visant l'objectif de 900.000 véhicules en 2014.
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Si toute l'industrie des États-Unis et de l'Europe occidentale s'effondre, à l'exception des entreprises située en quasi-monopole ou sur des créneaux d'excellence, c'est bien qu'il y a des raisons communes à tous ces pays.

Quelles sont ces raisons ?


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LE GRAND SECRET : CE SONT LES CHOIX STRATÉGIQUES DE LA
« MONDIALISATION » ET DE LA « CONSTRUCTION EUROPÉENNE » QUI TUENT L’INDUSTRIE EUROPÉENNE
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M. de La Palice l'aurait dit : si l'industrie en général - et l'industrie automobile en particulier -, se porte mal ou très mal (sauf cas particuliers) en Europe occidentale, c'est tout simplement parce que l'on y a placé les entreprises dans une situation qui n'est pas viable.

Et si la situation n'est pas viable, c'est sous l'effet de 2 choix stratégiques et calamiteux :

1- l'adoption de la politique de démantèlement des réglementations aux échanges, qualifiée de « mondialisation inévitable »

2- l'adoption de l'euro, et des contraintes qui en découlent.


1er CHOIX CRUCIAL :
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L'ADOPTION DE LA POLITIQUE DITE DE « MONDIALISATION INÉVITABLE » PAR LA COMMISSION EUROPÉENNE,
IMPOSÉE IPSO FACTO A LA FRANCE
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Le premier de ces choix stratégiques a été d'adopter la politique dite de « mondialisation inévitable », c'est-à-dire de suppression de la plupart des réglementations aux échanges de capitaux, de marchandises et de services.

Contrairement au bobard monumental qui fut asséné à l’époque à tous les peuples d’Amérique du nord et d’Europe occidentale, cette « mondialisation inévitable » n'avait rien d'inévitable.

Supprimer les réglementations aux échanges de capitaux, de marchandises et de services, cela n'arrive ni par hasard ni en claquant des doigts : il faut que des responsables politiques mènent des tractations internationales ardues pendant des années, de façon réfléchie et préméditée, puis qu'ils prennent, ou fassent prendre, dans la foulée toute une série de décisions régaliennes. Tout cela ne tombe évidemment pas du ciel comme une météorite géante façon "Apocalypse maya".

La « mondialisation inévitable » fut donc une politique délibérée, qui aurait très bien pu ne pas être adoptée. Elle ne l'aurait d'ailleurs pas été si les peuples avaient été dûment et honnêtement informés de ce en quoi elle consistait et de ce qu'en seraient les conséquences fatales.

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Cette politique fut décidée conjointement par les États-Unis d'Amérique et la Commission européenne (au tournant des années 1990-1994.

L'époque n'est pas anodine. Elle correspond au moment où s'est présentée une conjonction de deux événements historiques fondamentaux :

- d'une part, l'effondrement du camp socialiste
Cet effondrement et la liquidation de l'URSS ont été utilisés par les États-Unis à des fins idéologiques (comme la consécration de leur modèle économique) et à des fins politiques et commerciales (comme la justification de l'objectif de libre-échange des capitaux qu'ils poursuivaient depuis plusieurs décennies) ;

- d'autre part, le début d'ouverture de la République Populaire de Chine après le triomphe de la ligne politique et économique des Deng Xiaoping sur celle de Hua Guofeng.
Ce début de retour camouflé de la Chine au capitalisme a permis à l'oligarchie euro-atlantiste d'envisager avec délectation d'utiliser les ressources humaines de cet immense pays pour y transférer massivement l'appareil productif occidental afin d'y bénéficier de coûts de fabrication extraordinairement réduits et de peser sur les revendications sociales en Amérique du nord et en Europe occidentale.

Il faut bien comprendre que le démantèlement des réglementations aux échanges qui a alors été décidé eût été infiniment compliqué à mener si la prétendue « construction européenne » n'avait pas existé.

Car, depuis le traité de Rome de 1957, ce que l'on appelle « la politique commerciale extérieure » (droits de douane, quotas, procédures d'accès aux marchés, etc.) a été (et ce n'est pas un hasard), l'une des toutes premières prérogatives régaliennes que les États signataires avaient transférées à la Commission européenne.

Si la « construction européenne » n'avait pas existé, il aurait donc fallu que les Américains obtinssent l'accord séparé de chacun des 12 pays qui constituaient la CEE en 1990, et des 15 qui constituaient l'UE en 1995. La chose eût été très difficile, sinon impossible.

Mais grâce à la « construction européenne », il suffisait aux Américains de se mettre d'accord avec le Commissaire européen en charge pour régler l'affaire dans ses grandes lignes. C'est d'ailleurs ce qui fut fait.

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Cette politique de « mondialisation inévitable » a été gravée dans le marbre de la construction européenne par le traité de Maastricht signé en décembre 1991 et ratifié en 1992 ; elle a ensuite donné naissance aux Accords de Marrakech du 15 avril 1994, qui a créé l'Organisation Mondiale du Commerce.

Dans le traité de Maastricht (repris depuis lors par le traité sur l'Union européenne (TUE) et le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE)), cette politique figure notamment (pas seulement) dans deux articles essentiels : les articles 63 et 32 du TFUE.

Les auditeurs attentifs de mes conférences connaissent bien ces deux articles puisque je leur en parle souvent (cf. par exemple
http://www.u-p-r.fr/videos/conferences-en-ligne/10-raisons-sortie-de-l-union-europeenne).

Pour les autres, je rappelle les principes essentiels que posent ces deux articles :

« Article 63 du TFUE
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1. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
2. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux paiements entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites. »

=> En clair, ces dispositions donnent aux entreprises :

a)- un feu vert général, non contrôlable et non réductible par l'État pour sortir de France tout l'argent qu'elles veulent (puisque « TOUTES LES RESTRICTIONS aux mouvements de capitaux sont INTERDITES »).

b)- un feu vert général, non contrôlable et non réductible par l'État pour aller investir cet argent dans les 26 autres États de l'UE, notamment pour y construire une usine à la place de celle qu'elle compte fermer en France (puisque « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux ENTRE LES ÉTATS MEMBRES sont interdites »).

c)- un feu vert général, non contrôlable et non réductible par l'État pour aller investir cet argent dans les 170 autres États de la planète, par exemple en Chine, en Inde, en Asie du sud-est, etc., notamment pour y construire une usine à la place de celle qu'elle compte fermer en France (puisque « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres ET LES PAYS TIERS sont interdites »).

« Article 32 du TFUE
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Dans l'exercice des missions qui lui sont confiées au titre du présent chapitre, la Commission s'inspire:
a) de la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les États membres et les pays tiers,
b) de l'évolution des conditions de concurrence à l'intérieur de l'Union, dans la mesure où cette évolution aura pour effet d'accroître la force compétitive des entreprises,
d) de la nécessité d'éviter des troubles sérieux dans la vie économique des États membres et d'assurer un développement rationnel de la production et une expansion de la consommation dans l'Union. »

=> En clair, ces dispositions donnent aux entreprises un cadre général extrêmement favorable, et non réductible par un seul État, pour importer les productions - y compris les leurs - faites dans des pays tiers à très bas coûts de salaires, par exemple en Chine, dans le sous-continent indien, ou en Asie du sud-est. (du fait de la prétendue « NÉCESSITÉ DE PROMOUVOIR LES ÉCHANGES COMMERCIAUX entre les États membres et les PAYS TIERS. »


==> En bref, les dispositions des articles 63 et 32 du TFUE permettent à toutes les entreprises sises dans un pays de l'UE :
- de fermer leurs usines dans le pays d'Europe où elles en possèdent,
- de procéder à des transferts massifs de capitaux pour ouvrir des usines de remplacement dans tous les autres pays du monde,
- et de rapatrier dans leur pays d'origine leurs propres productions fabriquées à très bas coûts. (Les entreprises situées aux États Unis bénéficient de dispositions comparables pour ce qui les concerne)

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J'insiste ici sur un aspect fondamental : c'est que ces dispositions qui donnent aux entreprises - et donc à leurs actionnaires - les mains totalement libres n'existaient pas pendant toutes les décennies antérieures qui ont vu fleurir les grandes industries françaises.

Par exemple, pendant la période dite des "Trente Glorieuses" allant en gros de 1945 à 1975, qui vit une croissance à peu près ininterrompue de l'industrialisation et de la prospérité des Français :

=> une entreprise française n'avait tout simplement pas le droit de transférer librement à l'étranger des capitaux d'un montant significatif.
Si elle souhaitait le faire, par exemple dans le but d'acheter ou de construire une usine, il lui fallait obtenir l'autorisation du ministère français de l'économie et des finances.
Lequel étudiait alors de près le dossier, examinait notamment les avantages et les inconvénients en termes d'emplois, de savoir-faire et de commerce extérieur, et décidait en définitive d'accepter ou de refuser le transfert des capitaux.
C'est ce que l'on appelait le "contrôle des mouvements de capitaux".

=> de la même façon, une entreprise étrangère n'avait pas non plus le droit de faire venir en France des capitaux étrangers d'un montant significatif.
Si elle souhaitait le faire, par exemple dans le but d'acheter une entreprise française ou de construire une usine, il lui fallait également obtenir l'autorisation du ministère français de l'économie et des finances. Lequel étudiait de près le dossier et pouvait accepter ou refuser, comme dans le cas précédent.

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En d'autres termes, la plupart des délocalisations industrielles étaient rendues impossibles par le système de réglementation qui préexistait au traité de Maastricht.

Et si la France et les Français assistent depuis deux décennies à l'effondrement de l'industrie française, et des emplois qui vont avec, c'est une conséquence directe du traité de Maastricht, désormais articles 63 et 32 du TFUE, donc une conséquence directe de la prétendue « construction européenne ».

De la même façon, si la France et les Français assistent depuis deux décennies au rachat de pans entiers de leur industrie, de nombreuses entreprises de services, de certains de leurs services publics privatisés et de leur patrimoine immobilier, par des fonds de pension américains ou des fonds d'investissement du Qatar, etc., c'est également une conséquence directe du traité de Maastricht, (désormais codifiés dans les articles 63 et 32 du TFUE), donc une conséquence directe de la prétendue « construction européenne ».

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Ce qu'il faut bien comprendre, pour clore cette partie, c'est que les entreprises occidentales ne peuvent pas rester vertueuses avec un tel système.

Car il suffit qu'une seule entreprise délocalise massivement ses activités dans un pays à très bas coûts de salaires, de charges sociales et de contraintes environnementales pour qu'elle bénéficie d'un avantage comparatif souvent décisif par rapport aux entreprises qui n'ont pas délocalisé. Obligeant ainsi ces dernières à faire de même, sauf à disparaître.

2ème CHOIX CRUCIAL :
L'EURO
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Comme si les dispositions précédentes ne suffisaient pas à motiver des délocalisations torrentielles des usines de France vers des pays à très bas coûts de salaires et de charges sociales, il s'y est ajouté un autre facteur très aggravant : l'adoption de la monnaie commune européenne, pour les pays de l'UE qui ont fait ce choix calamiteux. Dont la France.

Je n'ai pas la place de revenir ici longuement sur les problèmes multiformes posés par l'euro et qui conduiront, de façon certaine, à son explosion, comme ont toujours explosé toutes les monnaies plurinationales de l'Histoire. La seule incertitude qui existe concerne la durée de survie de l'euro : quelques mois ? quelques semestres ? quelques années ?

En revanche, et pour l'objet de cet article, je signalerai que l'euro a au moins 2 effets tragiques pour nos entreprises :

a)- un taux de change externe excessif
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Comme je le montre, graphiques à l'appui, dans mes conférences sur l'euro, chaque économie a une compétitivité différente. Cela dépend évidemment de chaque branche et de chaque entreprise mais, prise globalement, l'économie française n'a pas la même compétitivité que l'économie allemande, ou que l'économie espagnole, ou que l'économie finlandaise, etc.

Or, le taux de change externe d'une monnaie, qui est le facteur qui permet de corriger les déficits ou les excédents de compétitivité, est désormais commun à toutes les économies de la zone euro.

Depuis 2003 qu'il a commencé à dépasser largement le taux de change 1 EURO = 1 DOLLAR, le taux de change de l'euro est devenu trop élevé pour les économies de plusieurs pays de la zone, mais pas pour tous. Si globalement l'économie allemande a bien résisté à un taux de change externe de 1,2, ou 1,3, ou 1,4, ou même 1,5 dollar pour 1 euro, il n'en a pas été de même pour les économies des pays du sud.

Face à un taux de change externe aussi élevé, de nombreuses entreprises françaises ont donc été contraintes de délocaliser leurs productions en dehors de la zone euro.

Ce n'est pas moi , mais Louis Gallois, président d'EADS, qui tirait ainsi la sonnette d'alarme dans un entretien accordé au Figaro le 27 mars 2008 :
« Une baisse du dollar de 10 cents fait perdre 1 milliard d’euros à Airbus. L'euro à son niveau actuel est en train d'asphyxier une bonne partie de l'industrie européenne en laminant ses marges à l'exportation. Si cela continue, l'industrie européenne fuira l'Europe ».

Or, même si le taux de change de l'euro, qui avait atteint un sommet à la mi-2008 à 1 € = 1,58 $, s'est notablement déprécié depuis lors, il n'en reste pas moins, à 1 € = 1,22 $, encore trop élevé pour une partie significative des industries de l'Europe du sud, surtout celles exposées à des marchés mondiaux très concurrentiels, comme c'est le cas de l'automobile.

Depuis que Louis Gallois avait formulé cette mise en garde voici plus de 4 ans, et pour reprendre son expression, l'industrie a continué, à « fuir l'Europe ».

Merci l'euro !

b)- les plans de rigueur à répétition, qui n'ont pour effet que d'entretenir une récession permanente
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Enfin, dernier clou dans le cercueil de nos usines moribondes,
la volonté d'assurer prétendument la viabilité de l'euro, puis les tentatives désespérées de le sauver contre vents et marées, ont conduit les (ir)responsables politiques européens à adopter depuis plus de dix ans une politique économique à proprement parler démente.

Oubliant complètement les enseignements de Keynes, qui expliquait qu'il n'y avait rien de pire que de couper dans les dépenses publiques en période de récession, car on aggravait alors le déficit public que l'on prétendait combler, la Commission européenne et les dirigeants de l'UE ont continuellement exigé des coupes sombres dans les dépenses publiques, et continuent d'ailleurs de le faire de plus belle.

Cette idée est absurde à tous les égards :

- d'une part, les 20 ans écoulés depuis le traité de Maastricht et les 13 ans écoulés depuis l'introduction effective de l'euro dans les échanges interbancaires ont prouvé que, plus l'on taille dans les dépenses publiques et plus... le déficit s'accroît. C'est exactement ce qu'enseignait Keynes, et ce que ne veulent pas voir nos dirigeants.

- d'autre part, cette politique vise une chimère : celle qui consisterait à rembourser un jour les dettes publiques pharaoniques que pratiquement tous les pays occidentaux ne cessent d'accumuler. Or tous les spécialistes savent (et avouent à l'écart des micros et caméras) qu'il sera de toute façon impossible de rembourser ces dettes puisque c'est le principe même de la création monétaire, injustement confiée exclusivement aux banques privées, qui est à l'origine de cette dette publique exponentielle.
Pour parler net, la solution de la dette publique ne pourra passer que par une remise en cause des formes de la création monétaire, et certainement pas par une diminution constante des dépenses publiques.

-enfin, cette politique de dingos a conduit l'ensemble de l'Europe de l'ouest à devenir la lanterne rouge de la croissance mondiale. Tous les pays d'Europe de l'ouest s'enfoncent dans une récession sans fin depuis plus de 12 ans.

Il est on ne peut plus logique que les entreprises désinvestissent et ferment leurs usines dans une telle zone en perdition économique.

De nouveau, merci l'euro !

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CONCLUSION : C'EST BIEN LA « CONSTRUCTION EUROPÉENNE » QUI TUE L’INDUSTRIE EUROPÉENNE
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Quelle est donc la conclusion de tout ceci ? C'est celle que nous avons sous les yeux, et dont le sinistre industriel de PSA - mais aussi celui d'Opel - apparaissent comme des allégories :

1)- le dogme européiste et celui de la « mondialisation inévitable » ont retiré à nos entreprises la protection de leurs marchés intérieurs, protection qui les préservait de la concurrence insoutenable de pays à très bas coûts de salaires et de charges,

M. Stracke, qui a démissionné de ses deux postes de président d'Opel et de General Motors Europe le même jour que celui de l'annonce de PSA, l'avait confié sans ambages au magazine LUnisne Nouvelle :
« GM a adopté depuis 25 ans une stratégie au rabais, de réduction des coûts. Face à des pays comme la Chine et la Corée du Sud, cette stratégie low-cost ne fonctionne pas ».
[source : http://www.usinenouvelle.com/article/karl-friedrich-stracke-quitte-opel.N178729]


2)- les traités européens ont donné par ailleurs aux entreprises européennes un feu vert total pour qu'elles aillent s'installer ailleurs,


3)- logiques et non pas suicidaires, les dirigeants d'entreprises - confrontés de surcroît aux exigences de leurs actionnaires - ne peuvent qu'être conduits à délocaliser leurs activités dans les pays à très bas coûts de salaires et de charges. Pourquoi ne le feraient-ils pas puisque, sauf cas de monopole ou de stratégie "de niche", c'est la seule possibilité pour eux de rétablir les conditions de concurrence dans lesquelles elles évoluent ?


4)- cette nécessité de se délocaliser est rendue encore plus vitale pour les usines situées dans les pays de la zone euro, puisque le taux de change externe de l'euro, très excessif depuis une dizaine d'années, y rend les productions encore moins compétitives sur les marchés mondiaux.


5)- cette nécessité de se délocaliser est rendu encore plus urgente par le fait que les marchés européens sont en plein marasme, du fait d'une récession lancinante entretenue par des plans de rigueur drastiques à répétition depuis au moins 12 ans. Et que les nouveaux plans de "sauvetage" exigés en Grèce, en Espagne, en Italie, vont encore plomber davantage la récession générale !


6)- enfin, s'agissant des entreprises automobiles, la volonté de l'État de faire rentrer coûte que coûte de l'argent dans ses caisses, et la volonté des grandes villes de réduire l'usage de la voiture, ont conduit à transformer les conducteurs en de véritables vaches à lait pour le fisc : le prix des vignettes est de plus en plus cher, le prix de l'essence - qui comporte quelque 75% de taxes - s'envole, les amendes de stationnement explosent dans les grandes villes, les amendes routières aussi du fait de la multiplication des radars routiers, etc. etc.

La conséquence en est que de plus en plus de gens réduisent leur consommation automobile dans les pays d'Europe occidentale. C'est un aspect certainement positif en matière de lutte contre la pollution. Mais cela contribue encore davantage à mettre en péril l'une des principales industries pourvoyeuses d'emplois en France.


Dans ces conditions, la conclusion s'impose d'elle-même.

Pour justifier sa décision annoncée le 12 juillet, le groupe PSA a fait savoir qu'il était « très affecté par la baisse des marchés automobiles européens ». Et dans son communiqué transmis à la presse, le président du directoire de PSA, Philippe Varin, a enfoncé le clou :

« L'ampleur et le caractère durable de la crise qui affecte notre activité en Europe rendent désormais indispensable ce projet de réorganisation qui nous permet de dimensionner notre capacité de production à l'évolution prévisible des marchés. »

On ne saurait mieux dire que l'Europe est LE problème de PSA.


LE SALUT PAR LA CHINE ?
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On notera pour terminer que l'annonce du plan présenté par PSA de suppression de 8.000 emplois et de fermeture de l'usine d'Aulnay dans les 2 ans est à mettre en parallèle avec l'annonce, qu'avait faite le même groupe PSA il y a moins de 3 mois, sur ses perspectives en Chine.

Le 24 avril 2012, le groupe français avait en effet dévoilé au journal La Tribune (repris par le magazine AUTO PLUS) sa volonté d'accroître substantiellement son expansion sur le marché chinois. Les objectifs de PSA en Chine sont :

- d'y vendre 480.000 véhicules cette année contre 404.000 en 2011.

- d'y fabriquer rapidement de nouveaux modèles. Une berline compacte à coffre, probablement sur base de C4 rallongée, et une autre compacte d'entrée de gamme seront produites en Chine, et leur lancement est attendu pour 2013.

- par ailleurs, la première DS entièrement fabriquée en Chine, la DS5, sera commercialisée au second semestre 2013

- à partir de 2014, Citroën fabriquera également une berline compacte inédite à coffre, un 4x4 et une grosse berline.

- à terme, PSA ambitionne de doubler sa production totale en Chine pour s'approcher des 900.000 exemplaires d'ici à 2 ans.

[source : http://news.autoplus.fr/news/1454395/Chine-Usine-Wuhan-Citroen-C4]

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En résumé :

==> D'un côté : suppression de 8.000 emplois en France et fermeture de l'usine d'Aulnay en 2014, avec des dizaines de milliers d'emplois sous traitants menacés chez les sous-traitants, et une perte terrible de notre savoir faire industriel. Le tout dans un contexte économique, français et européen, catastrophique, et dans une ambiance sociale, politique et morale crépusculaire sur tout le continent.

== >De l'autre côté : multiplication des nouveaux véhicules fabriqués en Chine, et doublement d'ici à 2 ans de la production de PSA en Chine, avec 900.000 exemplaires. Le tout dans un contexte économique en pleine croissance et l'ascension irrésistible de la Chine au rang de 1ère puissance mondiale.


Sacré bilan du traité de Maastricht, 20 ans après, non ?


François ASSELINEAU


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LA SUITE ET FIN DE CE LONG ARTICLE (PARTIE 3)
SERA MISE EN LIGNE DANS LES PROCHAINES HEURES :

PARTIE 3 :
L'ENSEMBLE DE LA CLASSE POLITIQUE, DES SYNDICATS ET DES MÉDIAS SE RENDENT COMPLICES DE NOTRE RUINE.
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