"La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l'exactitude de l'information. Si le citoyen n'est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire." Jean-François Revel - Extrait d'un Entretien avec Pierre Assouline - Novembre 1988

dimanche 16 juin 2013

Privatiser la sécurité sociale ne sauvera pas la France des foudres de l'Europe

Martial Olivier-Koehret, médecin généraliste, président de l'association Soins Coordonnés

Les récentes injonctions de la Commission européenne à la France viennent rappeler l'extrême tension qui pèse sur nos finances publiques.

Dans un contexte de déficit public grandissant, le poids des dépenses de santé interroge. Or, les déremboursements et minorations de prise en charge ont représenté l'essentiel des mesures prises. Loin d'atteindre leurs objectifs, elles ont induit une désorganisation de l'accès aux soins en médecine de ville, une explosion des dépenses hospitalières et la dégradation des indicateurs de santé.

Surtout, on observe dans le même temps, une nouvelle politique de substitution de l'assureur obligatoire par des assureurs privés. Offensive des réseaux mutualistes, conventionnement individuel des professionnels de santé, choix imposé des contrats santé des salariés, etc., les initiatives se multiplient pour remplacer la sécurité sociale par des assureurs mutualistes ou privés.

Pour les responsables politiques français, l'effet d'aubaine est majeur : le transfert des cotisations obligatoires de santé vers des cotisations complémentaires pourrait laisser croire que les dépenses obligatoires de la France tendent à baisser.

Appelons un chat un chat : c'est le début de la privatisation de la Sécurité sociale. Elle abusera d'autant moins la Commission européenne que les cotisations des assurances complémentaires santé finiront par être requalifiées en dépenses obligatoires en pesant à nouveau sur le déficit public.

Indépendamment de la découverte du pot aux roses, privatiser la Sécurité sociale est plus qu'une mauvaise idée : les coûts de gestion et les réserves financières obligatoires des assureurs complémentaires induisent de payer ses soins a minima 20% plus chers que s'ils avaient été pris en charge par la Sécurité sociale.

En outre, le temps viendra vite où les professionnels de santé seront limités dans leurs possibilités de soins par les complémentaires elles-mêmes qui les contraindront selon les garanties contractuelles et le profil de chaque patient.

Au final, non seulement les malades paieront leurs soins plus chers, mais ils perdront l'égalité d'accès aux traitements, les spécificités des contrats prenant le pas sur les principes d'universalité. De plus, l'activité de médecine de ville finira par être transférée vers l'hôpital mieux remboursé et les dépenses de santé continueront donc à se dégrader.

Privatiser la Sécurité sociale ne fera que peser sur la dégradation des comptes publics. CQFD.

Si on y rajoute les surcoûts et la rupture d'égalité de soins pour les malades, la perte d'indépendance pour les professionnels de santé, la voie de la réduction de l'accès aux soins de ville s'avère une mauvaise opération à moyen terme.

Pour ce qui est des alternatives, l'organisation des soins dans une logique de bon usage d'égalité et d'efficience revient sur le devant de la scène...
 
http://www.huffingtonpost.fr/martial-olivierkoehret/finances-publiques-securite-sociale_b_3441779.html?utm_hp_ref=fb&src=sp&comm_ref=false#sb=2679034b=facebook

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire