Chef du service Monde à « L’Humanité », Bruno Odent publie une charge argumentée et vivifiante sur le miracle économique allemand, dont on ignore la face cachée.
L’Allemagne d’Angela Merkel, « une des sociétés les plus inégalitaires d’Europe », selon l’auteur. (archives STEFFEN KUGLER/afp)
La démonstration est efficace, précise et sobre. Le modèle de développement de l’Allemagne fédérale d’après-guerre, basé sur un contrat social extrêmement solide et progressiste, mais aussi sur une maîtrise inédite du capital, a volé en éclats à la faveur de la réunification allemande.
Le fameux « modèle rhénan », qui permettait à l’Allemagne d’afficher avant la chute du Mur le meilleur taux de syndicalisation d’Europe, les plus hauts salaires et une gouvernance exemplaire de son outil industriel, a brutalement succombé aux déviances anglo-saxonnes.
Quand les dirigeants français s’émerveillent encore du « courage politique » de l’ex-chancelier Gerard Schröder, les Allemands de 2013 vivent dans « l’une des sociétés les plus inégalitaires d’Europe, où la pauvreté touche officiellement près d’une personne sur six », rappelle Bruno Odent. Enrichissement des plus riches, financiarisation de l’économie, perte de la cohésion sociale.
Du miracle au cauchemar
Au prétexte d’inclure l’Allemagne de l’Est, celle de l’Ouest se serait départie de ses plus belles vertus. Tout cela pour entrer à marche forcée dans l’ère de la mondialisation et prendre la première place d’une fuite en avant aspirant toute la zone euro.
« L’acharnement à s’aligner sur le modèle allemand conduit l’Europe dans le mur », avertit non sans talent Bruno Odent. Le propos mérite attention. Selon ce germaniste et spécialiste de l’économie allemande, le « miracle » de l’industrie d’outre-Rhin à l’export est en passe de virer au cauchemar.
Les sceptiques objecteront bien sûr à l’auteur de cet essai son statut de chef du service Monde pour le journal « L’Humanité ». Ils auraient tort de s’arrêter à cela. Sa démonstration n’a rien d’outrancier, rien de « mélanchonesque ». Et surtout pas germanophobe. Certes, Odent annonce la couleur. Mais la tonalité est objective. Et le propos vivifiant. Un livre à la fois érudit et rapide, qui permet de se mettre à niveau sur l’Allemagne. Et de mieux comprendre les tensions à l’œuvre dans la vieille Europe.
« Modèle allemand, une imposture. L’Europe en danger », par Bruno Odent, aux éd. Le Temps des Cerises, 200 p., 15 €.
Du miracle au cauchemar
Au prétexte d’inclure l’Allemagne de l’Est, celle de l’Ouest se serait départie de ses plus belles vertus. Tout cela pour entrer à marche forcée dans l’ère de la mondialisation et prendre la première place d’une fuite en avant aspirant toute la zone euro.
« L’acharnement à s’aligner sur le modèle allemand conduit l’Europe dans le mur », avertit non sans talent Bruno Odent. Le propos mérite attention. Selon ce germaniste et spécialiste de l’économie allemande, le « miracle » de l’industrie d’outre-Rhin à l’export est en passe de virer au cauchemar.
Les sceptiques objecteront bien sûr à l’auteur de cet essai son statut de chef du service Monde pour le journal « L’Humanité ». Ils auraient tort de s’arrêter à cela. Sa démonstration n’a rien d’outrancier, rien de « mélanchonesque ». Et surtout pas germanophobe. Certes, Odent annonce la couleur. Mais la tonalité est objective. Et le propos vivifiant. Un livre à la fois érudit et rapide, qui permet de se mettre à niveau sur l’Allemagne. Et de mieux comprendre les tensions à l’œuvre dans la vieille Europe.
« Modèle allemand, une imposture. L’Europe en danger », par Bruno Odent, aux éd. Le Temps des Cerises, 200 p., 15 €.
C’est un petit livre qui tombe à pic. Et à bras raccourcis sur le fameux « modèle allemand » chanté sur tous les tons, au PS comme à l’UMP. Le titre est sans ambiguïté. Le modèle allemand serait une « imposture ». Le sous-titre qui en découle est logique : vu la primauté de ce modèle berlinois, voici « l’Europe en danger ».
Un autre lien tout à fait intéressant
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Dans une interview à la BBC, Angela Merkel enjoint les jeunes européens à quitter leur pays pour trouver du travail. Comparant la situation actuelle de la jeunessse à celle de l'Allemagne de l'Est peu après la réunification, elle a rappelé que «beaucoup de jeunes ont trouvé un emploi seulement parce qu'ils sont partis au Sud». Il faudrait que nous fassions preuve de plus de mobilité, a-t-elle plaidé. «Il est injuste que ce soit les jeunes en particulier qui paient le prix pour quelque chose qu'il n'ont pas fait, a-t-elle concédé. Mais il n'y a pas d'autre moyen».
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