"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

mardi 31 décembre 2013

Un crime contre l’humanité des temps modernes

Le constat est terrifiant. Eurostat indique que 24.8% de la population européenne – soit près de 125 millions de personnes – étaient en 2012 « au seuil de la pauvreté et de l’exclusion sociale ». A force de s’ingénier à démanteler notre modèle social européen, l’ultra-libéralisme peut désormais crier victoire. Il est enfin parvenu à faire dépendre notre niveau de vie, notre pouvoir d’achat et nos emplois intégralement de la conjoncture économique, elle-même – on ne le sait que trop aujourd’hui – calquée sur les aléas des marchés boursiers et sur les profits du système financier.
En l’absence de remèdes macro-économiques pourtant à portée de main, devant le refus catégorique des dirigeants du Nord de soulager les populations meurtries du Sud, ces statistiques relatant la misère en Europe et le délitement de notre autrefois enviée solidarité sont condamnés à s’aggraver. Nous refusons dorénavant d’accorder une protection basique à nos citoyens les plus fragiles et livrons sans scrupule leur existence et leur destinée aux cycles de l’activité économico-financière. Saviez-vous pourtant que tout ce gâchis aurait pu être évité ?
Cette Europe où l’idéologie – depuis l’affaire Dreyfus au marxisme-léninisme pour en finir avec le nazisme – a fait tant de ravages. Cette Europe est effectivement encore et toujours esclave de l’idéologie qu’elle fait subir à une portion considérable de ses enfants. Idéologie qui veut aujourd’hui imposer l’austérité pour punir les pêcheurs et pour mater les cigales. Alors qu’il aurait été si facile d’accompagner au moins cette rigueur dictée à la périphérie par une politique expansioniste mise en place dans les pays riches. Le crime contre l’humanité – aujourd’hui en 2013-2014 – consiste donc à ce qu’une des parties du monde censée être la plus riche et la plus confortable assiste à l’exclusion et à la misère du quart de sa population dans une indifférence totale.
Car, contrairement à ce qui nous est servi et assené quotidiennement, cette crise n’est pas la résultante de l’ »Etat social », tout comme cette crise ne sera certainement pas résorbée en diminuant les dépenses publiques pas plus qu’en dérégulant le marché du travail. Les sources de nos déboires sont de nature monétaire car l’Union européenne a dû fonctionner pendant dix ans avec des taux d’intérêt et avec une politique monétaire seulement adaptée aux besoins allemands. Dans une royale indifférence à la conjoncture en vigueur au sein des nations européennes périphériques, qui ont fatalement subi de multiples bulles spéculatives du fait de taux d’intérêt maintenus à des niveaux infimes afin de soulager une Allemagne qui en avait alors désespérément besoin. 

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