"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

mercredi 19 juin 2013

LE DOUBLE LANGAGE DU FRONT NATIONAL A PROPOS DE L’UNION EUROPÉENNE ET DE L’EURO

Par le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP)

Le Front national diffuse actuellement un tract intitulé « L’euro détruit votre épargne ».

http://www.frontnational.com/telecharger/tracts/leuro-detruit.pdf

Ce tract témoigne du double langage de ce parti à propos de l’Union européenne et de l’euro. Les grands médias nous répètent inlassablement que le FN veut sortir de l’euro et qu’à ce titre il est le seul à préconiser cette mesure présentée comme une folie. Un certain nombre de citoyens, mal renseignés, reprennent sans vérifier la propagande des médias. En réalité le Front national ne veut pas sortir de l’euro. C’est la conclusion évidente qui s’impose à qui prend la peine d’étudier les textes du FN.

Tout semble bien démarrer quand le FN, dans son tract, constate à juste titre que l’euro a favorisé la hausse des prix et la crise, beaucoup plus violente que dans les pays qui ne sont pas dans la zone. Le FN dénonce ensuite les mesures prises à Chypre. En effet, la tentative de taxer toute l’épargne déposée sur les comptes bancaires, sans discriminer les riches des pauvres, les entreprises prospères de celles en difficulté, était et reste à condamner.

Cependant, le FN démontre à cette occasion son vrai visage : il défend en réalité les privilégiés, les oligarques, les spéculateurs qu’il dénonce par ailleurs. On s’en rend compte en prenant connaissance des quatre propositions qu’il fait dans son tract :

1.- « La protection intégrale des comptes en banque et de l’épargne, qui ne doivent en aucun cas être ponctionnés ».

Non ! La preuve a été donnée à Chypre, pour ceux qui en doutaient, qu’il est extrêmement facile de taxer les gros patrimoines. Rien n’est plus simple que de prélever un pourcentage sur les gros dépôts, par exemple selon le mode progressif comme le barème de l’impôt sur le revenu. Voilà de l’argent qui pourrait servir à financer les retraites, les services publics, que le FN appelle par ailleurs à défendre. Quelle démagogie ! En se prononçant contre tout prélèvement sur les dépôts bancaires, même s’agissant des dépôts les plus élevés, le FN se fait l’instrument de défense des intérêts des super-riches, des privilégiés, des spéculateurs. On pourrait se dire que ce serait plus simple de passer par l’impôt sur le revenu. Non, justement, car la fraude fiscale consiste précisément à dissimuler ses revenus au fisc. Mais l’argent dissimulé doit « travailler », c’est-à-dire porter intérêt. Pour y parvenir, il doit être placé dans des banques. C’est là que la puissance publique peut opérer des prélèvements !

2.- « La dissolution progressive et organisée de l’euro pour une sortie de crise par le haut ».

Quelle plaisanterie ! Il faudrait pour y parvenir que les oligarques européens se mettent d’accord pour liquider l’euro. À 27 ! Autant dire que la proposition du FN, là encore, de vouloir transformer l’Union européenne de l’intérieur, est parfaitement démagogique. Elle montre bien la duplicité du FN sur cette question. Marine Le Pen, en vérité, ne veut sortir ni de l’euro ni de l’Union européenne.

3.- « En conséquence, les cures d’austérité ne seront plus nécessaires, ce qui sauvera le pouvoir d’achat, l’emploi et les retraites ».

Quelle langue de bois ! Certes, l’euro est une arme de destruction massive de l’emploi et des salaires. Mais l’austérité n’est pas seulement liée à l’euro. Elle est liée aux politiques néolibérales en général. En Grande-Bretagne par exemple, il n’y a pas l’euro, mais il y a l’austérité. Il faut donc lutter pour la sortie de l’euro de manière unilatérale, et lutter contre toute politique d’austérité après en être sorti.

4.- « La dépense publique doit être maîtrisée et rigoureuse ».

On croirait lire du Sarkozy ou du Hollande ! Bien sûr qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec la dépense publique. Mais est-ce le problème ? Est-ce que la dépense publique - c’est-à-dire les dépenses sociales - sont trop élevées aujourd’hui ? Évidemment non, puisque nous sommes, précisément, dans l’austérité. Et c’est grâce à la dépense publique qu’on finance la protection sociale et les services publics. Moins de dépenses publiques signifie moins de protection sociale et moins de services publics. En s’attaquant à la dépense publique, le FN s’attaque à la protection sociale et aux services publics. Il ferait mieux de s’occuper des recettes publiques et de s’attaquer aux profiteurs, fraudeurs, spéculateurs, qui ne sont pas les immigrés, mais les hyper-riches de l’oligarchie dont beaucoup de dirigeants du FN font partie, la famille Le Pen en premier lieu.

Bref, ce tract confirme que le FN est un instrument au service du système oligarchique. Rappelons que lors du mouvement contre la réforme de 2010 sur les retraites, Marine Le Pen affirmait que « Les syndicats jettent la France dans le chaos... La tolérance zéro doit s’appliquer à tous ces émeutiers ». De façon générale sur la question sociale, le FN s’est toujours aligné sur les positions du grand patronat : soutien aux « allégements » de cotisations sociales patronales, suppression de l’âge légal pour le départ à la retraite, renvoi de la prise en compte de la pénibilité aux négociations branche par branche, etc. L’incompétence totale du FN s’est révélée lors de sa gestion calamiteuse des municipalités qu’il a dirigées (Toulon, Orange, Marignane, Vitrolles). Ses affinités vont à ce qu’il y a de pire en Europe sur le plan idéologique et démocratique : FPO autrichien de Haider, parti flamand Vlaams belang, Ligue du Nord en Italie, Jobbik en Hongrie… http://www.m-pep.org/spip.php?article3312

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