"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

vendredi 28 décembre 2012

DANSER LA SARDANE EN SOLO : VERS UNE « INDÉPENDANCE » DE LA CATALOGNE SOUS LA COUPE DE L’UNION EUROPÉENNE ?

Coup de tonnerre dans une Espagne en crise : le 11 septembre 2012, une manifestation de grande ampleur (de 600 000 à 1 million de personnes selon les sources) est organisée dans les rues de Barcelone pour réclamer l’indépendance de la Catalogne et son intégration immédiate dans l’Union européenne.

Ses organisateurs se fondent sur une vision victimaire de l’histoire régionale et de ses rapports avec Madrid pour exiger l’auto-détermination de la Catalogne.

Une manifestation sur la place Christophe Colomb, en plein cœur de Madrid, organisée le 6 décembre 2012 par la Fondation Deanes pour la Défense de la Nation espagnole. Cette manifestation, écho de celle qui a lieu à Barcelone le même jour, est un succès (100 000 personnes dans la capitale, autour de 70 à 80 000 à Barcelone). La date n’est pas choisie au hasard : il s’agit de faire contre-poids aux manifestations indépendantistes du 11 septembre en choisissant la Fête de la Constitution, qui commémore l’adoption par référendum de la Constitution de 1978 (toujours en vigueur), le 6 décembre 1978. Cette manifestation a été ponctuée par plusieurs discours en faveur de l’unité espagnole, dont un de Santiago Abascal, président du Parti populaire du Pays basque et, comble de l’ironie, d’Alejo Vidal-Quadras, membre du Parti populaire de Catalogne et vice-président du Parlement européen.

I – UNE VASTE MANIPULATION HISTORIQUE…


Dans ce cadre, pourquoi avoir choisi le 11 septembre ? Il y a trois siècles, le nouveau roi espagnol, Philippe V de Bourbon, est placé par son grand-père, le souverain français Louis XIV, pour régner sur l’Espagne alors que la dynastie des Habsbourg espagnols s’éteint (2). Mais les conceptions très françaises, car centralisatrices, de la nouvelle administration rompent avec l’antique confédération des Habsbourg.

Cette dernière a été mise en place au XVIe siècle pour respecter les particularités culturelles, politiques et historiques fortes des différentes contrées de l’Espagne… dont les comtés catalans.

Une guerre féroce s’en suit entre les partisans de la nouvelle dynastie (Castillans et Basques) et leurs opposants (Aragonais, Catalans ou Valenciens). Le 11 septembre 1714, les troupes de Philippe V pénètrent dans Barcelone et remportent définitivement la guerre civile un an plus tard. C’en est fini des antiques droits de l’Aragon ou des comtés catalans, issus du Moyen-Âge. Et le 11 septembre est aujourd’hui la « fête nationale » officielle de la région, dont les indépendantistes espèrent la revanche trois siècles après.

Tout du moins est-ce la vision biaisée que les indépendantistes catalans véhiculent à propos de cette période plus complexe qu’ils ne veulent le dire.

Car après sa victoire finale, Philippe V interdit certes l’utilisation du catalan dans l’administration et la politique, mais il abolit aussi toutes les particularités archaïques qui caractérisaient la région… comme le servage, qui perdure encore à l’époque, de façon sporadique et indirecte, en Catalogne !

Le Portrait de la famille de Philippe V, par Louis-Michel van Loo. Le roi, alors sur le trône espagnol depuis 43 ans (le tableau date de 1743), est assis au centre, avec une canne. Il est accompagné, à notre droite, de son épouse, la reine d’origine italienne Élisabeth Farnèse (qui fera beaucoup pour favoriser la culture et la recherche scientifique en Espagne), et à notre gauche, debout, le bras tendu, du prince des Asturies. Ce dernier succèdera à son père sous le nom de Ferdinand VI en 1746, aux côtés de son épouse, la future reine Barbara de Bragance, d’origine portugaise. L’accession au trône de la dynastie Bourbon suppose, outre les changements signalés dans l’article, le triomphe en Espagne du despotisme éclairé, des Lumières (connues en Espagne sous le nom d’Illustration – « Ilustración ») et d’une cour plus gaie, plus animée que celle des Habsbourg, sombre, austère et mélancolique. Ce tableau en témoigne parfaitement.

Les conceptions politiques et administratives de Philippe V, radicalement novatrices, sont détaillées dans les Décrets de Nueva Planta (3), ensemble de décrets datés de 1707 à 1716 qui refondent totalement le gouvernement de l’Espagne. Or, les Catalans (au même titre que les Aragonais ou les Valenciens) en bénéficient aussi largement : là où ils étaient jadis exclus du gouvernement de l’ensemble du pays, qui était surtout une compétence castillane, ils peuvent désormais intégrer l’appareil administratif.

Ce sont donc des possibilités de carrière dans l’administration qui s’ouvrent à tous les Espagnols, sans distinction possible ni de privilège, ni de préséance médiévale. Dès lors, les Catalans peuvent pleinement participer au gouvernement national, ce que ne disent jamais les indépendantistes lorsqu’ils évoquent ce début de XVIIIe siècle.

L’État espagnol gagne par ailleurs en modernité ce qu’il perd en distinctions de ce type, évitant ainsi les blocages institutionnels qui caractérisaient le processus de prise de décision sous les Habsbourg (4).

Le castillan (autre nom de la langue espagnole) devient de plus la langue nationale, apprise à l’école et utilisée dans la justice. Il prend de fait une dimension universelle qu’il n’avait pas encore acquise auparavant. Tant les Barcelonais que les habitants de Nouvelle-Espagne (5), de Nouvelle-Grenade (6), de Valence ou de Saragosse peuvent dès lors dialoguer avec le reste des Espagnols, ce qui favorise d’autant la construction d’une nation unie et forte.

Le renforcement du royaume d’Espagne est justement l’objectif final de la nouvelle dynastie. Philippe V, puis ses principaux successeurs (Ferdinand VI et Charles III), parviennent à combler une part du retard que le pays a accumulé au siècle précédent en matière de recherche scientifique et technique, de conservation et d’archivage des documents (7) ou de mise en valeur de la langue (8).

Et les Catalans, outre le fait qu’ils participent pleinement à ces réformes d’ampleur nationale, profitent d’une autre décision majeure du nouveau roi, décision sous-tendue par ses conceptions centralisatrices. Sous les Habsbourg, seuls les territoires de la couronne de Castille pouvaient commercer avec les colonies espagnoles et en retirer des richesses. Avec l’accession au trône des Bourbon, cette autorisation est étendue à tout le territoire espagnol. La Catalogne, et particulièrement le port de Barcelone, profitent dès lors de cette nouvelle aubaine et connaissent un décollage économique fulgurant après les années de dépression économique de la Renaissance. Or, c’est ce décollage qui permet à la Catalogne d’être aujourd’hui la deuxième communauté autonome la plus riche d’Espagne (9)…

Bien entendu, les indépendantistes catalans se gardent d’avoir une image aussi nuancée de l’histoire régionale et nationale, dressant sciemment un portrait uniquement à charge de l’administration espagnole.

Et le règne de Philippe v n’est pas le seul concerné par cette manipulation permanente, vision inculquée aux jeunes Catalans dès leur plus jeune âge (10) : on trouve des déformations aussi grossières pour le compromis de Caspe (11), le règne des Rois catholiques (12), celui de Philippe IV (13), etc.

NOTES du § I   
(1) Danse traditionnelle collective qui se pratique sous la forme de rondes, la sardane est considérée comme l’une des manifestations culturelles les plus représentatives de la Catalogne, notamment depuis son interdiction durant l’ère franquiste (1939-1975).
(2) Pour une explication plus exacte et détaillée de ces changements politiques, l’article de Wikipédia sur la Guerre de Succession d’Espagne peut être utile : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_succession_d’Espagne.
(3) L’article proposé par Wikipédia à ce sujet offre une analyse intéressante et nuancée de cette législation fondamentale dans l’histoire de l’Espagne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Décrets_de_Nueva_Planta
(4)  C’est l’un des éléments qui a provoqué la ruine de la Castille, couronne la plus importante et la plus riche d’Espagne à l’accession au trône de Charles Ier de Habsbourg (plus connu sous le nom de Charles Quint en France). En effet, les territoires de la couronne d’Aragon (et donc les comtés catalans) bataillaient souvent, par le biais de leurs parlements régionaux, pour ne pas contribuer à l’effort financier et humain commun. La Castille était alors contrainte de fournir l’argent et les soldats que refusait la couronne aragonaise au roi d’Espagne et elle se vida donc de sa substance tout au long des XVIe et XVIIe siècles. Cette situation serait jugée scandaleuse par n’importe quel dirigeant du XXIe siècle… mais elle semble naturelle pour indépendantistes catalans !
(5) Territoire qui comprend le Mexique, le Guatemala et la moitié occidentale des États-Unis d’Amérique.
(6) Territoire qui comprend la Colombie et Panamá.
(7) C’est avec les Bourbon qu’est créée la Bibliothèque nationale d’Espagne, qui a fêté son tricentenaire cette année.
(8) Le nouveau souverain approuve la création de l’Académie royale de la Langue, sur le modèle de l’Académie française. En 2012, l’Institut d’Espagne regroupe huit académies de ce type, dont trois sont créées au XVIIIe siècle. De plus, l’Académie royale de la Langue coordonne l’Association des Académies de la Langue espagnole (http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_académies_de_la_langue_espagnole), ce qui donne une projection internationale majeure à l’espagnol.
(9) C’est la communauté de Madrid qui est la plus riche du pays depuis quelques années : http://estaticos.elmundo.es/documentos/2010/03/05/portada.pdf.
(10) Ce n’est pas un hasard si le gouvernement autonome tient tant à l’éducation régionale comme compétence exclusive, protestant à la moindre immixtion de l’État central dans ce domaine.

 

II – …À DES FINS POLITIQUES PRÉCISES

 

Toute l’histoire de la Catalogne est, en 2012, relue par les indépendantistes à l’aune d’événements comme celui-là. Au premier rang de ces indépendantistes se trouve Artur Mas, actuel président de la Généralité de Catalogne (14), qui profite des manifestations du 11 septembre pour organiser des élections régionales anticipées.

Son objectif ? Obtenir la majorité absolue pour son parti, Convergence et Union (droite libérale indépendantiste) et organiser d’ici à 2014 un référendum sur l’auto-détermination du « peuple catalan »… sans bien sûr tenir compte de l’avis des autres Espagnols.

L’actuel président de la Généralité de Catalogne, Artur Mas i Gavarró, reçoit le médaillon d’investiture des mains de Núria de Gispert, présidente du parlement régional, le 23 décembre 2012. Il est à noter que le portrait du roi Juan Carlos Ier, qui doit être selon la loi présent et visible dans tous les bâtiments publics du pays, a été voilé spécifiquement pour l’investiture d’Artur Mas – un symbole supplémentaire du rejet violent du reste de l’Espagne de la part des indépendantistes catalans.

Si Artur Mas et sa formation subissent un lourd revers aux élections du 25 novembre (ils perdent douze sièges au parlement régional), ce n’est pas le cas de l’autre principal parti indépendantiste, la Gauche républicaine catalane (ERC), qui devient la deuxième force politique régionale avec 21 sièges. C’est avec l’unique soutien d’ERC et de son président, Oriol Junqueras, qu’Artur Mas est réélu à son poste de président de la Généralité en décembre.

Il peut par ailleurs, grâce à ce soutien, obtenir une majorité absolue pour prévoir l’organisation d’ici à 2014 d’un référendum sur l’auto-détermination de la Catalogne.

L’enjeu est clair : c’est l’appartenance de cette communauté autonome à l’Espagne qui est en jeu. Même si le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas la validité d’une telle consultation (15), la situation est plus que tendue.

Depuis le 3 septembre 2012, une série de 86 communes catalanes (sur les 947 que compte la région) ont décidé, suite à un vote de leur conseil municipal, de se constituer en « territoire catalan libre ». Elles refusent ainsi les « symboles du royaume d’Espagne imposés par de la colonisation espagnole » – sic – (16) et n’appliquent la législation nationale qu’à titre provisoire, jusqu’à ce qu’une Catalogne « indépendante » édicte ses propres lois.

Mais que veulent exactement les indépendantistes catalans, à commencer par Convergence et Union ou la Gauche républicaine catalane ?

Les revendications d’autonomie culturelle (17) pouvaient avoir du sens dans l’Espagne franquiste, autoritaire et centralisatrice. Pourtant, elles ont été plus que très largement contentées depuis le retour à la démocratie, en 1975.

La Catalogne dispose, comme toutes les autres communauté autonomes espagnoles, de larges compétences exclusives ou presque en matière éducative, sanitaire, économique, culturelle, etc. Il existe même un corps de police propre – les « mossos d’esquadra » – et seul le Pays basque dispose de plus d’autonomie au sein de l’Espagne.

Les revendications économiques apparaissent largement dérisoires, même si ce sont elles qui ont soulevé le plus de passion ces dernières années. Alors que l’Espagne est plongée, comme toute la zone euro, dans une grave crise financière, économique et sociale, la Catalogne est la région la plus endettée du pays (20% de son Produit intérieur brut). Son activité économique est plombée par les coupes sombres décidées tant par Mariano Rajoy que par Artur Mas, tous deux de convictions libérales, le tout sous la houlette de la Commission européenne.

Brandissant des chiffres douteux sur le prétendu « déficit fiscal » de la Catalogne vis-à-vis du reste de l’Espagne (18), Artur Mas et les indépendantistes veulent désormais « sortir de l’Espagne » pour assainir les finances catalanes et faire de la région une « oasis de prospérité ».

Et cela ne sera possible, selon eux, que si la Catalogne souveraine intègre immédiatement l’Union européenne. La manifestation du 11 septembre 2012 est claire à cet égard puisqu’elle a été intitulée par ses organisateurs « Catalogne, nouvel État européen ».

NOTES du § II
(14) Nom officiel du gouvernement catalan au sein de l’organisation quasi fédérale qu’est celle de l’Espagne.
(15) Pas plus que les gouvernements précédents, qui avaient eu la même attitude face aux consultations populaires dans différentes municipalités catalanes entre 2009 et 2010.
(16) C’est par exemple ce que déclare officiellement la commune d’Arenys de Munt, peuplée de 8 000 habitants et situé à 45 kilomètre de Barcelone : http://diarimaresme.com/2012/arenys-munt-territori-catala-lliure-i-sobira/.
(17) La reconnaissance officielle du catalan et son enseignement à tous les niveaux du système scolaire régional, par exemple.
(18) Les indépendantistes catalans affirment que leur région verserait davantage d’argent à Madrid qu’elle n’en recevrait en termes d’investissements, ce que contredisent formellement les études gouvernementales et plusieurs analyses indépendantes.

 

CONCLUSION : LE TRAVAIL DE DESTRUCTION DE LA PRÉTENDUE « CONSTRUCTION » EUROPÉENNE


Nul doute que la politique d’Europe des régions, qui vise à affaiblir les ensembles nationaux en les fragmentant en sous-unités trop faibles pour résister, fait une fois de plus des ravages. Elle s’engouffre en tout cas dans un contexte économique très complexe et profite d’une histoire espagnole non moins problématique (19). Aucun de ces trois facteurs ne doit être sous-estimé.

Nul ne sait ce qui adviendra de la Catalogne et de l’Espagne dans les deux années à venir. Il est revanche certain que l’Union européenne et l’actuel gouvernement de Mariano Rajoy et Artur Mas, par leur entêtement dans de folles politiques d’austérité économique et budgétaire, contribuent à tendre plus encore la situation.

Il est tout aussi clair que la cohabitation entre Espagnols est de plus en plus difficile.

En effet, face aux revendications indépendantistes catalanes ou basques, toujours plus agressives et pressantes (20), l’exaspération des autres Espagnols est toujours plus patente. Et l’on en voit qui, comme l’acteur – pourtant d’origine catalane – Albert Boadella, déclare à propos des Catalans : « Qu’ils se barrent une bonne fois pour toutes ! » (21).

Plus que jamais, la sardane pourrait se danser seule… ou en duo avec la Commission européenne.

L’acteur espagnol Albert Boadella Oncins, né en 1943 à Barcelone, est l’une des figures de proue de la défense de l’unité de l’Espagne, ce qui lui vaut une forte inimité de la part des Catalans. Ses récentes déclarations (« Qu’ils se barrent une bonne fois pour toutes ! ») relèvent davantage de la provocation et de l’exaspération que d’un souhait réel. Il est toutefois un ennemi des indépendantistes catalans, qui l’ont menacé et insulté à de très nombreuses reprises.

NOTES DE LA CONCLUSION
(19) L’Espagne est l’une des plus vieilles nations européennes, au même titre que la France ou l’Angleterre. Mais son histoire mouvementée a été marquée par des modes d’administration très décentralisés (empire des Habsbourg) lorsqu’elle aurait eu les moyens de se centraliser ; ou par un manque cruel de moyens et de stabilité politique lorsqu’elle en a eu la volonté (au XIXe siècle notamment). Sa pluralité est une richesse mais aussi une source de problèmes.
(20) L’interdiction de la corrida en Catalogne répond surtout à des impératifs politiques d’ordre indépendantiste, ainsi que l’ont avoué les responsables de la Gauche républicaine catalane, qui veulent aussi faire interdire la vente de souvenirs typiquement espagnols en Catalogne : http://www.abc.es/20100820/espana/bolsas–ganchillo-para-lidiar-20100820.html.
(21) C’est ce qu’il déclare par exemple au cours de cette éloquente entrevue : http://www.periodistadigital.com/politica/autonomias/2009/12/14/albert-boadella-ciutadans-catalunya-referendum-ilegal.shtml.

Nicolas KLEIN
Responsable national de l’UPR pour les traductions en langues étrangères.
Spécialiste de l’Espagne

vendredi 14 décembre 2012

LES 2 PROBLÈMES ESSENTIELS DE L'ITALIE : ELLE N'A PAS LA BONNE MONNAIE ET ELLE N'A PAS LE BON MOUVEMENT POLITIQUE


Un nouveau et très bon article d'Ambrose Evans-Pritchard du Daily Telegraph :

« L’ITALIE A UN SEUL PROBLÈME ÉCONOMIQUE MAJEUR : ELLE N’A PAS LA BONNE MONNAIE » :

Dans un numéro récent (10 décembre 2012) du grand quotidien britannique Daily Telegraph, le célèbre journaliste Ambrose Evans-Pritchard explique que « le départ de Mario Monti est la seule façon de sauver l'Italie ».

Pourquoi ? Parce que «  l’Italie a un seul problème économique majeur : elle n’a pas la bonne monnaie » et Mario Monti est l'homme qui a été placé à la tête de l'Italie pour que le pays reste dans cette monnaie.

Dans cet article très bien documenté, Ambrose Evans-Pritchard démystifie l’idée selon laquelle une sortie de l’Italie de l’euro serait un désastre économique pour le pays. Il montre au contraire qu’un retour à la lire est non seulement souhaitable, mais qu’un retrait de Mario Monti pourrait être un premier pas dans cette direction.


CE QU'IL FAUT RETENIR DE CET ARTICLE

  • - L’Italie est plus riche que l’Allemagne en termes de richesse par habitant. Elle a le premier excédent primaire du G7. Son cumul de dette privée et publique est inférieur à celui de la France, des Pays-Bas, du Royaume Uni, des États-Unis ou du Japon.
  • - Selon Andrew Roberts de la banque RBS : [...] « S’il y a bien un pays d’Europe qui aurait intérêt à sortir de l’euro pour restaurer sa compétitivité, c’est évidemment l’Italie ». Analyse corroborée par une étude de la Bank of America.
  • - L’obstacle principal à un retrait de l’euro est Mario Monti, ardent défenseur du projet européen et de l’euro. Plus tôt sera sa sortie, plus tôt le pays pourra stopper sa descente dans la récession. Les marchés sont d’ailleurs horrifiés à cette idée, en témoigne la flambée récente des taux sur le 10-ans italien.
  • - Un tel scénario démontrerait que les propos de M. Draghi promettant de venir à l’aide des pays de manière « illimitée » ne reposent sur rien de concret, et que le vrai pouvoir est encore du côté des hommes politiques.
  • - Alors que la chute de l’économie italienne s’accélère, il serait surprenant que, lors des élections à venir, les italiens accordent leur confiance à des hommes politiques partisans de mesures ayant prouvé leur inefficacité. 30% d’entre eux seulement estiment aujourd’hui  que l’euro a été « une bonne chose ».
  • - L’intervention de Berlusconi ce weekend témoigne de ce que les voix anti-austérité commencent à se refaire entendre. « L’Italie est au bord de l’abysse. Je ne peux pas laisser mon pays être entraîné dans une spirale de récession sans fin. [...] La situation est aujourd’hui pire qu’il y a un an. Nous ne pouvons pas continuer ainsi » a t-il déclaré.


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LE BILAN CATASTROPHIQUE DE MARIO MONTI

Même si Ambrose Evans-Pritchard ne le dit pas expressément, la teneur de cet article montre que Mario Monti n'agit pas dans l'intérêt des Italiens mais de l'oligarchie euro-atlantiste qui a fait nommer cet ancien de Goldman Sachs à la tête du gouvernement italien en novembre 2011, sans demander son avis au peuple italien et sans passer par la case "élections".

Or, et même si tous les grands médias euro-atlantistes affirment le contraire, le bilan d'un an de gestion de Mario Monti est une catastrophe.

Alors qu'il a annoncé qu'il allait quitter la Présidence du Conseil, et il laisse derrière lui un recul de -1,1% de la production industrielle en octobre sur un mois, et un recul de -6,2% sur un an. Cette baisse mensuelle de l'indice se retrouve dans tous les secteurs, notamment les biens intermédiaires (-8%), les biens de consommation (-5,5%) et l'énergie (-4,4%).


CONCLUSION : IL MANQUE A L'ITALIE UNE UPR


Cette situation politique, économique, monétaire et sociale, et l'évidence de plus en plus flagrante que l'euro est LA principale source des problèmes de l'Italie, expliquent pourquoi tous les grands médias euro-atlantistes, à commencer par les grands médias français, ont commenté avec un tel dédain l'idée d'un retour de M. Berlusconi.

Perclus de scandales, condamné par la justice, M. Berlusconi n'est hélas pas un homme politique respectable. Et c'est sans doute la raison de fond pour laquelle l'oligarchie lui donne encore la parole.

En Italie comme partout ailleurs en Europe, ceux qui tirent les ficelles ont intérêt à discréditer toute idée de sortie de l'euro en l'amalgamant, soit à l'extrême-droite (le FN en France, le PVV (Parti pour la Liberté) de Geert Wilders aux Pays Bas, Aube Dorée en Grèce, etc.), soit à l'extrême-gauche (le KKE communiste en Grèce), soit purement et simplement à un affairiste aux agissements mafieux (Berlusconi en Italie).

Du reste, tout comme le FN en France, la position de M. Berlusconi sur l'euro n'est pas du tout claire et il n'a jamais indiqué précisément et définitivement que son programme consistait  à en sortir. Du coup, il a laissé la place vide que s'est empressé d'occuper Beppe Grillo, une sorte de Coluche italien, dont le "Mouvement 5 étoiles" connaît un succès grandissant chez nos amis italiens.

Ce mouvement politique de type libertarien présente de nombreux aspects sympathiques, dont certains le rapprochent d'ailleurs de l'UPR, comme la "e-democracie", l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux comme vecteurs d'information s'exerçant sans censure, et la volonté de rester en dehors du clivage gauche-droite. (Cependant, d'après une enquête de l'Istituto Cattaneo, une écrasante majorité des électeurs du mouvement serait issue des partis de centre-gauche).  

Porté par les événements, ce mouvement politique né sur Internet est désormais crédité de 19% d'intentions de vote au niveau national (sondage SWG de juin 2012) et, lors des élections anticipées de l'Assemblée régionale sicilienne le 28 octobre 2012, il est arrivé en 3e position des coalitions en lice, et est même devenu le premier parti de Sicile, avec plus de 18 % des voix.


  

Le problème, toutefois, posé par ce parti est que son président et fondateur est une personnalité truculente et peu crédible. Tour à tour acteur de théâtre, de cinéma, et de télévision, provocateur et agitateur d'idées, il a animé une journée populaire en Italie, sous le sobriquet gracieux dle « V-Day » pour "Vaffanculo" (= "va te faire foutre") en 2007...

Les analyses de Beppe Grillo sur les tenants et aboutissants de la construction européenne, ou sur la géopolitique mondiale qui se cache derrière, sont des plus minces. Son expérience professionnelle est nulle, et la façon burlesque dont il fait campagne (cf. photo ci-dessus) donne à penser qu'il éprouve le besoin de ridiculiser lui-même les idées qu'il défend.  

Pourquoi agit-il ainsi ? N'est-ce pas une autre façon de saper l'idée de sortir de l'euro que de la faire porter par des personnages aussi peu crédibles pour exercer des fonctions gouvernementales ?



En bref, ce qu'il manque à l'Italie, ce n'est pas seulement de récupérer la lire, c'est aussi d'avoir une UPR italienne.

François Asselineau 




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mercredi 5 décembre 2012

PROGRAMME DE LIBERATION NATIONALE


Programme de Libération Nationale - 2# - Rétablir la démocratie la plus large

RÉTABLIR LA DÉMOCRATIE LA PLUS LARGE




  • Entreprendre une grande réforme constitutionnelle soumise à référendum afin de rétablir les grands principes démocratiques et républicains.

  • Interdire, de manière constitutionnelle, les transferts de souveraineté non limités dans le temps et dans l’objet. Supprimer le Titre XV de laConstitution française(Titre sur l’Union européenne, adopté en 2008).

  • Interdire, de manière constitutionnelle, toute prise de contrôle des médias de masse par des fonds de pension ou des groupes et conglomérats multinationaux.

  • Inscrire dans la Constitution : « les élections s’effectuent au scrutin secret et manuel, au moyen de bulletins de vote en papier, d’urnes transparentes et sous la surveillance du public. les scrutins par machines à voter électroniques sont interdits. »

  • Supprimer la procédure dite « du Congrès » (article 89). Toute réforme de la Constitution devra se faire par référendum (article 11) et celui-ci précisera que la réforme n’est adoptée que si elle obtient la majorité des électeurs inscrits.

  • Transformer l’actuel Conseil constitutionnel en une Cour constitutionnelle, qui sera professionnalisée et dépolitisée. Inspirée de l’exemple allemand, cette Cour sera composée exclusivement de 16 magistrats professionnels, élus par les parlementaires pour une période non renouvelable de 12 ans. Elle devra défendre la Constitution en toutes circonstances et en aucun cas suggérer de la défaire pour s’adapter à des traités internationaux (modification de l’article 54 de la Constitution). les possibilités de saisine seront élargies à des groupes d’élus locaux ou de citoyens français.

  • Instaurer le référendum d’initiative populaire en plus du référendum d’initiative présidentielle. Ce second type de référendum s’effectuera sous le contrôle de la nouvelle Cour constitutionnelle, qui vérifiera préalablement sa conformité avec la Constitution. Une loi organique en fixera les modalités d’organisation. les référendums pourront comporter plusieurs questions pour nuancer les réponses.

  • Reconnaître le vote blanc comme un vote à part entière. Annuler le scrutin et convoquer de nouveau les électeurs en cas de vote blanc majoritaire, avec interdiction aux candidats du vote précédent de se représenter.

  • Instaurer l’équité du financement public pour les activités politiques. Ce financement sera strictement proportionnel aux voix reçues à chaque élection, décomptées dès la première voix.

  • Rétablir et étendre le crime de haute trahison pour le chef de l’État et les membres du gouvernement. La signification juridique de cette incrimination sera précisée et étendue, notamment à la corruption, à l’abus de biens d’État et à la collusion avec des puissances étatiques étrangères ou avec des pouvoirs privés pour mener une politique contraire à l’intérêt général du peuple français.

  • Réformer le statut de l’élu, avec interdiction du cumul des mandats fixée par une loi organique. Limiter à un seul renouvellement consécutif les mandats de parlementaires, conseillers régionaux et généraux. Poser le principe de l’examen périodique des conflits d’intérêts et celui de l’inéligibilité à vie d’un responsable public condamné pour corruption.

  • Inscrire dans la Constitution la liste des services publics non privatisables par nature.