"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

dimanche 16 juin 2013

Le député Lassalle lance un cri d’alarme sur la perte de confiance des Français

Jean Lassalle le 10 avril 2013 à Loon-Plage
Jean Lassalle le 10 avril 2013 à Loon-Plage (Photo Denis Charlet. AFP)
Par AFP
Après deux mois de marche sur les routes de France à la rencontre des habitants, le député MoDem Jean Lassalle lance un cri d’alarme sur la rupture de la confiance entre les Français et les hommes politiques.
«Neuf personnes sur dix me disent: ça va péter. Et encore, j’ai du mal à trouver la dixième. On nous déteste, nous les politiques, on n’a plus confiance en nous. Alors, tout y passe: les affaires, le mariage gay... l’actualité. Mais l’on sent que le rejet est plus profond, c’est un rejet total», assure à l’AFP l’élu béarnais.
«Je ne suis pas un oiseau tombé du nid. Depuis 1977 j’ai occupé tous les mandats locaux que l’on peut avoir, dit-il, et pourtant, je me rend compte que la réalité de notre pays est pire que ce que j’avais imaginé».
Depuis deux mois, le député arpente à pied les routes à l’écoute des Français. Venu de la région de Verdun, après 1.300 kilomètres de marche, il est revenu vendredi à Paris pour quatre jours afin de rendre compte des paroles des Français qu’il a croisés. «Plus d’une centaine chaque jour».
Après les législatives et l’élimination de son ami François Bayrou, Jean Lassalle,l’un des deux derniers députés MoDem, a senti «s’accroître le décalage entre le peuple et ses représentants». «La réalité est difficile à percevoir depuis les bancs de l’Assemblée et même dans ma circonscription où dans les discussions avec les proches», constate-t-il.
Alors, en costume cravate, béret sur la tête et sac à dos, il est parti à la rencontre de cette France qui lui échappait et lui donner la parole.
«Résignation»
«Les gens que je rencontre, c’est Monsieur tout le monde. Et, à ma grande surprise, ils ne sont pas étonnés par ma démarche, assure-t-il, c’est comme si, ils me disaient: on pensait bien qu’il y en aurait un, un jour, qui viendrait nous voir en dehors des campagnes électorales».
«Une phrase revient tous les jours. Ne déformez pas ce que nous vous avons dit, dites-leur qu’on n’en peut plus, que la cocotte minute va exploser, qu’on n’a plus aucune confiance en vous, les politiques», résume l’élu de sa voix rocailleuse. «Seuls les maires sont épargnés parce qu’on les connaît et qu’on peut les engueuler tous les jours», ajoute-t-il.
«Autre rejet que je n’avais pas identifié à ce point: l’Europe», souligne l’élu. «On n’a pas cru le peuple assez compétent pour construire ce grand projet qui n’était pas de leur niveau. Le non au référendum sur la constitution que Sarkozy a fait ensuite adopté par le parlement a été vécu comme une trahison», poursuit-il.«Et puis, ces questions récurrentes, comment a-t-on pu laisser tomber notre agriculture, notre industrie sans que personne ne s’y oppose?», ajoute Jean Lassalle en évoquant «un sentiment d’abandon et de colère».
«Dans le monde rural, habitué aux grandes manifestations, au dialogue fort, on sent aujourd’hui de la résignation (...) Même chose dans l’industrie où le seul objectif, c’est d’essayer de négocier au mieux la prime la plus élevée du plan social».
«Par dessus tout cela, il y a la question de l’identité. On ne sait plus si on est Lorrain, Français, Européen, Mondiaux. On n’a plus idée de qui on est et de qui nous dirige. Vous parlez du peuple M. le Député, mais de quel peuple? On n’est qu’un troupeau de gens éparpillés aux quatre vents», rapporte l’élu.
«Je crois qu’on n’a pas tout examiné pour s’en sortir. Exprimez-vous!», encourage-t-il en donnant l’adresse de son site (www.ledeputequimarche.fr) où il a initié des «Cahiers de l’espoir» pour collecter les attentes et revendications, sur le modèle des cahiers de doléances de l’ancien régime.

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