"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

vendredi 14 mars 2014

Auditions du Conseil Economique Social et Environnemental de la République Française - CESE


Questions à François Asselineau,
Auditionné par la Section des Affaires Européennes et Internationales

"L'Union Européenne à la croisée des chemins"

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  • Question première :
L'idée de sortir de l'euro est-elle crédible ?

Réponse : "Bien sûr, l'idée de sortir de l'euro est crédible, d'ailleurs elle a été beaucoup envisagée il n'y a pas très longtemps avec la Grèce puis avec Chypre, et il y a quelques semaines cinq prix Nobel d'économie, Paul Krugman, Joseph Stiglitz, Thomas Sargent qui sont trois prix Nobel d'économie américains, mais aussi Christopher Pissaridès qui est prix Nobel d'économie Chypriote et Sir James Mirrlees qui est prix Nobel d'économie britannique, ont co-signés une tribune dans le magazine Expansion, un magazine espagnol, pour conseiller à l'Espagne de sortir au plus vite de l'euro.

En réalité le débat devrait être sur la table, malheureusement en France c'est un débat qui est extrèmement sulfureux, dès que 'on dit que l'on veut sortir de l'euro on est aussitôt soupçonné d'être d'extrème droite ou d'avoir ce genre de raisonnement. Rien n'est plus faux, c'est un sujet extrêmement technique. La question que l'on devrait se poser c'est qu'est ce qui se passe si on sort de l'euro, ça c'est vrai, mais on devrait aussi se poser la question qu'est ce qui se passe si on y reste. Si on reste dans l'euro, on risque d'avoir une montée en puissance considérable du chômage et de l'appauvrissement dans tous les pays du Sud de l'europe jusqu'à l'explosion générale, puisque la survie de l'euro suppose que nous ayons tous jusqu'à la fin des temps la même convergence de la compétitivité et des taux d'inflations, ce qui historiquement est prouvé comme étant impossible.
Et puis maintenant, si on sort de l'euro. Il y a eu des études qui ont été faite, je citais les cinq prix Nobel d'économie juste avant, mais il y a également en France une étude qui a été faite par Jacques Sapir, professeur d'économie des hautes études en sciences sociales et Philippe Murer, professeur d'économie à la Sorbonne, qui ont envisagés neuf scénarios de sortie de l'euro qui montrent que les résultats seraient assez extraordinaires, avec une diminution très importante du nombre de chômeurs en France. On passerait de 3.2 millions de chômeurs à 2.2 millions dan sle moins bon des cas et 1.2 millions dans le meilleur des cas. C'est à dire que l'on pourrait réduire des deux tiers le nombre de chômeurs et puis accessoirement, mais ça n'est pas accessoire, le pourcentage de notre endettement du PIB pourrait perdre jusqu'à dix points et on assisterait à une relocalisation des industries qui ont fui notamment du fait d'un franc qui serait déprécié d'une trentaine de pourcents par rapport au dollar. Actuellement l'euro est de très très loin surévalué pour la compétitivité de l'économie française."

  • question deuxième :
A contrario, le cadre institutionnel actuel de l'union économique et monétaire permet-il d'envisager une véritable consolidation de l'euro ou conviendrait-il d'aller vers davantage de fédéralisme ?

Réponse : "Actuellement ce sont des expédiants qui sont pris, de bric et de broc, à chaque on voit que ça ne marche pas. L'un des derniers expédiants trouvé, c'est ce qu'on appel dans le jargon les OMT, qui consiste en fait à demander à ce que les pays du Nord de l'europe et notamment les allemands, paient à guichet ouvert les problèmes rencontrés par les pays du Sud. C'est un système qui n'est pas viable, notamment politiquement et sociologiquement. Je rappelle qu'on ne porte pas suffisamment attention au fait que les allemands, l'opinion publique allemande, en ont assez de payer. Le Tribunal de karlsruhe apris une décision il y a quelques jours pour demander à la commission européenne de vérifier la licéïté de ce genre de dispositif au regard de l'article 125 du RFUE. Nous allons vers de nouveaux rebondissements.
Donc l'idée qui consiste à faire "un saut fédéral" pose le même genre de problème, dire qu'il faut faire l'europe fédérale, revient à considérer le problème résolu, si l'europe est comme elle est, si on va de blocage en blocage, c'est qu'il n'y a pas de peuple européen, il y a des peuples européens qui ont chacun leur histoire, leur vision du monde, leur langue, leur conception des rapports sociaux, leur structure économique, leurs négociations salariales. Avec une europe fédérale et avec une monnaie unique européenne, cela impose, qu'on le veuille ou non, que tous les pays doivent converger vers le même modèle et en pratique vers le modèle du pays le plus peuplé et dont l'économie est la plus puissante, c'est à dire l'Allemagne. Ceci pose des problèmes, j'ai cité à l'instant l'acrimonie qu'il y a chez beaucoup d'allemands vis à vis des pays du Sud, l'acrimonie est non moindre dans les pays du Sud vis à vis de l'Allemagne, qui ont le sentiment que désormais c'est l'Allemagne qui dirige l'ensemble de l'europe.
En fait l'euro mécontente tout le monde, dailleurs en France on voit bien que à cause de cette construction et à cause de cette monnaie, les gouvernements votés à droite ou votés à gauche, on a en fait toujours la même politique, qui est perçue par nos compatriotes et à juste titre comme une politique de régression sociale et une politique de "multiplication" notamment pour les jeunes, de petits boulots, de salaires à très bas coût.
Or tout ceci est porté par l'euro comme l'orage porte la pluie, une monnaie unique impose d'avoir un alignement sur le moins disant social et le plus compétitif. Est-ce que les français, les grecs, les italiens, les portugais, les irlandais, les espagnols sont prêts pour cela, l'histoire a donné la réponse de nombreuses fois, c'est non."

la vidéo de l'entretien au CESE >>>  http://www.dailymotion.com/video/x1d9af4_audition-de-francois-asselineau-igf-cese_news

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