"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

lundi 9 décembre 2013

L’Union européenne, les lobbies et les consommateurs

Certains croient encore en l’Union européenne parce qu’on leur a dit et répété que l’union faisait la force.

L’Union européenne fait effectivement la force… des lobbies et ce, d’autant plus que l’ « Union » européenne n’a d’union… que le nom !

C’est à Bruxelles, siège de la commission européenne, que travaillent des milliers de fonctionnaires européens en contact permanent avec les lobbies des multinationales et autres grandes entreprises. Ces lobbies, comme l’AMCHAM, l’ERT et l’UNICE, ont fait de Bruxelles leur capitale européenne sur le modèle redoutable de leur capitale mondiale, Washington.

Remarquons d’abord que ces lobbies gagnent beaucoup à :
  • concentrer leur activité à Bruxelles plutôt que s’ils devaient se disperser, à un coût bien supérieur, dans toutes les capitales européennes. Par effet de seuil, certains lobbies n’existeraient même pas au niveau national, le marché n’étant pas suffisamment vaste pour un « retour sur investissement ».
  • influencer des fonctionnaires et des commissaires européens méconnus du grand public plutôt que des ministres plus médiatisés, censés rendre des comptes et suivis par les citoyens avertis.
  • l’augmentation des pouvoirs de la commission européenne, non élue et sous leur influence, pour que celle-ci puisse décider, à la place des ministres des pays européens, notamment dans les domaines des compétences exclusives de la commission.
Remarquons aussi que :
  • les multinationales qui, par leur lobbying intensif, prônent le libre échange intégral ont, dans leur passé, grandi à l’abri du protectionnisme dont elles ont réussi à rendre le mot presque tabou.
  • les fonctionnaires européens au statut privilégié (Ex : retraite complète au bout de 15 ans et demi) instillent la concurrence tout azimut dans les directives et règlements européens alors qu’eux-mêmes sont à l’abri de la concurrence. Pour eux, l’Europe c’est la paie et non pas la paix comme on voudrait, par ailleurs, nous faire croire.
Dans le TFUE (Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne), les articles 32, 63, 123 et 282 organisent, sans ambiguïté, l’asservissement des peuples à la finance et au commerce international. Au contraire, l’article 169 sur la protection des consommateurs semble apparemment bienveillant… tant qu’on n’a pas remarqué l’expression précisant que cette protection doit se faire « dans le cadre de la réalisation du marché intérieur ». Autrement dit, le marché prime sur la protection des consommateurs !
Voici, concernant la « protection » des consommateurs, deux exemples parmi d’autres :
  1. Viandes désinfectées à l'acide lactique.
Après l’avis favorable rendu en juillet 2011 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), est arrivé à la Commission européenne un projet de règlement sur l’acide lactique utilisé, notamment aux Etats-Unis, pour réduire la contamination bactérienne de carcasses de bovins. Comme souvent, aucune majorité qualifiée, ni dans un sens ni d’ans l’autre, n’ayant été trouvée entre les états membres de l’UE, certains, dont le Royaume-Uni, s’y montrant favorables, tandis que d’autres, dont la France, y étant fermement opposés, les ministres concernés (ceux de l’agriculture) ont laissé à la commission européenne le « soin » de décider à leur place. Le parlement européen n’ayant ensuite pas voté contre (à quelques voix près), la commission européenne, sujette à un intense lobbying américain pour que l'Europe change sa réglementation et ouvre enfin son marché à la viande "made in USA", a ainsi pris, fin février, la décision d’autoriser l’utilisation de l’acide lactique, avec pour conséquences :
  • Côté sécurité alimentaire, cette décision est un feu vert au relâchement global des pratiques d’hygiène sur l’intégralité de la chaine dite « de la fourche à la fourchette » c’est à dire de l’éleveur au boucher, en passant par le transporteur et le grossiste, jusqu’au consommateur.
  • Côté emploi, nos éleveurs ont désormais à affronter une nouvelle concurrence déloyale de pays qui masquent leur manque d'hygiène et leurs mauvaises conditions d'élevage et d'abattage par des artifices tels que l’acide lactique.
  • Côté information, aucune étiquette n’est censée avertir le consommateur que la viande a été traitée à l’acide lactique dont l’acceptation préfigure peut-être l’arrivée des poulets américains traités au chlore.
  1. Farines animales – Le retour.
Décidée, en dernier ressort, par la commission européenne car, une fois de plus, les états membres de l’UE n’ont pas pu se mettre d’accord ni dans un sens ni dans l’autre, les farines animales de porc et de volailles sont de retour depuis juin 2013 pour l’alimentation des poissons. La France, comme pour les OGM, était contre. L’ « Union » européenne en a décidé autrement. Mais attention, ces farines ont changé de nom sans prévenir. Il faudra désormais les appeler PAT (Protéines Animales Transformées), le nom « farine animale » étant associé, dans l’esprit du grand public, au scandale de la maladie de la vache folle (ESB) qui a sévi dans les années 90 et qui a tué des centaines de consommateurs auxquels on avait caché la folie du régime carnivore imposé à des herbivores. Régime diabolique mis au point pour améliorer la productivité industrielle dont on nous rabâche à longueur de journée qu’elle fait toujours défaut à notre pays soumis, par l’intermédiaire de l’Union européenne, aux quatre vents de la concurrence mondiale débridée. Pour en revenir aux PAT, les scientifiques estiment que le risque de transmission de l’ESB entre animaux non-ruminants est négligeable du moment qu'il n'y a pas de cannibalisme. Même s’ils ont raison, le tout récent scandale de la viande de cheval mettant en évidence les lacunes de la filière alimentaire devrait inciter à la plus extrême prudence. Des substitutions de farines « conformes » par d’autres moins chères mais « non conformes » pourraient très bien se produire pendant une période suffisante pour aboutir à une nouvelle forme d’ESB généralisée. Mais conformément à l’insidieux article 169 du TFUE, c’est le marché intérieur qui prime sur la santé des consommateurs…
Ces deux exemples devraient, si y on ajoute le cas similaire des OGM, imposés aux français malgré eux, faire prendre conscience que l’UE est en situation de « cohabitation permanente », et laisse donc émerger une politique des lobbies en lieu et place d’une vrai politique au service de l’intérêt général. « On ne fait pas d’omelette avec des œufs durs » avait dit un jour le général de Gaulle en pensant aux vieilles nations. Il avait aussi averti, dans sa conférence de presse du 15 mai 1962, que l’absence prévisible de politique commune de l’Europe faisait le jeu d’un fédérateur extérieur (Etats-Unis) qui lui en aurait une (de politique). Mais ceci est une autre (triste) histoire que nous vous invitons à découvrir sur le site de l’Union Populaire et Républicaine (UPR) qui en tire les conclusions qui s’imposent, à savoir que la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN est un préalable indispensable au rétablissement de la démocratie qui n’est plus, aujourd’hui, que d’apparence puisque, quels que soient les résultats des élections, c’est à peu près toujours la même politique qui est menée.

Daniel Militant UPR



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