Entre licenciements, fermeture d’usines et cessations d’activités,
des fleurons de l’industrie agro-alimentaire bretons viennent de subir
déconvenues sur déconvenues.
À cela s’est ajouté, comme la
goutte faisant déborder un vase désormais trop plein, le débat sur
l’écotaxe, débouchant sur une révolte populaire des désormais célèbres
« bonnets rouges »
Au-delà de l’émotion suscitée par de
tels évènements, il convient d’analyser avec le recul nécessaire tous
les tenants et aboutissants des causes de ce désastre économique qui
n’épargne plus aucun secteur. Et surtout de se poser les bonnes
questions sur les origines d’une telle tempête industrielle, non
seulement sur la pointe armoricaine mais sur l’ensemble du territoire
français.
1 - GAD, LE DÉCLENCHEMENT
En
redressement judiciaire depuis février, Gad, victime de la crise de la
filière porcine, a présenté un plan de continuation de l’activité. Ce
plan a été validé le 11 octobre par le tribunal de commerce de Rennes,
qui a entériné la suppression de 889 emplois. Sur les deux sites du
Groupe, c’est celui de Lampaul-Guimillau qui a été sacrifié.
Un endettement colossal
Principale actionnaire de l'entreprise d'abattage de porcs Gad SAS*, la coopérative Cecab serait lourdement endettée. « Le
cabinet d'expertise comptable Syncea, mandaté par le CCE de Gad afin
d'analyser la situation financière de Cecab atteste que son endettement
atteignait 203,3 millions d'euros au 31 décembre 2012. En soutenant à
bout de bras sa filiale porcine depuis plusieurs années, la coopérative
Cecab aurait perdu les trois quarts de ses fonds propres, tombés à
24,6 millions d'euros au 31 décembre 2012, contre 72,3 millions d'euros
un an plus tôt. Son résultat consolidé avant impôt est négatif, à
hauteur de 41 millions d'euros en 2012. Mais il manque à Syncea les
éléments des comptes combinés du groupe Cecab - non communiqués par la
direction - pour avoir une vue de l'ensemble. »
[Source : Stanislas du Guerny, Les Echos, Rennes]
Abandon de créances
« La
mise en place du plan de continuation préparé par la coopérative Cecab
devrait passer par d'importants abandons de créances d'un montant de
50,1 millions d'euros, sachant que la dette de Gad a été évaluée à
85,5 millions d'euros par le tribunal au moment de sa cessation de
paiements. Il est prévu que la coopérative abandonnera les 34,8 millions
d'euros déjà engagés dans sa filiale. Les banques seraient invitées à
renoncer à 6,3 millions d'euros sur un total de 9 millions d'euros de
concours. Les organismes sociaux et fiscaux sont également sollicités »
[Source : Stanislas du Guerny, Les Echos, Rennes]
Au-delà
des faits et des difficultés financières avérées, il est important de
comprendre les origines politiques de ces difficultés financières qui
n’épargnent plus aucun secteur de l’agro-alimentaire breton (je n’ai pas
traité ici des problèmes de Tilly Sabco, de Jean Caby, ou encore de
Marine Harvest qui ont suivi quelques jours seulement les déboires de
l’entreprise GAD).
2 - LA DÉLOCALISATION... PRÈS DE CHEZ SOI
Le
tacite compromis voulu par Charles de Gaulle dans les années 60 (à
l’Allemagne la suprématie industrielle et à la France la suprématie
agricole) n’est plus.
Chose encore impensable il y a 20 ans, La production agricole et les exportations agroalimentaires allemandes dépassent celles de l'Hexagone depuis 2007 (Source, Le Figaro, 08/02/2013)
Plus
compétitive que sa voisine, l'Allemagne domine déjà dans le secteur du
porc, mais aussi dans celui du bœuf, de la volaille, des œufs, du lait
et même des fraises. (idem supra)
- 2.1. – le dumping social de l’Allemagne
La
raison principale de ce succès est également évoquée dans cet article.
Outre les qualités structurelles indéniables de notre voisine en matière
d’export (quel que soit le domaine), le succès de notre voisin
s’explique en premier lieu par « un atout majeur: le coût du travail
est deux fois moins cher outre-Rhin, grâce à la main-d'œuvre bon marché
venue de Roumanie ou de Pologne. Le secteur agricole allemand est
également très performant. Les exploitations situées en ex-RDA sont
grandes et modernes, grâce aux incitations visant à développer la
mécanisation. Elles bénéficient aussi d'avantages fiscaux (TVA,
transmission du patrimoine) (idem supra)
Ce faible
coût du travail a été facilité par les réformes Hartz : réformes du
marché du travail qui ont eu lieu en Allemagne entre 2003 et 2005 sous
le mandat du chancelier Schroeder. Elles ont pour but de renforcer
la lutte contre le chômage volontaire et d'améliorer le retour en
activité des bénéficiaires d'allocations. Ces réformes controversées,
officiellement, visent à adapter le droit (du travail, fiscal) allemand à
la nouvelle donne économique… ».
[Source : Wikipédia]
À noter enfin qu’il n’y a pas de salaire minimum en Allemagne dans la branche de l’agriculture
- 2.2. – La patte de l’UE : la convention des travailleurs détachés
Depuis 1996, l’UE a mis en place la convention de détachement des salariés en donnant cette définition :
«Tout
travailleur qui, pendant une période limitée, exécute son travail sur
le territoire d'un État membre autre que l'État sur le territoire duquel
il travaille habituellement» doit être considéré comme détaché »
[Source : Les Travailleurs détachés en 7 questions, Le Figaro, le 4/12/13]
Il
s'agit donc de salariés qui réalisent des missions ponctuelles dans un
autre pays de l'Union européenne que celui dans lequel ils travaillent
en temps normal. La durée de la mission est ainsi essentielle, un
travailleur «expatrié», c'est-à-dire qui travaille habituellement à
l'étranger, n'étant pas considéré comme détaché.
Evidemment, toujours selon cette directive, les
États membres de l'Union doivent veiller à ce que «les entreprises
garantissent aux travailleurs détachés sur leur territoire les
conditions de travail et d'emploi qui sont fixées dans l'État sur le
territoire duquel le travail est exécuté». Or, si les conditions de
travail et de salaire qui s'appliquent sont celles du pays d'accueil,
les charges sociales appliquées sont celles du pays d'origine. Ce qui
aboutit à un dumping social au sein de l'UE, qui menace l'équilibre
économique européen.
[Source : Les Travailleurs détachés en 7 questions, Le Figaro, le 4/12/13]
Tiens
tiens ! Les salaires sont censés être des salaires du pays accueillants
mais les charges sociales sont celles du pays d’origine des salariés…si
cette directive était respectée..
Car, cerise sur le
gâteau, selon un rapport du Sénat français de 2006, 80% des déclarations
administratives préalables (normalement obligatoires pour déclarer ce
détachement) seraient « oubliées » par les entreprises (allemandes en
l’occurrence)
[Source : P.Y Rougeyron, Directeur de Perspectives
Libres, état de l’économie bretonne, Dailymotion, citant un rapport du
Sénat de 2006 ]
Bien que « le BTP soit le champion du travail détaché, concentrant à lui seul 37% des salariés étrangers, soit 77.700 personnes », il est intéressant de noter que « le nombre de travailleurs détachés dans l'agriculture a ainsi grimpé de plus de 1000% entre 2004 et 2011 »
[Source : Les Travailleurs détachés en 7 questions, Le Figaro, le 4/12/13]
Dans
un tel contexte, les 28 membres de l’Union européenne font mine de
s’indigner mais ils n’ont pas redoublé d’effort pour se réunir sur ce
sujet. Comme le résume banalement le titre de l’article du Monde du
15/10/2013 intitulé « Désaccord européen sur le statut des travailleurs
détachés », on constate une énième fois l’impossibilité pour les pays de
l’UE, aux intérêts nationaux totalement divergents, de s’arranger sur
quoi que soit.
Malgré
l'existence d'une réglementation européenne, la directive de 1996 reste
finalement assez floue sur les conditions dans lesquelles une
entreprise peut avoir recours à un travailleur détaché. Par exemple, la
directive ne fixe aucune limite de durée de la mission de
« détachement ». Et si la France milite pour qu'une nouvelle
directive soit prise au niveau européen pour renforcer les contrôles,
elle se heurte au refus de Londres, Varsovie et Budapest de négocier sur
ce point (source idem supra)
Une fois de plus sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres les 28 n’arrivent pas à trouver d’accord.
Une nouvelle fois, une belle illustration, si l’on peut dire, du « stratagème des chaînes ».
3 – L’ÉCOTAXE : LA GOUTTE D’EAU QUI FAIT DÉBORDER UN VASE DÉCIDÉMENT TROP PLEIN
Un
malheur n’arrivant jamais seul, les entreprises de transports ont
découvert l’existence d’une nouvelle taxe : l’écotaxe. Issue du grenelle
de l’environnement en 2009, celle-ci s’applique aux poids-lourds de
plus de 3.5 tonnes (français ou étrangers sur certaines routes) et
devait entrer en application début 2014. Son produit devait servir à
financer des infrastructures fluviales, ferroviaires et routières.
Hasard
du calendrier, le contexte économique et social désastreux de la région
a fait réagir toute une région déjà en émoi à l’annonce de la mise en
place de ce nouveau dispositif.
Non seulement une saignée
est opérée dans son tissu industriel mais la seule action tangible du
gouvernement, par ailleurs incapable d’apporter une solution aux
difficultés de cette industrie, est d’ajouter une nouvelle taxe qui
pénalisera fortement les transporteurs les plus excentrés
géographiquement.
Deux points sont intéressants à noter ici :
- 3.1. Le retour aux affermages d'Ancien régime sou forme d'un "partenariat public-privé" très lucratif... pour le privé !
Au-delà
du « ras-le-bol » fiscal généralisé, il faut noter que, pour la
première fois, ce n’est plus l’État qui assurera seul sa mission de
collecter l’impôt. Ce dernier a en effet conclu un « partenariat
privé-public » avec une société privée italienne : ECOMOU’V. Cette
dernière est contrôlée par un consortium international (Thales, SNCF,
Autostrade per l’Italia,) mais majoritairement détenue à 70% par
Autostrade per l’Italia.
Or il est intéressant de noter que cette dernière est elle-même détenue majoritairement par…Goldman Sachs et Benetton.
Le
montant escompté de cet impôt est de 1.2 milliards d’euros dont 23 %
iront – en guise de « frais de collecte » ) dans les caisses de la
société privée qui assurera la conception, l’installation et la gestion
de la taxe poids lourds sur tout le territoire. Soit une rente de 276
millions d’euros par an.
Affermer à des intérêts privés la collecte de l’impôt est du jamais vu en France depuis la fin de l’Ancien Régime !
En
outre, il faut savoir que les « frais de collecte » des impôts par
l’État (TVA, Impôt sur le revenu, Impôt sur les sociétés) sont de
l’ordre de 2 à 3% des fonds collectés. Les « frais de collecte »
demandée par la société privée dans ce cas sont donc à peu près 10 fois
plus importants !
Est-ce faire preuve de mauvais esprit
que de se demander pourquoi l'on n’a pas eu recours à l’État pour
collecter cette nouvelle taxe – si nouvelle taxe il devait y avoir - ?
- 3.2. Le retour de l'inégalité devant l'impôt
*Un
autre point, que l’on n’ose pas appeler « de détail » : les portions
d’autoroutes dont l’usage a été privatisé par nos différents
gouvernements successifs – sur fortes injonctions européennes - ne sont
pas concernées par cette écotaxe. Ce qui a pour conséquence que les flux
internationaux de marchandises seront sensiblement moins pénalisés que
les flux intra-nationaux.
Au passage c'est un nouveau
principe républicain fondamental qui vole ainsi en éclats : celui de
l’universalité et de l’égalité de tous devant l’impôt.
 |
Des manifestants mettent également le feu à un radar routier. |
4 – LA RÉVOLTE GRONDE : LE MOUVEMENT DES « BONNETS ROUGES »
Suite aux révoltes naissantes, un mouvement populaire rassemblant toutes
les catégories sociales s’est formé à Quimper le 1er novembre 2013,
mouvement auquel la section militante de l’UPR du Finistère a d'ailleurs
pris toute sa part.
 |
Présence de l'UPR lors des manifestations à Quimper du 1er novembre
2013. Plusieurs de nos militants, dont Cathy Mercier, sont parvenus à
apparaître en direct sur le journal de France 2, avec nos pancartes très
reconnaissables. |
Plusieurs faits intéressants ont pu être notés à cette occasion.
- 1er
fait intéressant : Ce mouvement breton qui transcende les clivages
traditionnels n’est pas instrumentalisé par les syndicats dont
l’appartenance à la Confédération Européenne des Syndicats les a
éloignés progressivement des réalités du terrain et coupés de leur base.
Il est inutile de rappeler que seuls 7% des Français sont syndiqués.
- 2ème
fait intéressant : En transcendant les clivages traditionnels (des
petits patrons s’associant à des employés ou à des salariés), ce
mouvement a bien prouvé qu’une union nationale temporaire est possible, -
à l’image de ce que souhaite faire l’UPR - pour sortir la Bretagne,
mais aussi la France, du piège de la « construction européenne ».
- 3ème
fait intéressant : C’est la première fois que des Bretons (on l’a
entendu lors des scènes de colère ou de souffrance des salariés) s’en
sont pris à l’Europe et à Bruxelles. C'est à noter d’une pierre blanche
dans la mesure où la Bretagne, traditionnellement chrétienne puis
sociale-démocrate, s’était toujours montré l’une des régions de France
les plus favorables à la « construction européenne », en votant
notamment massivement Oui lors des deux référendums de 1992 sur le
traité de Maastricht et de 2005 sur la Constitution européenne.
Néanmoins,
le piège à éviter - et celui-ci a bel et bien été tendu - est la
récupération de cette colère souveraine par les régionalistes
européistes. Très vite le mouvement des « bonnets rouges » a été en
partie récupéré par ces mouvances régionalistes et autonomistes, avec
l’évidente bienveillance des médias, qui ont tenté de dévier la colère
contre… la République française.
Pour ces manipulateurs et les manipulés, les problèmes rencontrés ne
seraient dus ni à l’euro, ni à la politique ultra-libérale imposée par
l’oligarchie euro-atlantiste qui dirige l’Union européenne, ni au
démantèlement de tous les pouvoirs de la République, mais bien au
contraire au fait que la France serait restée… un État bien trop
centralisateur !
Comme si l'écotaxe était une invention
purement parisienne et ne répondait à un mouvement général imposé par la
prétendue « construction européenne », déjà mis en oeuvre en Allemagne !
Et
comme si d’autres États de l’Union européenne, très petits comme la
Belgique ou la Grèce, ou très décentralisés comme l’Allemagne ou
l’Espagne, se portaient, eux, comme des charmes !
5 – ENSEIGNEMENTS
En cette fin de 2013, 4 enseignements majeurs peuvent d'ores et déjà être tirés de cette actualité venue de Bretagne.
- 5.1. Ce qui arrive à la Bretagne est déjà arrivé à la France.
La
Bretagne était jusqu’ici relativement préservée de la disparition du
tissu industriel. Avec un taux de chômage moins fort que la moyenne
nationale et un tissu de TPE et PME innovantes, la Bretagne résistait
mieux que certaines régions à la crise.
Comme l’a expliqué
Éric Zemmour dans sa chronique du 29/10/2013 sur RTL, la Bretagne avait
toujours voulu être le bon élève de l’Europe et son modèle
social-démocrate à la sauce rhénane des années 70 lui convenait bien :
travail sérieux et négociations loyales.
C’était sans
compter sur le virage du néo-libéralisme anglo-saxon des années 80 où ce
modèle social a commencé à être remis progressivement en cause. Les
directives toujours plus libérales de Bruxelles ont permis à l’Allemagne
de concurrencer de plus en plus la France agricole (et notamment la
Bretagne).
Alors qu’on culpabilise les Bretons sur leur
modèle productiviste et intensif - il est vrai qu’il ne faut pas
sous-estimer les aspects (très) néfastes de ce modèle de production mais
qui les y a encouragés dès les années 60 ? -, l’Allemagne est en train
de faire bien pire avec des exploitations de plus en plus grandes. Ce
qui est vrai dans l’agro-alimentaire l’est tout autant dans les autres
secteurs. Dans les années 80, ce fut notre sidérurgie qui était
sacrifiée sur l’autel de la concurrence mondiale libre et non faussée.
 |
Manifestants contre la fermeture de l'entreprise GAD |
- 5.2. La Bretagne commence à se détacher de l’aveuglement européiste
Ce
désamour naissant est intéressant à souligner. Contrairement à beaucoup
de régions françaises, les Bretons, attachés à leur social-démocratie
chrétienne avaient toujours eu un sentiment positif envers l’Union
Européenne et ont voté – je l’ai déjà souligné – par un OUI franc et
massif aux deux référendums de 1992 et 2005. Pourtant, ironie de
l’Histoire, c’est d’ici que se soulève la plus grande contestation
depuis des années.
Ce renversement de perspective est
d’autant plus intéressant que l’Europe des régions était perçue comme
permettant à la Bretagne d’affirmer encore un peu plus son identité
régionale et son autonomie vis-à-vis de cet état Français
continuellement dénoncé comme jacobin et lointain. L’Europe, c’était la
Bretagne en grand.
Or les choses changent. Les habitants
de la Bretagne sont aussi des Français comme les autres, qui commencent à
comprendre que toutes ces lois et directives proviennent non pas
« d’énarques parisiens » mais bel et bien de Bruxelles et d’une
oligarchie euro-atlantiste élue par personne. Et cela, c’est une
première, et une très bonne nouvelle pour notre mouvement.
- 5.3. - La République française est devenue un État fantôme
Une
fois de plus, la République française, totalement dépouillée de marges
de manœuvre depuis l’abandon progressif - et à peu près complet – de ses
différents leviers usuels (budgétaire, monétaire, économique…) n’a rien
de trouvé de mieux à proposer que d’ annoncer un «pacte d’avenir».
Lequel « ressemble
fort à un énième saupoudrage d’aide à des secteurs à bout de souffle
que va piloter un missi dominici de son bureau. Quant aux élus
socialistes bretons, ils sont inexistants et ne proposent aucune
alternative crédible. Ils se complaisent dans le suivisme gouvernemental
ou le discrédit des bonnets rouges plutôt que d’imaginer une
mutualisation des moyens et de la réflexion »
[source : Libération Economie, Christian LOSSON, Les bonnets rouges, un mouvement populaire pas une bande de fachos »,6/11/13]
En bref, et comme le disait le Général de Gaulle : « En France, il faut toujours mettre de l’État, sinon ça merdoie ».
La
vraie demande des Bretons - qui sont des Français comme les autres -
c’est un retour de l’investissement public et une plus grande
solidarité nationale. Au fond, c’est cela le cri d’alerte de ces
dernières semaines en Bretagne.
La
révolte légitime des Bonnets rouges ne doit pas être récupérée par les
régionalistes et autonomistes de tous poils. La tentation est grande et
facile d’en vouloir à la République française. Mais, sauf pour les
idéologues, les problèmes auxquels sont confrontés la région Bretagne -
mais aussi toute la France - ne sont pas ceux provoqués par un État que
les dinosaures de l’européisme désignent comme étant « jacobin »,
« tentaculaire » et « autoritaire ». Les problèmes résultent justement
de l’inverse : qu'il n’y a plus d’État !
Ce dont les
Français – et parmi eux les Bretons – souffrent, c’est de ne plus avoir
cet État régulateur, qui assure la justice sociale et la solidarité
nationale, et qui fait plier les féodalités de toute nature – notamment
les féodalités économiques et financières - devant la volonté du peuple
et l’intérêt général.
Les Bretons doivent comprendre
l’objectif destructeur et sournois poursuivi, en Bretagne comme dans
d’autres régions d’Europe, par les dirigeants européistes. S’ils
flattent autant les identités régionales et poussent insidieusement au
séparatisme « dans le cadre européen »- via l’adoption de la « Charte
des langues régionales » ou via une large promotion médiatique de
pseudos-partis politiques qui ne représentent qu’eux-mêmes (comme Breizh
Europa) - ce n’est pas par goût des identités et des folklores
régionaux. C'est par une volonté bien réelle et très réfléchie de
détruire l’État-nation.
Car, malgré sans doute leurs
défauts, les États-nations hérités du passé sont les seules entités qui
peuvent encore s’opposer à la mainmise totale et prédatrice de
l’oligarchie financière euro-atlantiste sur les peuples d’Europe.
Jean-François GOURVENEC
Délégué Départemental de l'UPR pour le Finistère
Cadre bancaire
source : https://www.facebook.com/notes/fran%C3%A7ois-asselineau-union-populaire-r%C3%A9publicaine/de-laffaire-gad-%C3%A0-l%C3%A9cotaxe-et-aux-bonnets-rouges-les-enseignements-de-la-col%C3%A8re-/10151791963817038